Kimmer Coppejans: "Au Brésil, j’avais été envahi par l’émotion"
Héros de la qualification belge il y a un an au pays de la samba, Kimmer Coppejans veut repasser les plats ce week-end en Hongrie.
Publié le 06-03-2020 à 09h23
Héros de la qualification belge il y a un an au pays de la samba, Kimmer Coppejans veut repasser les plats ce week-end en Hongrie.
Il y a un peu plus d’un an, en l’absence de David Goffin et Steve Darcis, Kimmer Coppejans, en gagnant ses deux simples, avait été le héros de l’équipe belge de Coupe Davis au Brésil (victoire 1-3). Treize mois plus tard à Debrecen en Hongrie, le scénario de départ est le même avec l’Ostendais comme chef de file suite à la retraite prise par Steve Darcis, alias Monsieur Coupe Davis, et l’absence du numéro 1 belge, David Goffin.
Kimmer Coppejans, dans quel état d’esprit abordez-vous la rencontre en Hongrie ?
"Nous sommes les outsiders. Mais on doit se souvenir de la rencontre au Brésil de l’année dernière. Personne ne pensait qu’on pouvait aller chercher la qualification pour Madrid mais on l’a fait. Je suis confiant dans mon potentiel mais aussi celui de mes équipiers. On peut encore réaliser un exploit."
Au Brésil, il y a un an, vous aviez été le héros de la rencontre en remportant vos deux simples. Cela reste un de vos meilleurs souvenirs ?
"Oui, certainement. J’ai connu un superbe moment. Mais pas seulement moi. Toute l’équipe avait accompli du bon travail. J’étais très heureux de me montrer décisif pour notre équipe, pour mon pays. La Coupe Davis demeure une compétition particulière. On pratique un sport individuel mais les semaines de Coupe Davis, c’est ensemble qu’on peut réaliser quelque chose. On vit dans une autre dynamique que le reste de l’année. On n’est pas seul ou juste avec son entraîneur."
Au Brésil, on vous avait vu en pleurs à la fin du deuxième match, pourquoi ?
"Mon papa était décédé trois mois plus tôt et j’ai été envahi par l’émotion. Il fallait que cela sorte. Quand Johan a parlé à l’équipe après les rencontres, il a évoqué mon papa. Il a dit qu’il aurait été fier de moi."
Quel est le rôle du capitaine de l’équipe, Johan Van Herck ?
"Pendant la saison, il doit bien suivre les joueurs pour voir notre évolution et voir comment on joue. Pendant la semaine de Coupe Davis, il doit bien nous gérer, bien organiser les entraînements pour qu’on arrive dans les meilleures dispositions lors des matchs. Il donne aussi son avis sur notre jeu."
A-t-il une vision différente de celle de ton coach habituel ?
"Oui, cela arrive. C’est pour cela que c’est intéressant aussi. Entendre une opinion différente sur mon jeu, c’est bénéfique. Je peux prendre certains de ses conseils."
Est-ce que vous ressentez une certaine pression car vous êtes le joueur le mieux classé du côté de la Belgique ?
"Oui, un peu. Tout ce que je peux dire c’est que je vais donner mon maximum et j’espère que ce sera suffisant."
Connaissez-vous bien les deux joueurs hongrois, Marton Fucsovics (ATP 84) et Attila Balazs (ATP 76) ?
"Oui, j’ai déjà joué à plusieurs reprises contre eux. Face à Balazs, mon bilan est d’une défaite pour une victoire, décrochée l’an dernier. Fucsovics, je l’ai aussi battu il y a quelques mois en interclubs en Allemagne. Je les connais bien. J’ai même joué une fois avec Marton en double."
Quel est la différence entre des joueurs comme eux classés 70-80 au ranking et vous qui êtes 154e ?
"Sur une saison, ils sont plus consistants et parviennent à sortir quelques très bons résultats. Mais je suis convaincu que sur un match, tout le monde peut battre tout le monde vendredi et samedi."
Comment jugez-vous votre début de saison ?
"Mon niveau de jeu est bon. Je suis content de la manière avec laquelle j’ai joué lors des deux premiers mois de la saison. J’ai l’impression de faire des petits pas en avant avec mon jeu. Au niveau des résultats, cela aurait pu être un peu mieux."
Perdre au troisième tour des qualifications de l’Australian Open n’a pas été une déception ?
"Si, quand même. J’avais un tableau assez compliqué mais je bats, en deux sets, lors des deux premiers tours des gars qui sont dans le top 150. Puis je m’incline contre Christopher Eubanks, quelqu’un qui est moins bien classé. Lors de ce match-là, l’Américain a bien joué et moi c’était moyen."
Quels sont vos objectifs cette saison ?
"Je veux d’abord que mon jeu poursuive une évolution positive. Si je peux faire cela, je peux atteindre le top 100 à la fin de la saison."
À 26 ans, on continue de progresser ?
"Oui. Pourtant j’ai connu deux grosses années où je ne progressais plus et où la confiance était partie. C’était une période difficile. Maintenant je joue bien et le reste suit naturellement. Donc je peux encore m’améliorer."
Avec votre potentiel, pensez-vous être à votre place ?
"Non. J’ai le sentiment qu’avec mon niveau, je peux intégrer le top 100 et y rester sur la durée. Et si cela arrive, pourquoi pas me rapprocher du top 50."
Dans les médias, on parle beaucoup des joueurs du top 100. Mais comme joueur, estimez-vous qu’être classé 150e mondial, c’est une réussite ou pas ?
"Cela dépend comment tu analyses cela. Top 150 c’est déjà du haut niveau dans notre sport. Mais tout le monde vise le top 100, car là tu joues tous les grands tournois et les Grands Chelems. C’est pour cela que tu pratiques le tennis et que tu travailles dur."
Quand on est classé entre la 150e et la 200e place au ranking ATP, est-ce qu’on gagne bien sa vie ?
"Il y a quelques années, on gagnait moins bien sa vie quand on atteignait ce classement. Maintenant, les Grands Chelems ont augmenté leurs prize-money, même dans les qualifications. Ce qui fait une assez grosse différence pour les joueurs de mon niveau. Donc on peut mieux gagner sa vie."
Est-ce que cela vous dérange que vos revenus soient affichés sur le site de l’ATP ?
"C’est un peu ennuyant car ce n’est pas vraiment ce qu’on gagne. Ce sont des montants où les taxes ne sont pas encore retirées. Cela ne montre pas non plus tous nos frais : les vols, les entraîneurs, etc. Parfois on dépense plus que ce qu’on gagne. Si tu es dans les 100 premiers, c’est bon. Si tu es plus loin, tu devras encore travailler après ta carrière."
À votre niveau, la programmation du calendrier est aussi très importante, non ?
"Oui, il y a des endroits dans le monde où les tournois challengers sont moins relevés qu’en Europe. C’est important de bien choisir ses compétitions. Parfois, si tu as besoin de points, c’est mieux d’aller un peu plus loin qu’en Europe ou de choisir des tournois sur ta surface de prédilection. Mais il faut faire attention de ne pas courir bêtement après des points en oubliant les périodes de repos. Enfiler les tournois les uns après les autres, c’est un piège."
Vous avez gagné Roland-Garros chez les juniors en 2012. Quand cela arrive, on pense que le plus dur est fait ?
"Pas du tout. Si tu gagnes Roland chez les juniors, c’est superbe mais cela ne veut rien dire sur le vrai circuit. Ma transition des juniors vers les pros s’est bien déroulée puisqu’en trois ans, je suis monté vers le top 100. C’est après que j’ai connu une décompression. Mon niveau n’était pas assez stable pour rester là. Quand je suis tombé dans le ranking, j’ai commencé à douter. C’était la première fois dans ma vie que je ne progressais pas. J’étais retombé plus loin que la 300e place mondiale. Si je suis reparti de l’avant, c’est grâce au travail effectué avec mes coachs, Mike Lynch et Carl Maes, et mon frère, Olivier, qui est mon préparateur physique. Dans des cas comme celui-là, l’important est de retrouver du plaisir et de la confiance. Mais aussi d’être bien entouré. C’était le cas chez moi avec ma famille et celle de ma compagne."
Vous avez participé la saison dernière à la phase finale de la Coupe Davis et cette année à l’ATP Cup, avez-vous préféré une des deux compétitions ?
"Le format est plus ou moins le même. Mais j’ai trouvé l’ATP Cup plus chouette parce que les joueurs qui ne jouent pas sont sur un banc sur le terrain tout près de leur équipier qui dispute son match. Cela donne un plus grand feeling au niveau de l’équipe. La date de l’ATP Cup, en janvier, au début de la saison et en Australie, cela tombe bien. C’est une bonne préparation. La phase finale de la Coupe Davis à Madrid, cela arrive tard dans la saison. Il y a beaucoup de joueurs qui sont déjà en vacances. C’est pour toutes ces raisons que je trouve que l’ATP Cup est plus intéressante."
Est-ce que vous trouvez que les deux doivent encore coexister ?
"Non. Dans un monde idéal, il faudrait organiser une seule compétition et de préférence en janvier."
"Je peux comprendre la décision de David Goffin, je l’ai fait aussi"
Après un début de saison moins rose qu’espéré, David Goffin a décidé de décliner sa sélection pour cette rencontre en Hongrie afin de se ressourcer puis de préparer dans les meilleures conditions la suite de sa saison. Une décision qui ne choque par Kimmer Coppejans. "Je peux le comprendre car je l’ai aussi fait dans le passé en préférant disputer deux tournois que de venir en Coupe Davis. Ce n’est pas un choix facile, il faut le savoir. D’un côté tu veux jouer pour ton pays et de l’autre tu dois aussi penser à ta carrière. Quand j’ai refusé ma sélection contre la Hongrie il y a deux ans, je traversais une période compliquée. Et sur le moment, je pensais qu’il était plus important de retrouver des sensations en tournois." Sans David Goffin, les chances de qualification de la Belgique sont plus réduites ? "On doit vraiment y croire, mais c’est difficile de donner un pourcentage. Je pense quand même que c’est du 50-50."
"Je me suis entraîné avec Clijsters, ses coups sont toujours bien là"
Comme tout le monde en Belgique et même dans le monde entier, Kimmer Coppejans suit d’un œil attentif le retour de Kim Clijsters à la compétition. Logique puisque l’Ostendais de naissance s’entraîne régulièrement à Bree dans le fief de Kim quand il est en Belgique et que l’un de ses entraîneurs est Carl Maes. "J’étais étonné de son retour. C’est quelque chose de très bien pour le tennis belge car il y a beaucoup de publicité autour de Kim mais aussi autour du tennis. Je suis convaincu que Kim peut encore avoir un très bon classement et gagner des tournois. Mais il faudra que son corps le lui permette. Je me suis entraîné avec elle la semaine dernière et je peux vous dire que ses coups sont toujours là. Cela semble facile pour elle de taper dans la balle. Je pense qu’elle est revenue sur le circuit pour se faire plaisir mais je suis convaincu qu’elle veut aussi montrer ce qu’elle a encore en elle."