Elise Mertens prend son mal en patience malgré le confinement: "Je tape sur un mur, comme quand j’avais huit ans"
C’est dans la maison familiale avec ses parents et ses chiens qu’Elise Mertens a trouvé refuge pour vivre le confinement.
Publié le 24-03-2020 à 12h29 - Mis à jour le 29-03-2020 à 11h53
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C’est dans la maison familiale avec ses parents et ses chiens qu’Elise Mertens a trouvé refuge pour vivre le confinement. Comme tous les sportifs de haut niveau, la meilleure joueuse belge du circuit WTA, Elise Mertens, 23e mondiale, prend son mal en patience. Au chômage technique et bloquée chez elle, la victorieuse de l’US Open 2019 en double aborde sereinement cette période de confinement. Ce qui lui permet de profiter des siens et de… ses chiens.
Elise Mertens, comment vivez-vous le confinement ?
"Pour le moment, ce n’est pas trop difficile car je travaille pour me sentir bien tout le restant de l’année. J’ai le matériel à la maison pour faire du fitness et j’ai un petit programme que je suis. C’est vrai que je ne sais pas jouer au tennis pour le moment mais la santé de tout le monde est plus importante que ma situation personnelle. On doit s’adapter et actuellement il faut vivre comme cela. On ne doit pas se plaindre."
Et où habitez-vous, vous êtes seule à la maison ?
"Je suis chez mes parents donc c’est plus facile. Je ne suis pas toute seule, il y a papa, maman, mes chiens et mes animaux. Mes chiens sont contents de me voir aussi longtemps (rires) . Comme tous les sportifs de haut niveau, on connaît une nouvelle vie. On s’entraîne dans des conditions différentes et on ne sait pas combien de temps cela va durer. Le premier tournoi prévu est Rosmalen (NdlR : tournoi sur herbe du 8 au 14 juin) même si on n’est pas certain à 100 %."
Que faites-vous pour garder la forme ?
"Je fais entre deux et trois heures de physique par jour. Je partage mon temps entre du fitness, du jogging et du travail d’explosivité. Je sais ce que je dois faire pour me maintenir en forme. C’est différent de d’habitude puisque je travaille dans mon jardin. C’est comme cela, on ne sait rien y faire."
Êtes-vous déjà en manque de tennis ?
"Oui, oui cela me manque. J’ai un mur à la maison sur lequel j’envoie des balles. J’ai l’impression d’avoir fait un saut dans le temps et de me retrouver à l’âge de huit ans où je passais des heures à taper contre ce mur. Cela me permet de rester un peu en mouvement et de jouer avec la raquette."
Avez-vous déjà cherché des solutions pour plus tard quand vous pourrez reprendre les entraînements ?
"Ici je vais travailler pendant deux semaines physiquement puis je vais voir pour trouver un endroit pour taper. Mais je ne sais pas encore où et comment. Je dois voir cela avec mon entraîneur physique et mon coach, Robbe Ceyssens. J’espère trouver un court de tennis. Peut-être que comme sportive de haut niveau, je vais pouvoir m’entraîner dans le centre de Tennis Vlaanderen. Mais c’est à une heure, une heure et quart de voiture de la maison. Ce n’est pas à côté de chez moi mais si c’est la seule solution, c’est mieux que rien."
Comme vous avez plus de temps libre, que faites-vous pour vous occuper ?
"Entre mes entraînements et le repos, je nettoie tout dans la maison (rires) . Je trie et je range aussi mes vêtements."
Qu’est-ce qui est le plus difficile actuellement ?
"Mentalement il faut accepter la situation. Si je prends mon cas, je pense que la dernière fois où je suis restée pendant trois mois à la maison j’avais huit ans. Depuis, j’ai beaucoup voyagé pour mon sport et ensuite ma carrière."
Comment avez-vous vécu la première annulation de tournoi à Indian Wells ?
"J’ai été surprise parce qu’à ce moment-là l’épidémie n’était pas encore développée comme maintenant. On a appris le dimanche soir que le tournoi qui commençait le mercredi était annulé. Comme on ne savait pas si Miami allait prendre la même décision, on est resté encore trois jours sur place mais l’ambiance générale était assez morose. Quand on a senti que Miami allait aussi passer à la trappe, on est rentré en Belgique, car Donald Trump parlait déjà de fermer les frontières."
Dans de telles circonstances, quelle instance vous informe ?
"On reçoit une ou deux fois par jour des e-mails de la WTA. Et si on a des questions, on peut les poser."
Ensuite il y a encore eu des annulations de tournois puis le report de Roland-Garros. Avez-vous été étonnée de voir le Grand Chelem français ainsi déplacé ?
"C’était encore une grosse surprise pour les joueurs et les joueuses. On ne savait pas que les organisateurs allaient poser ce choix. Mais je pense que l’ATP et la WTA, aussi, n’étaient pas au courant. La communication entre eux n’était pas top, je pense. Mais si Roland-Garros se joue en septembre, c’est quand même bien. Ne pas jouer un des Grands Chelems, ce serait vraiment dommage."
Si le programme ne change plus, il va y avoir Wimbledon, les Jeux olympiques, l’US Open et Roland-Garros dans un laps de temps très proche, cela va être chaud à gérer ?
"C’est surtout le passage entre l’US Open et Roland où il n’y a qu’une semaine qui sera compliqué. La transition entre le dur et la terre battue n’est déjà pas simple d’habitude. On devra tous s’adapter. Mais je ne me préoccupe pas encore de cela. Il faut voir les choses positivement. En ce qui concerne le calendrier, sur une saison on dispute 25 tournois. Nous sommes donc prêts physiquement à enchaîner. Il faudra quand même faire attention aux blessures si on est chaque semaine engagé quelque part."
Cet été, il y a théoriquement les Jeux olympiques. Cela représente quoi pour toi ?
"C’est un événement spécial et ce serait une première dans ma carrière. Et puis j’aime jouer pour mon pays comme lors des rencontres de Fed Cup. Les Jeux olympiques, cela reste quelque chose de magique pour chaque athlète. Je me souviens de la victoire de Justine Henin en 2004 à Athènes. Mais malheureusement je ne sais pas si on va les disputer cette année, les JO."
Et si les JO restent au programme, vous voulez y défendre votre chance en simple mais aussi en double ?
"Oui."
Mais avec qui en double ?
"On n’a pas encore discuté de cela. Et comme je pense qu’il n’y a que 10 ou 15 % de chances pour que les Jeux se déroulent cette année, la question pourrait être postposée."
Vu tous les changements dans la saison, quels sont maintenant vos objectifs ?
"Ils ne changent pas beaucoup. Il y a d’abord les Grands Chelems où je veux aller le plus loin possible à chaque fois. J’aimerais réaliser une grande performance dans un de ces grands tournois. Je voudrais aussi décrocher un titre dans les autres compétitions. Mais ce n’est pas facile, car je dispute les meilleurs tournois et la concurrence est très grande."
Étiez-vous contente de votre début de saison ?
"Cela va, c’était pas mal. En Australie, j’ai joué de bons matchs. Après c’était un peu moins bien à Dubaï et Doha avec des éliminations au deuxième tour. Mon tennis n’était pas en place à 100 %."
Il y a quelques semaines vous avez mis sur les réseaux sociaux des vidéos de vous à l’entraînement, pourquoi ?
"Je fais cela parfois pour montrer que le tennis ce n’est pas seulement les matchs que les gens peuvent voir à la télévision. Il y a tout un travail de préparation et je trouve cela intéressant de le montrer. Je pense que les fans apprécient cette initiative."