David Goffin raconté de 30 façons pour ses 30 ans: "Il a pourri mes vacances et ne s’est pas encore fait pardonner" (1/3)
De son frère, Simon, à son ami, Steve Darcis, en passant par Michèle Gurdal, sa première entraîneuse, ils parlent de David Goffin avec tendresse…
Publié le 07-12-2020 à 08h50
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Ce lundi, David Goffin en fêtant ses 30 ans va passer un nouveau cap dans sa vie et sa carrière. Pour l’occasion, vu la période que nous traversons, le Liégeois ne pourra pas organiser une grande fête avec ses amis et ses proches. "Normalement c’est un événement qui se fête et j’aurais bien voulu le passer avec ma famille et mes amis, expliquait le 15e joueur mondial lors de sa dernière interview. Mais à cause des conditions actuelles, cela va être compliqué. On remettra cela à plus tard. J’espère que je ne vais pas faire une crise de la trentaine. Et si je dois en faire une, j’espère qu’elle aboutira sur quelque chose de positif. Au niveau du chiffre, passer dans la trentaine, cela fait un peu bizarre. Je n’ai pas l’impression d’avoir trente ans."
Pour connaître un peu mieux le natif de Rocourt, 30 personnes de son entourage, 30 témoins de son parcours ont évoqué un souvenir ou une petite histoire concernant le meilleur joueur belge de l’histoire du tennis.
1. Simon Goffin, le frère de David: "Nos vacances dans des académies"
"J’étais toujours un peu puni à cause de lui parce qu’on passait nos vacances dans tous les centres d’entraînement ! (Il rit). J’aurais préféré aller à la plage ou au bar. On allait tester les académies : on est allé en Floride, à Tampa et à Saddlebrook, on est aussi allé chez Sergi Bruguera, on en avait aussi visité plusieurs à Barcelone. Mon père entendait par-ci par-là que comme David n’était pas très fort dans les jeunes à la fédération, il n’allait peut-être pas pouvoir rester, alors on cherchait un plan B. Cela m’a pourri mes vacances et il ne s’est pas encore fait pardonner pour ça ! (Il rit) On trouvait quand même un juste milieu, comme en Floride où on allait deux ou trois jours au parc d’attractions à Orlando, et après on se farcissait une semaine ou dix jours d’entraînement. Il fallait que je joue aussi pour que mon père ait deux avis, j’étais un peu le cobaye ! Je me suis quand même bien amusé et c’était comique de faire ça en famille : on en rigole encore aujourd’hui, ça a laissé des souvenirs. Cela a aussi représenté un investissement, et il faut reconnaître ça à nos parents qui ont toujours beaucoup investi dans le développement du tennis de David. On ne roulait pas sur l’or mais on pouvait se permettre un voyage ou deux par an, donc on ne peut pas non plus se plaindre. Ce n’était quand même pas facile pour eux, donc il faut les remercier. Depuis tout petit, David a toujours été heureux une raquette en main. Mais on aurait jamais pensé qu’il allait aller si loin, quand on revoit le petit de garçon de 4 ans à ses débuts. Il faut rendre hommage à nos parents, qui mériteraient d’être cités plus souvent : mon père a toujours dit qu’il n’y avait pas qu’une seule manière d’y arriver et que si c’est ce qu’il voulait vraiment, alors on allait toujours trouver une solution pour continuer à progresser et avancer. Mes parents voulaient absolument qu’il termine ses secondaires, qu’il réussisse d’abord à l’école pour avoir un plan B. Mais on ne lui a jamais mis de limites. Nos parents ont tout mis en place pour qu’il n’y ait pas de regrets mais il n’y avait qu’une obligation de moyens, pas de résultats : David n’a jamais eu la pression du ‘il faut absolument que tu gagnes’. Il fallait juste qu’il fasse ce qu’il pouvait et qu’il le fasse bien pour voir jusqu’où ça pouvait le mener. Après, quand il est arrivé dans le top 10 juniors et que ça avançait vite aussi dans les Futures, on s’est dit qu’il était encore bien plus fort que ce qu’on pensait. C’est pour ça qu’il ne faut pas juger un joueur sans penser à sa marge de progression."
2. Michèle Gurdal, première entraîneuse: "Certains n’ont pas cru en lui"
"Je l’ai entraîné de six à neuf ans à Barchon. C’était un petit garçon très régulier et qui ne disait jamais un mot plus haut qu’un autre. J’ai ensuite suivi toute sa carrière. Je suis fière d’avoir entraîné un garçon comme David. Comme pour Dominique Monami avec qui j’ai aussi travaillé, il y a eu beaucoup de personnes qui ont dit qu’il n’arriverait à rien. Soi-disant que sa timidité était un frein à son évolution. Certains n’ont jamais cru en lui. Quand un enfant a entre six et neuf ans, c’est impossible de dire s’il réalisera une carrière. Mais David, comme Dominique, était doté d’un fort caractère et d’une grande envie de travailler, d’une grande volonté. Ce n’était pas un surdoué mais il a bossé. Et je retrouve cela dans le David actuel quand je le vois sur les courts, il ne bronche pas."
3. Jean-Michel Saive, athlète et dirigeant aux Jeux avec David: "Pas d’autographe de Nadal malgré David"
"Comme David, j’étais à Londres et à Rio lors des deux dernières olympiades. Au Brésil, on a pas mal papoté ensemble. Et je me souviens d’une anecdote qui me fait encore râler. Je rentrais avec lui et Thierry Van Cleemput du restaurant vers le bâtiment qui hébergeait la délégation belge. On a croisé Rafael Nadal et David a un peu discuté avec lui. Mais il faut savoir que je suis fan de l’Espagnol mais je n’ai pas osé demander une photo. J’aurais dû en profiter. Dans la vie quotidienne, David est plus marrant et pince-sans-rire que ce qui transparaît à la télévision ou dans les médias. Mais même quand il fait des blagues ou des bons mots, il garde son calme et son côté zen. David, c’est un vrai gentil."
4. Dick Norman, ancien partenaire: "Pas de Corona pour David"
"Cela a été un honneur pour moi de terminer ma carrière lors d’un match de double avec David en 2013 au tournoi de Rosmalen. Je lui avais demandé s’il voulait jouer avec moi et il avait accepté, c’était sympa de sa part. Il était encore tout jeune, timide et au début de sa carrière. On n’a pas gagné le tournoi et depuis il s’est bien amélioré en simple et en double. C’était un bon souvenir, c’était l’association d’un vieux avec un jeune. Toute ma famille et mes amis étaient présents et on a bu des Corona après le match. Mais pas David car il avait encore un match en simple. On a déjà reparlé de notre association, notre rencontre n’était pas extraordinaire mais symbolique. Depuis, David a bien évolué avec à son palmarès des victoires contre tous les grands du tennis, y compris Nadal, Djokovic et Federer."
5. Olivier Zimmermann, son rôle: "Des photos de mes pieds"
"J’ai entraîné David à deux reprises. Une première fois dans la catégorie des juniors quand il avait dix-huit ans et entre 2009 et 2010 quand il est passé du 650e rang mondial au 250e sur le circuit pro. Quand on voyageait sur les tournois, quand on avait un après-midi de libre, pour se divertir on visitait un peu. Je prenais des photos des endroits visités et quand je demandais à David de prendre un cliché, il faisait semblant de prendre la photo normalement mais il prenait des photos de mes pieds. Cela a toujours été un garçon calme et concentré sur son projet. Ce n’était pas le joueur qui se laissait divertir par des copains ou des soirées. Il a toujours été dans son sujet. Le tennis, c’est sa vie, sa passion."
6. Steve Darcis, ami et partenaire en Coupe Davis: "Chauffeur de salle comme Yannick Noah"
"Un des moments les plus marrants, c’est quand on a gagné la demi-finale de la Coupe Davis contre l’Australie en 2017. On avait retrouvé les supporters après la rencontre et d’habitude je lance les chants avec le traditionnel ‘Aux armes’. Là, David s’est mué en chauffeur de salle en imitant Yannick Noah qui avait mis l’ambiance avec les fans français sur une chanson où il y avait des ‘Ye, Ye, Ye’. C’était très marrant. La vidéo existe encore sur Internet, je pense. David est discret mais ces trucs-là, il aime bien et cela peut surprendre les gens qui ne le connaissent pas bien. Vous savez Daf il n’a pas peur de grand-chose. Il est très carré et très calme mais il est capable de se lâcher quand il a envie. Et c’est très bien."
7. André Stein, président de l’AFT: "Quel calme lors du Masters en 2017"
"J’ai un premier souvenir qui n’est pas joyeux, en 2008 j’ai appris le décès de mon papa quand j’étais à Wimbledon. Je me suis fait rapatrier et j’ai pris l’avion avec David Goffin et son partenaire Alexandre Folie qui venaient d’être éliminés en juniors. Les pauvres étaient tout penauds. Ils sont rentrés de Zaventem à Liège en voiture avec moi mais l’ambiance n’était pas terrible. Le second est plus sympa. Lors du Masters 2017, je suis parti à Londres avec l’oncle de David. L’ATP n’avait rien prévu pour les présidents de fédération. Grâce à l’entourage de David, j’ai été assimilé à la famille et j’ai suivi tout le tournoi jusqu’à sa finale dans leur box. Un sentiment mitigé était présent : la tristesse de la finale perdue contre Dimitrov et la joie du parcours avec des victoires contre Nadal et Federer. On a quand même ouvert des bouteilles de champagne. Pendant tout le tournoi, j’ai trouvé David très tranquille, très posé malgré l’événement."
8. Jacques Leriche, ancien directeur sportif de l’AFT: "Que de discussions le concernant"
"Trouver une anecdote spécifique sur David, ce n’est pas facile car c’était un enfant discret et sobre. Ce qui me vient à l’esprit quand on parle de David, c’est la quantité de discussions vécues entre directeurs sportifs autour de sa personne. On se posait de nombreuses questions car David était vif, doué et rapide mais il manquait de gabarit. Les avis étaient très différents. Il est resté petit longtemps et on lui a fait passer une radio du poignet vers 14-15 ans pour estimer sa future taille adulte qui serait de 1,80 m. Mais on n’a jamais pensé qu’il réussirait une telle carrière. Sa gentillesse et sa politesse ont marqué de nombreux adultes contre qui il jouait à l’époque. On m’en parle encore maintenant. À la maison, j’ai encore une photo de lui en pyjama à côté d’un flipper où il attend calmement son tour pour jouer. Ce n’est pas lui qui allait bousculer un autre enfant pour jouer."
9. Olivier Rochus, ami et ancien partenaire de Coupe Davis: "Quel calme pour sa première"
"Ce qui m’avait marqué chez lui, c’est son calme lors de son premier match en Coupe Davis en 2012. Avant de défier la Grande-Bretagne à Glasgow, on était revenu ensemble de Guadeloupe où il avait remporté un Challenger. Je le trouvais très tranquille alors que moi je n’ai pas dormi avant mon premier match pour la Belgique. Il me disait : ‘Ne t’inquiète pas, je me sens bien.’ On aurait dit qu’il allait jouer un simple quart de finale d’un tableau de Messieurs 1 du club. Son adversaire n’était pas un foudre de guerre, mais quand même. Et à un moment pendant le match, qu’il a remporté sur un triple 6-4, il m’a même fait un clin d’œil comme pour dire je gère."
10. Dieter Calle, cordeur dans l’équipe de Coupe Davis: "Il a arraché mes sourcils"
"Quand je corde les raquettes des joueurs en Coupe Davis, j’écoute toujours de la musique country. Quand David rentre dans la pièce, il râle un petit peu en disant à chaque fois : ‘Tu écoutes encore cette musi que.’ Je ne sais pas ce qu’il voudrait entendre, mais pas de la country, c’est certain. Le David sur les courts montre une poker face avec peu d’émotions mais dans les fêtes après les matchs, il est différent, bien plus relâché. Je me souviens que j’avais fait un pari avec les joueurs lors du match de Coupe Davis contre l’Italie en 2017. Je l’ai perdu et avec du collant double face que j’utilise pour les grips, David et Ruben ont arraché une partie de mes sourcils. Les gens qui sont dans le tennis se rendent compte de la magnifique carrière de David, ceux qui sont en dehors, parfois, sous-estiment ce qu’il réalise depuis des années."