Des vainqueurs de Grand Chelem aux papas poules: qui sont les entraîneurs des joueurs du top mondial
Il n’y a pas de profil type pour entraîner les meilleurs joueurs au monde.
Publié le 11-12-2020 à 14h57
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Lors de la nomination de Germain Gigounon comme coach de David Goffin (ATP 15), on a beaucoup parlé de l’amitié qui unissait les deux hommes mais peu des qualités du Binchois comme entraîneur. Ancien 185e mondial, Germain Gigounon ne débarque pas dans un monde inconnu mais devra y faire ses preuves après deux courtes expériences avec Yanina Wickmayer et Ysaline Bonaventure. Ce qui n’est pas impossible car quand on étudie les noms des entraîneurs des joueurs du top 15, on retrouve d’anciens très grands joueurs mais aussi des personnes au C.V. moins ronflant.
1. Novak Djokovic (Marian Vajda et Goran Ivanisevic)
Le no 1 mondial est fidèle au même entraîneur depuis 2006, la collaboration n’étant interrompue que pendant quelques mois entre 2017 et 2018. De qui s’agit-il ? Du Slovaque Marian Vajda, un ancien joueur qui a remporté deux titres sur le circuit et dont le meilleur classement a été 34e mondial. Le combo Djokovic-Vajda est le plus efficace de l’histoire du tennis puisque le Serbe a remporté 80 de ses 81 titres avec son coach ainsi que ses 17 Grands Chelems. Ce qui fait de Marian Vajda le coach le plus titré dans les Majeurs devant Toni Nadal (16). Au début de leur collaboration, le Serbe occupait le 63e rang mondial. "Avant Roland-Garros 2016, une agence m’a proposé de me rendre à Paris pour voir jouer Djokovic que je ne connaissais pas spécialement. Au départ je ne voulais pas y aller car j’avais assez voyagé dans ma vie. J’ai changé d’avis pour montrer Paris à ma fille Natalia qui avait 11 ans." Avec le recul, on peut dire que le Slovaque a bien fait. Depuis l’été 2019, Novak Djokovic est aussi accompagné par le Croate Goran Ivanisevic, ancien no 2 mondial et vainqueur de Wimbledon en 2001. La relation entre l’ancien roi des aces au caractère sulfureux et le Serbe a toujours été au beau fixe. Le Croate sortant souvent les griffes dans les médias pour défendre son joueur.
2. Rafael Nadal (Carlos Moya et Francisco Roig)
Dans le box de Rafael Nadal, on ne retrouve pas n’importe qui. Depuis 2016, en duo avec Toni Nadal, et depuis 2018 comme coach principal, il y a Carlos Moya pour guider le treize fois vainqueur de Roland-Garros. Ancien adversaire du Majorquin sur les courts, Carlos Moya a été n°1 mondial pendant deux semaines en 1998, l’année où il a remporté son seul tournoi du Grand Chelem, Roland-Garros. Avant cette expérience, Moya, aussi titré en Coupe Davis (2004) avait travaillé avec Milos Raonic. "Je suis arrivé dans sa team après deux saisons plus compliquées en 2015 et 2016 et il n’a pas été perturbé par les changements que je voulais apporter. On a bossé ensemble pour encore l’améliorer. Je savais que Rafa pouvait énormément suer et travailler. Je le connais depuis qu’il a 11 ans. Quand il mettra un terme à sa carrière, ce sera difficile pour moi de retrouver avec un autre joueur le même ressenti." Depuis 2005, il y a aussi dans le staff de Nadal un autre ancien jouer : Francisco Roig qui est monté jusqu’au 60e rang mondial. Le Barcelonais a fait évoluer le jeu du roi de Roland en travaillant sur un tennis plus agressif, tourné vers l’avant.
3. Dominic Thiem (Nicolas Massu)
Souvent montré en gros plan cette saison lors des matchs de Dominic Thiem, l’entraîneur de l’Autrichien affiche aussi un beau palmarès. Le Chilien Nicolas Massu, puisque c’est de lui qu’il s’agit, ne peut pas se vanter d’avoir remporté un Grand Chelem comme Goran Ivanisevic ou Carlos Moya, mais l’ancien 9e mondial a décroché un titre bien plus rare : il a été champion olympique en simple et en double au Jeux olympiques d’Athènes en 2004. Il avait d’ailleurs battu l’actuel coach de Nadal en quart de finale. Présent dans le box du dernier lauréat de l’US Open depuis 2019, Nicolas Massu s’est fixé comme objectif de faire devenir son joueur n°1 mondial.

4. Daniil Medvedev (Gilles Cervara)
Le mentor du récent vainqueur du Masters n’a pas connu une grande carrière de joueur. Avant d’être entraîneur, Gilles Cervera était actif sur le circuit des Futures de 2002 à 2006. Il a aussi joué le rôle de sparring-partner pour des joueurs comme Jo-Wilfried Tsonga, Marat Safin ou Justine Henin. En 2008, le Français décide de se lancer dans le coaching. En 2011, il créera avec Jean-René Lisnard l’Elite Tennis Center à Cannes. C’est dans son académie qu’il rencontre en 2014 le jeune Daniil Medvedev, encore junior à l’époque. Ce n’est qu’à la fin de l’année 2017 que Gilles Cervara devient l’entraîneur attitré du Moscovite qu’il conduira jusqu’à la 4e place mondiale. Son travail avec le Russe avait déjà été récompensé la saison dernière avec un titre de meilleur entraîneur de l’année.
5. Roger Federer (Ivan Ljubicic, Severin Lüthi)
Même quand on détient l’un des plus beaux palmarès du monde et qu’on est en lutte pour le titre de meilleur joueur de l’histoire du tennis, il vous faut un entraîneur. Et depuis 2007, Roger Federer a lié sa destinée à celle de son compatriote Severin Lüthi. Contrairement à Goran Ivanisevic, Carlos Moya ou Nicolas Massu, ce dernier n’a pas fait carrière comme joueur malgré une tentative entre 1993 et 1996. Après quelques années éloignées du tennis, il revient en 2002 dans le milieu comme entraîneur assistant de l’équipe de Coupe Davis suisse dont il deviendra le capitaine trois ans plus tard. En 2017, il devient l’entraîneur principal de Roger Federer. Dans la team du Bâlois, on retrouve aussi un ancien joueur. Pro de 1998 à 2012, le Croate Ivan Ljubicic a remporté la Coupe Davis en 2005 avec son pays, a enlevé le Masters 1000 d’Indian Wells en 2010 et est monté jusqu’à la 3e place au ranking mondial en 2006. Son meilleur résultat en Grand Chelem étant une demi-finale à Roland-Garros en 2006 où il s’inclinera face au plus grand rival de son actuel poulain, Rafael Nadal. On retrouve aussi dans son palmarès, une médaille de bronze en double décrochée aux JO d’Athènes (2004). Retraité des courts depuis 2012, il a coaché Milos Raonic de 2013 à 2015, année où il devient consultant dans la team Federer.
6. Stéfanos Tsitsipas (Apostolos Tsitsipas)
C’est avec lui qu’il a tapé ses premières balles à l’âge de 3 ans et c’est toujours avec lui qu’il voyage sur le circuit. Stéfanos Tsitsipas est suivi comme son ombre sur les tournois par son paternel, Apostolos, qui n’a jamais évolué à un haut niveau mais qui donnait des cours dans un hôtel de luxe. Des leçons aussi données par la maman de Stéfanos, Julia Salnilova, ancien espoir du tennis russe. En plus de son paternel, le vainqueur du Masters 2019 s’appuie sur l’expertise des entraîneurs de l’académie de Patrick Mouratoglou qu’il fréquente régulièrement depuis 2015. "Je pense que mon succès vient de l’académie, expliqua le Grec. Cela m’a aidé à grandir."

7. Alexander Zverev (Alexander Zverev senior, David Ferrer)
Comme d’autres joueurs, Alexander Zverev compte deux entraîneurs dans son staff. Son entraîneur historique qui est son père, Alexander Zverev senior qui a été dans les 200 premiers joueurs mondiaux dans les années 1980, qui a participé à deux Grands Chelems et défendu les couleurs de la Russie en Coupe Davis. "Mon père a fait le joueur que je suis aujourd’hui et il me suivra sur le circuit jusqu’au moment où cela le fatiguera trop." Le joueur allemand a apporté cette saison une arme en plus dans son staff en engageant David Ferrer. Voilà encore un coach avec une très belle carrière de joueur, terminée en 2019. On retrouve au palmarès du Castillan 27 titres ATP, une finale de Grand Chelem à Roland-Garros et au Masters, une 3e place mondiale et trois victoires en Coupe Davis.
8. Andrey Rublev (Fernando Vicente)
Révélation de l’année 2020, Andrey Rublev est fidèle depuis quatre ans au même entraîneur. Lui aussi a choisi de se lier à un mentor espagnol qui a été joueur pro. Il s’agit ici de Fernado Vicente qui a arpenté le circuit de 1996 à 2010 avec à la clé trois succès en simple et une 29e place mondiale en 2000. Le natif de Benicarlo a travaillé avec son compatriote Marcel Granollers avant de s’occuper du Russe, alors bien au-delà du top 100 et qui avait rejoint la 4Slam Tennis Academy à Barcelone. Quand il revient quatre ans en arrière et qu’il parle de Rublev, Fernando Vicente évoque un joueur avec un manque de sens tactique, une mauvaise approche du tennis et un manque de condition physique. Les temps ont bien changé.
9. Diego Schwartzman (Juan Ignacio Chela, Leonardo Olguin)
Entré dans le top 10 et présent au Masters pour la première fois de sa carrière en 2020, Diego Schwartzman travaille avec deux anciens joueurs. Il y a d’un côté Juan Ignacio Chela qui a été 15e mondial et dont les meilleures performances en Grands Chelems sont deux quarts à Roland-Garros et de l’autre Leonardo Olguin, Argentin lui aussi, mais qui a connu une carrière moins retentissante puisqu’il n’est jamais parvenu à franchir le cap du top 150. Tous les deux étaient des spécialistes de la terre battue.

10. Matteo Berrittini (Vincenzo Santopadre, Marco Gulisano, Umberto Rianna)
Certains travaillent avec un coach, certains avec deux entraîneurs, Matteo Berrittini s’appuie, lui, sur un trio où le seul membre du staff à avoir touché au haut niveau sur les courts comme joueur se nomme Vincenzo Santopadre (100e mondial). Marco Gulisano est un ami d’enfance de Marco qui n’a pas réussi dans le monde du tennis et qui est un peu arrivé par hasard dans la team de l’Italien il y a deux ans quand Santopadre ne pouvait pas le suivre sur un tournoi à Gstaad. Umberto Rianna a lui aussi touché à la raquette plus jeune mais s’est vite tourné vers le coaching vu son niveau qui ne pouvait pas lui offrir une carrière pro. Avant de travailler avec Berrittini, il a été pendant de longs mois à l’académie Nick Bollettieri où il a notamment suivi un certain Xavier Malisse.
11. Gaël Monfils (Liam Smith)
Le meilleur joueur français travaille depuis 2019 avec l’entraîneur anglo-américain Liam Smith. Ce dernier n’a pas eu de carrière pro mais est connu pour ses talents de formateur surtout en Australie où il a été entraîneur principal de la fédé. Il a fait émerger des garçons comme Nick Kyrgios, Jordan Thomson et Alex de Minaur. Il impose à son joueur de nombreuses séances vidéos et un travail physique important. "J’ai plus peur de mon coach que de ma meuf" , déclara en début de saison Gaël Monfils.
12. Denis Shapovalov (Tessa Shapovalova, Mikhaïl Youzhny)
Après les papas Tsitsipas et Zverev, c’est du côté de la maman qu’il faut chercher chez Denis Shapovalov quand on parle de son entraîneur. C’est en effet Tessa Shapovalova, ancienne joueuse qui n’a pas fait une grande carrière à la WTA, qui a géré la carrière du Canadien né en Israël. Depuis août 2019, le tombeur de David Goffin au dernier US Open est suivi par Mikhaïl Youzhny, ancien 8e mondial et lauréat de dix tournois sur le circuit ATP.
13. Roberto Bautista Agut (Pepe Vendrell)
Pas de grands titres et pas de passé comme joueur pro. Voilà le curriculum vitae présenté par l’Espagnol Pepe Vendrell qui s’est lancé dans le coaching depuis 2011 et qui collabore avec Roberto Bautista Agut depuis plusieurs années. Ensemble, ils ont décroché neuf titres ATP tout en envoyant l’ancien demi-finaliste de Wimbledon au 9e rang mondial la saison dernière. Une relation efficace.
14. Milos Raonic (Mario Tudor)
Depuis 2019, Milos Raonic collabora avec le Croate Mario Tudor. Ce dernier a été un espoir du tennis yougoslave (600e mondial) mais n’est jamais parvenu à percer. C’est depuis des années un grand ami de Goran Ivanisevic et il était d’ailleurs dans la box de son compatriote quand il a remporté Wimbledon en 2001. Il a aussi joué le rôle de sparring-partner et d’entraîneur pour l’actuel coach de Novak Djokovic.
