Federer n’a pas dit son dernier mot
Roger Federer, forfait, ne disputera pas la quinzaine australienne qui se jouera du 8 au 21 février. Le Suisse reviendra avec quelques missions à accomplir avant de prendre sa retraite.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/eaa846b2-2c2d-4b8e-8066-af3ad033654e.png)
Publié le 28-12-2020 à 19h50
:focal(1301.5x828.5:1311.5x818.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/KCYGTLERSJG7RJHIE5QU67H2OY.jpg)
"Quand il va prendre sa retraite, ce sera une tragédie pour nous tous. Ce qu’il a accompli est énorme. Il faudra respecter sa décision car la vie ne se résume pas qu’au tennis." La double lauréate en Grand Chelem Simona Halep a porté la parole répandue sur le circuit. Personne ne souhaite le départ à la retraite de Roger Federer.
L’annonce de son forfait pour l’Open d’Australie n’est pas de nature rassurante. Le Bâlois, qui fêtera ses 40 ans en août prochain, s’exprime plus volontiers sur la fin de sa carrière que sur ses matchs.
Faut-il dès lors craindre une annonce imminente d’un départ à la retraite ? A-t-il disputé son dernier match le 30 janvier 2020 en demi-finale de l’Open d’Australie ? Probablement pas.
Tout d’abord, le Suisse, par l’intermédiaire de son agent Tony Godsick, a rappelé qu’il bossait sur les courts de Dubaï. La flamme n’est pas éteinte. Opéré du genou à deux reprises en février et en juin, il a retrouvé de meilleures sensations ces deux derniers mois. "Rodgeur" n’est pas du style à monter sur un terrain à 85 % de ses moyens. Il ne vient pas faire de la figuration. Il jouera quand il sera compétitif.
L’année 2017 en exemple
Son âge avancé laisse craindre de sérieuses difficultés à rebondir face aux jeunes loups du circuit. Avec "Fedex", l’âge est une donnée plus relative. En 22 ans de carrière, il n’a jamais maltraité son corps malgré la bagatelle de 1513 matchs disputés. Son jeu est pur et peu énergivore.
Physiquement, il tient encore la route. En 2016, il avait d’ailleurs été secoué par sa fin de saison annoncée en juillet sur le gazon londonien. Du dos en février au genou en juillet, le Bâlois avait découvert à 35 ans les séjours de longue durée à l’infirmerie. Il apprenait à composer avec un corps qui avait été son plus fidèle allié durant 15 ans. Le choc avait été brutal à l’époque. Il avait entraîné une sérieuse remise en question.
"Ce fut une année - 2016 - très difficile. J’ai eu certaines pensées, confiait-il. Est-ce que ça va être la fin ? Mais j’espérais vraiment que cette opération n’allait pas mettre fin à ma carrière. Je pensais que j’aurais une deuxième chance."
Il l’a reçue au-delà de toutes ses espérances. En 2017, il a signé un come-back hallucinant avec un triplé : Australian Open, Indian Wells et Miami. Au passage, il remportait 3 matchs en 5 sets à Melbourne et battait Nadal à 3 reprises.
"Ce fut une grande surprise pour moi. J’ai pu revenir très fort en 2017, non seulement à l’Open d’Australie, mais tout au long de l’année. C’était vraiment cool."
Cette épreuve l’avait rendu plus confiant. "C’était ma première chirurgie, je ne savais pas comment y faire face. À l’hôpital, avant de me faire opérer, j’étais très nerveux et triste à propos de tout cela. J’essayais d’être positif."
Au lieu de se la jouer cool, il a redoublé d’effort afin de revenir. "Je pensais que ce serait plus comme un massage ou du repos, mais c’était un travail difficile."
Fort de ce souvenir de 2016, Roger Federer tentera de revenir en 2021 avec ce même état d’esprit. Le monde autour de lui a changé. Les jeunes ont pris du galon. Les anciens résistent aussi aux affres du temps. Quant à lui, il fonce sur ses 40 ans.
Depuis son premier grand come-back de 2017, le plus grand joueur de tous les temps tourne sur une moyenne de plus de 50 victoires par an. Si on enlève sa saison blanche de 2020, il a remporté 15 titres depuis janvier 2017 alors qu’il avait déjà 36 ans. À l’exception de ses années folles de 2004 à 2007, Fedex affiche des statistiques assez stables. Il a réduit légèrement son nombre de tournois disputés. L’année de ses 36 ans reste la meilleure de ses 13 dernières saisons si on se base sur les titres remportés alors qu’il a joué quelques tournois de moins !

Connors reste à égaler
Le gentleman suisse reste un homme de chiffres. Il connaît la portée de la plupart d’entre eux. Il sait qu’il lui manque encore quelques records qui sont jouables, à commencer par celui détenu par Jimmy Connors.
En 2019, sur sa terre natale, le Bâlois a soulevé son 4e trophée de la saison et a remporté son 103e titre. Il accuse un retard de 6 sacres sur le record absolu de l’Américain. En octobre 1989, Connors remportait à Tel Aviv le 109e et dernier titre professionnel de sa carrière. Un chiffre qui semblait inégalable.
"Le record de Jimmy Connors ? Je n’adapterai pas mon programme pour chasser ce record à tout prix. Je ne continue pas à jouer pour juste battre ce record, expliquait-il au soir de son 103e sacre. La priorité, c’est la famille et comment on est le plus heureux sur le circuit. Mais 98 titres ou 103, ça ne fait aucune différence pour moi. Je suis content de me rapprocher mais les priorités sont ma santé et ce qui me fait vraiment plaisir."
Un autre record le titille. Fed a remporté à ce jour 1242 matchs sur le circuit pro. Il ne lui manque plus que 32 victoires pour rejoindre les 1274 succès de Jimmy Connors.
Parmi tous ces chiffres stratosphériques, il en reste un qui le motive plus que les autres. Ses 20 titres en Grand Chelem ne suffisent pas à son bonheur. Il avait été le premier à féliciter Rafael Nadal qui l’avait rejoint à la 20e marche en Major. Il y a fort à parier que Djokovic et Nadal n’ont pas encore dit leur dernier mot dans ce marathon. Federer non plus. Au passage, il deviendrait le vainqueur le plus âgé en Grand Chelem. L’Australien Ken Rosewall avait 37 ans et 62 jours quand il a remporté l’Open d’Australie en 1972.
En 2021, il vivra un été torride avec l’enchaînement Wimbledon - Jeux olympiques, soit ses deux objectifs majeurs. Mats Wilander croit toujours en un ultime exploit. "Au cours de ces trois ou quatre dernières années, j’avais dit que les Jeux olympiques de Tokyo 2020 allaient marquer la fin de sa carrière sportive. En raison du coronavirus, les Jeux ont été reportés d’un an et je pense que cela a été une très bonne nouvelle pour lui. Je pense que Federer a encore une chance de remporter la médaille d’or sur les prochains J.O. Il peut encore gagner, en deux sets gagnants, face aux meilleurs joueurs de tennis du circuit", a expliqué l’ancien champion.
Vivra-t-il une saison d’adieu ou attend-il un ultime exploit aux Jeux ou en Grand Chelem ? Seule certitude, Federer a décidé que la meilleure décision pour lui était de revenir vers la fin du mois de février.