Les questions sur la saison 2021 de tennis: Federer, Nadal et Djokovic devront apprendre à partager en 2021

Novak Djokovic a été la principale victime du Covid-19. Il a perdu une demi-année au moment même où il dominait largement ses rivaux sur le circuit. Cet arrêt forcé l’a mis en retard sur ses prévisions. En 2021, il devra courir après le temps perdu, que ce soit en Grand Chelem ou dans les autres tournois. Federer a franchi le cap des 1 000 matchs gagnés depuis belle lurette. Le Suisse a remporté 1 242 matchs pros. Rafael Nadal vient de passer ce cap lors du Masters avec 1 004 victoires. Le Serbe, qui a un an de moins que Nadal, a déjà gagné 934 matchs. En 2019, il avait sorti une saison pleine et solide avec 57 victoires, ce qui ne suffit pas pour dépasser la barre des 1 000. Il faut remonter à 2015 pour trouver la trace d’une moisson suffisante. Cette année-là, il avait atomisé la concurrence en signant 82 victoires contre 6 défaites ! Il avait alors 28 ans et était dans la forme de sa vie. À 33 ans, il doit composer avec les affres du temps même si le n°1 mondial est hyper compétitif. Il ne peut juste plus enchaîner autant de tournois.

Roger Federer peut-il encore réaliser un coup d'éclat en Grand Chelem ? Oui !

Il a fait l’impasse sur l’Open d’Australie. Il zappera très certainement Roland-Garros afin de se donner un maximum de chance sur l’enchaînement Wimbledon - Jeux olympiques. Sa plus belle chance de remporter un 21e titre du Grand Chelem, c’est Wimbledon 2021. En 2019, il obtenait encore une balle de match face à Novak Djokovic le miraculé. En 2020, il était blessé, mais le tournoi était annulé. Avec 8 titres, 4 finales, 21 participations et surtout un jeu magnifié par le gazon, le Suisse peut profiter des échanges raccourcis pour tenir la distance sur 5 sets. Tout dépendra de sa forme, de l’absence de blessure et du tirage au sort. Il pourrait avoir une seconde session à New York, mais Federer sera un client plus que redoutable. Il aura alors franchi le cap des 40 ans…

Roger Federer annoncera-t-il son départ à la retraite en 2021 ? Oui !

Son dernier match officiel remonte au 30 janvier 2020 en demi-finale de l’Open d’Australie. Il a subi une double opération au genou. Il a reporté son retour à la compétition à fin février. Il a même évoqué, sur un plateau de télévision, la possibilité de ne plus jamais jouer sur le circuit. Il fêtera ses 40 ans le 8 août. Et pourtant, "Rodgeur" est attendu comme le Messie aux quatre coins de la planète. Le spectre de sa retraite plane et plonge tant de gens dans une détresse profonde. Le Suisse ne sait probablement pas lui-même répondre à cette question. Et s’il faisait le coup de Sampras qui s’était retiré sur un ultime exploit en battant Agassi en finale de l’US Open 2002 ? Voudra-t-il faire durer le plaisir sous forme d’une tournée d’adieux ? Et si les Jeux olympiques, qui se dérouleront juste après Wimbledon, constituaient son bouquet final ? "Je continuerai à jouer au tennis aussi longtemps que mon corps le permettra. Même si c’est juste pour le plaisir", répétait Federer l’été dernier. Il n’est plus motivé par la chasse aux records. Le Suisse devrait annoncer son départ à la retraite durant l’été. Mais, rien n’est moins sûr…

Rafael Nadal a-t-il encore le niveau pour remporter un 14e Roland-Garros ? Oui !

En 2020, il a affronté le pire des Roland-Garros. Tout, absolument tout, s’était ligué contre lui : froid, pluie, température, nouvelles balles, période préparatoire minimale, incertitudes liées au Covid-19, absence de public… Il a fait preuve de résilience pour effacer chaque adversité et avancer dans le tableau sans se plaindre. Il a balayé en finale Novak Djokovic. Sur trois sets gagnants sur terre battue, il faut se lever tôt pour bousculer le gaucher de Manacor. Bien sûr, Djokovic ou Thiem possèdent les armes, mais Nadal part toujours avec une longueur d’avance.

Quel membre du Big Three possédera le plus de titres du Grand Chelem à la fin de l'année ? Rafael Nadal !

Novak Djokovic accuse un trop grand retard sur ses deux rivaux. Avec 17 sacres, il aurait besoin de remporter l’Australian Open, Wimbledon et l’US Open en espérant que Nadal ne remporte pas son Roland-Garros. Presque impossible. Si Roger Federer risque de rester définitivement bloqué à 20 Majors, Rafael Nadal a de bonnes chances de soulever son 14e titre à Roland-Garros avec un total de 21 titres, ce qui en fera, dès 2021, le recordman absolu. Djokovic ne devrait pas l’inquiéter cette année, mais, d’ici trois ans, il n’est pas impossible que ce prestigieux record se joue entre le Serbe et l’Espagnol. Federer se consolera avec ses 26 grands titres (20 Majors et 6 Masters). Il devance toujours Djokovic (17 Majors et 5 Masters) et Nadal (20 Majors et 1 JO).

Le Big Three aura aussi la délicate mission de résister à quelques sérieux clients comme Thiem, Medvedev, Tsitsipas ou encore Zverev.

Quel rookie percera-t-il ? Lorenzo Musetti !

Ces dernières années ont été riches en éclosions. La NextGen (Tsitsipas, Zverev et Medvedev) a déjà trouvé la nouvelle NextGen (Shapovalov, Auger-Aliassime, Sinner, Humbert). Derrière, il y a déjà des petites pépites. L’Italien de 18 ans Lorenzo Musetti n’est qu’à la 128e place, mais son bond en 2020, son niveau de jeu et ses premiers résultats méritent toute l’attention. Le Brésil suit de près Thiago Seyboth Wild qui est 116e à l’ATP. À 20 ans, il a déjà remporté un titre ATP. L’Espagnol Carlos Alcaraz (ATP 141) a déjà remporté trois Challengers avant ses 18 ans ! Il reste sur 10 victoires lors de ses 11 derniers matchs de 2020. Même Nadal l’a complimenté. Son coach Juan Carlos Ferrero peut le guider. Sébastian Korda, fils de Petr, et Hugo Gaston ont réalisé de gros coups à Roland-Garros, mais il leur faut confirmer sur la durée. La France rêve d’autant plus de voir en Humbert et Gaston les stars de demain que les Tsonga, Gasquet, Simon et Monfils sont au crépuscule de leur gloire.

David Goffin finira-t-il l'année dans le top 15 ? Oui !

David Goffin ne doit son classement actuel qu’aux modifications du règlement à la suite du Covid-19. Son jeu de 2020 ne valait pas cette 16e place. Le Liégeois en a conscience. Il a changé de coach et de dynamique afin de rebondir au plus vite. À 30 ans, il possède encore quelques belles années devant lui. Le géomètre n’a pas perdu l’œil à Rotterdam. Le talent est toujours là. Le travail aussi. Il a accusé le coup mentalement. Son meilleur ami Germain Gigounon aura pour tâche de dédramatiser le contexte afin de rendre son jeu aérien comme en fin de saison 2017. Il lui suffit d’un bon tournoi pour remettre tout son jeu à l’endroit.

Quel joueur en dehors du Big Three est-il le mieux armé pour remporter un Major ? Dominic Thiem !

Des 4 levées du Grand-Chelem, New York est souvent le lieu des surprises à cause, notamment, de sa place dans le calendrier. Parmi les joueurs en activité, ils ne sont qu’une poignée à avoir l’expérience d’un titre en Major. À Melbourne et à Paris, Wawrinka avait réussi cet exploit en 2014 et en 2015, mais il est sur le déclin. À Wimbledon, il faut remonter à 2016 et au titre de Murray. L’Écossais n’est plus que le fantôme du champion qu’il était. Il reste New York qui a souri à Thiem, Wawrinka, Cilic, Murray et Del Potro. Sur les 67 dernières levées du Grand Chelem, 56 ont été remportées par le Big Three. En 2020, Dominic Thiem a présenté un package global très complet pour réussir cette performance. Seul hic, son jardin de prédilection est le même que celui de Rafael Nadal. L’Autrichien de 27 ans a réussi son pari new-yorkais en 2020. On citera aussi des gars moins expérimentés comme Medvedev, Tsitsipas et Zverev. Ils ne sont pas loin du Graal. Ils ont tous les trois remporté le Masters, ce qui en dit long sur leur capacité à gérer une grande finale. Rublev est un peu trop tendre encore tout comme un Sinner, un Berrettini ou un Shapovalov.

La Belgique remportera-t-elle une médaille aux Jeux olympiques de Tokyo ? Oui !

Les JO et le tennis ont vécu deux histoires intenses avec la médaille d’or de Justine Henin à Athènes en 2004 et la médaille de bronze de Callens et Monami à Sydney en 2000. La délégation belge 2021 sera assez qualitative avec David Goffin, Elise Mertens, voire Alison Van Uytvanck, Sander Gillé, Joran Vliegen ou encore Kim Clijsters. En simple messieurs ou dames, les Belges possèdent toujours un espoir, mais il est très mince pour Goffin et compliqué pour Mertens. En double messieurs, Vliegen-Gillé n’auront rien à perdre. Il reste le double mixte avec une association Goffin-Mertens qui aura une certaine classe ou alors un double Mertens-Van Uytvanck.

Novak Djokovic peut-il remporter l'Australian Open et Wimbledon ? Oui !

Le Serbe sera même le grandissime favori pour ces deux titres majeurs. Il connaît l’autoroute qui mène aux succès du 2e dimanche. À Melbourne, il est tenant d’un titre qu’il a déjà pris dans ses bras à 8 reprises. À Londres, il a été sacré à 5 reprises. Le numéro un mondial est clairement le joueur au profil le plus complet. Sa disqualification à New York est un lointain souvenir qui atteste qu’il est probablement son pire ennemi. Il devra aussi composer avec la menace sanitaire. Il a remporté les deux dernières éditions des deux Majors. Il est sans conteste le joueur le plus performant des 10 dernières années. Ses duels face à Federer et Nadal tournent à son avantage. Sa collection de titres aussi. À 33 ans, il dispose de quelques années pour effacer encore quelques records prestigieux. Son corps ne l’a presque jamais trahi. Nole est épargné par les blessures. Les feux sont verts. La voie est ouverte.

Serena Williams rejoindra-t-elle enfin Margaret Court ? Non !

Plus d’un tiers des filles du top 100 n’étaient pas nées quand Serena Williams a reçu son premier classement WTA. Vingt-cinq ans plus tard, celle qu’on connaît par son simple prénom est toujours debout sur un terrain. La gamine est devenue une légende qui a amassé 23 titres du Grand Chelem. Elle a traversé avec réussite plusieurs générations. Sa grossesse n’a pas affaibli son tempérament de championne hors norme. L’Américaine n’a plus soulevé le Graal depuis janvier 2017. Depuis, elle a disputé et perdu 4 finales. Si elle n’a plus rien à prouver, elle rêve de cet ultime record mais ses émotions lui ont joué des tours. L’Open d’Australie et Wimbledon seront ses deux meilleures chances de rejoindre les 24 sacres de Margaret Court. Face à elle, elle doit composer avec des filles qui font enfin preuve de constance. Barty, Halep, Osaka et tant d’autres ont les armes pour bousculer la sœur de Venus.

"Si vous comparez la Serena de 1999 à celle d’aujourd’hui, il n’y a pas beaucoup de différence : son jeu ne s’est pas développé au point de changer, de devenir plus varié ou quoi que ce soit", expliquait dans Le Parisien l’été dernier le coach Sascha Bajin, qui a été son sparring-partner de 2008 à 2015. "Ce qui m’impressionne le plus, c’est qu’elle ait réussi à maintenir ce niveau tout au long de ces vingt années. Depuis vingt ans, elle est à fond chaque jour !" Autour d’elle, le monde a évolué. Si l’ADN de son jeu est intact, il n’en est pas de même pour son endurance.

Naomi Osaka remportera-t-elle un titre du Grand Chelem pour la 4e saison de rang ? Oui !

Si le circuit féminin reste très imprévisible vu le nombre de candidates pour les grands titres, il n’en reste pas moins que Naomi Osaka appartient aux valeurs sûres. Elle a été une victime de l’arrêt de 2020 car elle était prête à vivre de grands matchs. Elle possède la force physique et mentale pour atteindre et surtout rester au sommet. Elle a encore besoin de répéter les grandes performances de manière plus rapprochée. Sa personnalité - elle n’avait pas hésité à prendre position sur des questions de société comme Black Lives Matter - l’aideront à gommer ses petites imperfections. Melbourne et New York sont ses plus belles chances de sacre en Major. Elle affectionne le jeu rapide. D’ailleurs, depuis trois ans, elle a pris l’habitude de remporter un Chelem : Australian Open en 2019, US Open en 2018 et 2020. Elle réussira en 2021 à signer la passe de 4.

Elle a tout d’une grande championne. Naomi Osaka est aussi une femme de conviction qui est fière de ses origines.

Elise Mertens a-t-elle les armes pour remporter un Grand Chelem ? Oui !

En tout cas, on a envie de le croire. La performance ressemblerait plus à un exploit, mais un exploit qui appartient au domaine du possible. Thierry Van Cleemput nous confiait que les belles performances et le classement sont des affaires circonstancielles. Il en va de même pour Elise Mertens. À 25 ans, elle a toujours brillé par sa constance. Le puzzle s’était bien mis lors de l’Open d’Australie 2018 lorsqu’elle avait atteint les demi-finales. Elle n’était pas attendue. Elle a profité des circonstances. À l’époque, l’exploit était considérable. Après 15 participations en Major, la native de Hamont-Achel a engrangé beaucoup d’expériences. En simple comme en double. Son corps est solide. Son jeu est complet. Elle manque un peu de puissance. Sur le circuit féminin actuel, la concurrence est rude, mais la porte est toujours ouverte pour une nouvelle lauréate en Grand-Chelem. Mertens pourrait être celle-là. Rien ne semble la perturber outre mesure. En 2020, la pandémie a affecté son calendrier, mais pas son niveau de jeu. "J’ai disputé beaucoup de matchs et parmi ceux-ci, des bons matchs. Donc, au final, on peut dire que c’était une bonne saison. J’ai joué des finales de tournois et un quart de finale de Grand Chelem à l’US Open. Je ne suis pas parvenue à décrocher un titre en 2020 mais je suis contente de mon niveau." L’année 2021 sera du même acabit. Si elle veut cette petite étincelle en plus, elle devra performer lors des levées du Grand Chelem. À 25 ans, elle arrive dans ses plus belles années.

La Belgique découvrira-t-elle une nouvelle star ? Non !

Les présences de David Goffin et d’Elise Mertens, sans oublier Alison Van Uytvanck, Kirsten Flipkens et Greet Minnen, donnent une image très internationale du tennis belge. Derrière cette magnifique génération, se cache un grand vide. Personne ne frappe à la porte si ce n’est la jeune Sofia Costoulas. La protégée de l’académie Henin a été entourée par de solides pointures comme Henin ou Van Cleemput. Elle est déjà mature pour son jeune âge (15 ans). Il ne faut pas la brûler trop vite, mais l’adolescente est pressée d’apprendre. Du côté néerlandophone, c’est l’accalmie. On se rassurera en rappelant que David Goffin n’avait rien d’une star en devenir.

Kim Clijsters remportera-t-elle plus de 10 matchs en 2021 ? Non !

Kim Clijsters n’a pas été aidée par la pandémie. Sa troisième carrière sur le circuit est et reste un échec. Si elle a montré une détermination, du courage et beaucoup d’envie, il n’en reste pas moins qu’elle n’a pas encore remporté un seul match. Elle s’est alignée à 3 tournois en 2020. Bilan ? 3 défaites au premier tour. Le tirage au sort ne l’a pas aidée : Muguruza (WTA 15) à Dubaï, Johanna Konta (WTA 16) à Monterrey et Ekaterina Alexandrova (WTA 29) à l’US Open. Le confinement a calmé ses ardeurs. Si elle a joué des exhibitions américaines (World Tour Tennis), elle a surtout été blessée aux abdominaux. Elle a préféré se retirer discrètement jusqu’à la fin de la saison. Son retour était annoncé en Australie. À nouveau, elle a postposé son come-back. Si elle continue à s’entraîner, elle est victime du temps qui passe. La Limbourgeoise, qui fêtera ses 38 ans en juin, manque de rythme et de repère. Elle est capable de briller sur un match. Enchaîner plusieurs rencontres est une autre histoire. De plus, son cas n’est pas comparable à ceux de Roger Federer ou Serena Williams. Elle est restée loin des terrains pros durant 7 ans. Elle a donné naissance à trois enfants. Si elle joue 10 tournois, ce sera déjà beaucoup. Malheureusement, elle ne gagnera pas 10 matchs en 2021. Il faudrait déjà qu’elle commence sa saison.