Naomi Osaka seule au monde: "J'ai travaillé très dur pour ça"
La Japonaise a confirmé à Melbourne sa domination du tennis mondial.
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- Publié le 20-02-2021 à 20h23
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Naomi Osaka sera n°2 mondiale lundi mais elle est bien déjà la seule patronne du circuit. La Japonaise, championne du dernier US Open, a survolé la finale de l’Open d’Australie samedi (6-4, 6-3) face à Jennifer Brady pour s’adjuger son quatrième Majeur. Quatre finales du Grand Chelem disputées, quatre titres : du jamais vu depuis Monica Seles (1990-91), et ça dit tout de ce phénomène de 23 ans qui emporte tout sur son passage.
En remportant 33 de ses 35 derniers matches de Grand Chelem disputés sur dur, Naomi Osaka continue d’imposer sa domination sur la surface. À son meilleur, on ne voit d’ailleurs pas qui peut l’y battre : elle sert le plomb, retourne des missiles, peut se sortir de toutes les situations avec son coup droit, est la reine des échanges en deux ou trois coups de raquette, et a en plus trouvé beaucoup plus de stabilité en revers et dans les déplacements depuis l’arrivée de Wim Fissette. Samedi, elle s’est même payer le luxe de l’emporter sans sortir le grand jeu : un break d’avance perdu dans chacune des manches, beaucoup de nervosité mais tellement de puissance et de marge. Osaka a aussi beaucoup gagné en maturité, assume complètement ses prises de position hors des courts et ses ambitions sur le court, ce qui change drastiquement sa gestion des émotions. Terminés les crises de doutes, les crises de panique, les cascades de fautes de frustration, les trous d’air pendant des semaines : Osaka a pris le pouvoir sur elle-même, devenant par la même occasion une star très médiatique dont l’aura a déjà dépassé son sport.
À Melbourne, elle a traversé un tableau redoutable, rendant son triomphe encore plus impressionnant. Anastasia Pavlyuchenkova, Caroline Garcia, Ons Jabeur, Garbine Muguruza, Su-Wei Hsieh, Serena Williams, Jennifer Brady : excusez du peu ! Avec cette revue d’effectif, on voit aussi la faculté d’adaptation de la Californienne. Évidemment, Osaka est ultra-puissante mais elle a aussi une des grandes qualités des championnes d’exception : elle trouve des solutions, tout le temps. On gardera un match de sa quinzaine, ce huitième extraordinaire face à Muguruza : menée 5-3 dans la manche décisive et face à deux balles de match (15-40), Osaka a serré tous les boulons d’un coup avec un sang-froid sous pression glaçant pour la concurrence.
Osaka a, dans les grands moments des grands rendez-vous, des nerfs en acier trempé qui rendent tous les records possibles, au même titre que son jeu spectaculaire et sa vitesse de bras unique. Elle n’a plus perdu depuis février 2020 en Fed Cup (vs Sara Sorribes Tormo, 6-0,6-3) et est sur une série de 21 victoires de suite. Osaka a, en plus, trouvé comment naviguer la célébrité, les attentes et la pluie de dollars des sponsors : plus rien ne la pollue. On l’attend désormais sur terre battue et sur gazon, là où sa patience, son jeu de jambes et sa résistance physique sont les plus testés. Aussi introvertie qu’ambitieuse, dotée d’un charisme qui ne s’apprend pas, Naomi Osaka n’a pas fini de fasciner.
"Objectif Roland"
Que ressentez-vous après cette nouvelle victoire ?
"Je suis très heureuse, j’ai travaillé très dur pour ça. Sur cette finale, il s’agissait plus d’un combat mental car il y avait beaucoup de nervosité. J’étais tellement stressée. Avant le match, je me suis répété que je n’allais sans doute pas bien jouer, que je ne devais pas exiger le match parfait, qu’il fallait juste se battre sur chaque point et qu’au final si je donnais tout je n’aurais pas de regret. J’ai aussi beaucoup parlé avec mon équipe pour avoir bien en tête les objectifs."
C’est votre quatrième Majeur : qu’avez-vous appris depuis le premier ?
"Que c’est OK de ne pas toujours être sûre de soi. Je me suis toujours forcée à être forte mais j’ai appris que j’avais le droit de ne pas me sentir bien et que dans ces cas-là il faut travailler sur soi-même et trouver des solutions. C’est ce que j’ai fait l’an passé pendant le lockdown et c’est aussi ce que j’ai fait pendant la quarantaine ici. Désormais j’ai conscience de tout le travail qui mène au succès, alors que lors de mes deux premiers titres en Grand Chelem je n’étais qu’une gamine, je ne savais pas vraiment ce que je faisais et je ne savourais pas vraiment le moment ni combien c’est dur d’arriver jusque-là. Mais les hauts et les bas ont fini par m’ouvrir les yeux."
Qu’allez-vous gagner en premier, Roland-Garros ou Wimbledon ?
"J’espère la terre battue car c’est ce qui arrive le plus vite désormais. C’est vraiment une question d’être enfin à l’aise sur ces surfaces parce que, comme je n’ai pas joué les juniors, je n’ai pas grandi là-dessus, je n’avais jamais mis un pied sur le gazon. J’ai de meilleures chances sur ocre je pense car j’ai fait de gros progrès l’an passé."