Wim Fissette, coach d'Osaka explique la transformation de sa joueuse: "Naomi a appris à exprimer ses sentiments, c’est positif"
Après Joachim Gérard et Elise Mertens, Wim Fissette, le coach d’Osaka, pourrait aussi ramener un trophée en Belgique.
- Publié le 20-02-2021 à 08h28
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Dix ans après avoir participé au sacre de Kim Clijsters à Melbourne, notre compatriote Wim Fissette pourrait faire de même avec Naomi Osaka ce samedi.
La Japonaise part avec les faveurs des pronostics contre l’Américaine Jennifer Brady. Présent aux côtés de l’actuel troisième mondiale depuis un peu plus d’un an, le natif de Saint-Trond a dû apprendre à gérer sa joueuse et établir une relation de confiance. Un processus qui ne s’est pas fait du jour au lendemain.
"J’ai commencé à travailler avec Naomi fin 2019. L’Australie, en 2020, a été ma première expérience avec elle en tournoi. Vous savez, comme entraîneur, vous ne pouvez pas modifier beaucoup de choses immédiatement dans le jeu et le comportement de votre joueuse. Dans un premier temps, il faut observer ce qui se passe et comment la joueuse réagit par rapport à certains événements. Il y a douze mois, lors de l’Australian Open, j’ai trouvé Naomi très nerveuse et sous pression. Pourquoi ? Parce qu’elle n’exprimait pas ses sentiments. Quand je lui ai demandé avant le match perdu contre Cori Gauff comment elle se sentait, elle m’a dit qu’elle allait bien. Ce n’était manifestement pas le cas, elle était complètement bloquée par ses émotions."
Ce n’est qu’après plusieurs semaines de travail et de bonnes discussions que la relation entre l’entraîneur et la joueuse s’est améliorée.
"Vous savez, gagner la confiance d’un joueur, c’est une activité quotidienne. Et je pense que pas à pas, oui, nous nous sommes rapprochés et Naomi a commencé à exprimer ses sentiments. En février 2020, nous étions en Espagne pour une rencontre de Fed Cup. Là-bas, Naomi a compris que dans notre staff, nous l’écoutions et comprenions ses sentiments. Et quand un joueur ou une joueuse exprime ses sentiments, cela l’aide à relâcher la pression. Depuis, elle est honnête avec ses sentiments. Elle s’exprime quand elle est plus nerveuse, quand il y a quelque chose qui ne fonctionne pas. Et elle remarque que cela donne à l’équipe l’occasion de proposer des idées qui pourraient l’aider. Si vous n’exprimez pas vos sentiments, c’est compliqué de vous aider."
Après avoir travaillé avec Kim Clijsters, Simona Halep ou Victoria Azarenka, Wim Fissette est bien placé pour évoquer les points communs qui existent entre toutes ces grandes championnes.
"Elles aiment les grands matchs et les grands moments, mais surtout, comme Naomi avant sa demi-finale contre Serena, elles sont excitées avant les grands événements. C’est comme quand vous emmenez des enfants dans un magasin de jouets et c’est beau à voir. C’est pour cela que les athlètes s’entraînent si dur, pour se retrouver sur les plus grandes scènes face aux meilleurs. Et c’est là qu’ils veulent jouer leur meilleur tennis. Et ils y parviennent comme lors des points importants. Et je trouve que le niveau de performance affiché par Naomi est très élevé. Elle parvient à produire son meilleur tennis quand elle en a besoin."
En reprenant en main Naomi Osaka, Wim Fissette s’était fixé des objectifs bien précis : ramener sa joueuse à la première place mondiale tout en remplissant son armoire à trophées de titres dans les tournois du Grand Chelem. Pour y parvenir, le jeu de la Japonaise a évolué et s’est bonifié ces derniers mois.
"Nous sommes dans un projet cohérent. L’Australian Open, par exemple, on le prépare depuis le 2 novembre. Par rapport à son jeu, je la trouve plus stable depuis sa ligne de fond tout en affichant plus d’agressivité. Elle a aussi appris à plus changer la direction de la balle, de ne pas rester dans des coups croisés mais de surprendre ses adversaires par des frappes le long de la ligne. Cela a bien fonctionné contre Serena en demi-finale. On a aussi travaillé sa seconde balle de service mais surtout ses retours. Le but étant de ramener le plus de balles pour ensuite mettre la pression sur son adversaire. Il faut que la fille en face sache qu’il n’y aura aucun point facile, même sur son engagement."
Pour sa première finale de Grand Chelem, l’Américaine Jennifer Brady sait ce qui l’attend face à une Naomi Osaka qui a remporté chaque finale de Grand Chelem où elle était engagée (US Open 2018, 2020, Australian Open 2019).