Federer après son abandon à Roland-Garros : "Il est important que j’écoute mon corps"
Roger Federer a tenu parole : Roland-Garros n’était qu’un tournoi préparatoire.
Publié le 07-06-2021 à 07h23 - Mis à jour le 07-06-2021 à 07h25
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Quand le mail de la Fédération française de tennis est tombé ce dimanche à 16 h 22, la surprise ne fut pas énorme. On pouvait y lire que Roger Federer, qualifié pour les huitièmes de finale, déclarait forfait pour la suite du tournoi.
"Après avoir discuté avec mon équipe, j’ai décidé que je devais me retirer du tournoi de Roland-Garros aujourd’hui. Après deux opérations du genou et plus d’un an de rééducation, il est important que j’écoute mon corps et que je n’aille pas trop vite dans le retour à la compétition. Je suis ravi d’avoir gagné des matchs. Il n’y a pas de meilleur sentiment que d’être de retour sur le terrain", y déclarait Roger Federer soutenu par Guy Forget, directeur du Grand Chelem : "Le tournoi de Roland-Garros est désolé du retrait de Roger Federer, qui a livré un magnifique combat samedi soir. Nous étions tous ravis de son retour à Paris où il a disputé trois matchs de haut niveau. Nous lui souhaitons le meilleur pour la suite de la saison."
Cette annonce ne tombait pas du ciel puisque dans la nuit de samedi à dimanche, vers 1 h 40, le Suisse après un long et difficile combat (3h35, 7-6, 6-7, 7-6, 7-5) contre l’Allemand Dominik Koepfer évoquait déjà ce retrait : "Pour être honnête, je préférerais être à la place de Rafa ou Novak qui se disent qu’ils se sentent bien, qu’ils jouent bien et qu’ils gagnent. Moi, je n’ai pas cette impression. Pour moi, chaque match est une étape. Je réfléchis en matière de saison et de retour. J’ai besoin de matchs comme celui de ce soir. Après chaque match, on fait un très gros débrief pour savoir où on en est et pour décider si je continue de jouer ou si le risque est trop grand à ce moment précis. Est-ce qu’on pousse encore ou est-ce que c’est le bon moment pour faire une pause ? Parce que le calendrier a bougé et que je n’ai pas la semaine de repos habituelle entre ici et Halle et qu’il faut décider ce qui sera le mieux pour Wimbledon. Alors c’est bien d’avoir pu jouer un match comme cela et de penser que j’aurais pu aussi jouer un cinquième set, mais je ne sais pas comment je vais me réveiller demain. Ce sera intéressant de voir. Ce que je veux dire, c’est que je revois la situation après chaque match depuis Genève et que je décide le lendemain du match en regardant comment va le genou."
Ce retrait s’il peut surprendre et être considéré comme un manque de respect car il montre clairement que le Suisse a utilisé un Grand Chelem comme Roland-Garros comme un simple tournoi de préparation à Wimbledon n’est pas illogique si on se place dans la peau du Suisse qui a toujours déclaré que son objectif après de longs mois sur la touche à la suite de deux opérations du genou en 2020 était d’"arriver à Wimbledon à 100 %. L’objectif, c’est la saison sur herbe. Tout est pensé et fait pour, et pour la suite de l’année. Pour moi, la saison commence vraiment sur gazon."
Le Bâlois qui n’avait joué que trois matchs en 2021 (deux à Doha début mars et un à Genève mi-mai) avait déposé son sac à Paris pour reprendre du rythme et tester son genou dans des rencontres en trois sets gagnants. Arrivé avec pas mal de questions, le Suisse a eu pas mal de réponses. Les premières après sa victoire contre Marin Cilic (ATP 47) au deuxième tour (6-2, 2-6, 7-6, 6-2) : "Je me suis un peu surpris, je ne pensais pas que je pouvais jouer à ce niveau pendant deux heures et demie contre Marin. J’ai été capable, quand cela pouvait devenir dangereux dans le troisième set, de passer à la vitesse supérieure et de garder l’intensité."
Dans une rencontre bien plus éreintante physiquement contre Dominik Koepfer, où les échanges furent plus longs que face à Marin Cilic, Roger Federer a encore emmagasiné des informations : "C’était un match très important pour moi. Clairement, je n’avais pas fait d’entraînement de 3h35. C’est un énorme pas en avant, d’autant plus que cela confirme en quelque sorte ma bonne performance contre Cilic dans des circonstances complètement différentes. Je pense que nous avons beaucoup d’informations pour la suite grâce à ce match. Je ne pensais pas gagner trois matchs à Roland-Garros. Jouer 3h35 après les opérations que j’ai eues, ce n’est pas normal. Ceux qui ont eu ces opérations savent de quoi je parle."
Avec son expérience, Roger Federer est resté fidèle à son plan de bataille, n’est pas tombé dans l’euphorie de trois victoires consécutives car il sait très bien que ses chances de remporter Roland-Garros étaient quasiment nulles et que de toute façon il n’était pas à Paris pour cela.
Il est encore loin de pouvoir réussir son pari fou à Wimbledon
Il est coutume de dire dans le milieu de la boxe que chaque très grand champion garde en lui l’énergie pour remporter un dernier grand combat. C’est un peu dans cette position que se trouve Roger Federer, en vue de Wimbledon qui débutera le 28 juin. Un Grand Chelem où le Suisse visera un neuvième titre. Mais sur ce qu’il a montré à Paris, on ne peut pas faire du Bâlois un favori de l’épreuve londonienne. Pourquoi ? Car trop d’incertitudes planent encore sur son état physique et la constance de son tennis.
Le physique
À Roland-Garros, par précaution, Roger Federer s’est retiré après seulement trois matchs, un en trois sets et deux en quatre sets. Pour décrocher un 21e titre dans un Majeur, il faudra résister à sept rencontres, moins traumatisantes que sur la terre battue mais sept rencontres quand même. Un bon tirage sera important pour que Roger Federer puisse s’économiser dans les premiers tours. La réussite de son pari dépendra en grande partie de la réaction de son genou meurtri à la répétition des efforts sur quinze jours.
Le tennis
Même s’il possède toujours cette facilité technique déconcertante et un service sur lequel il peut énormément se reposer, le jeu de l’ancien numéro un mondial est plus soumis à des perturbations avec des fautes directes plus présentes que dans le passé. Ce qui peut s’expliquer par un placement parfois moins précis. En revanche, l’expérience demeure un formidable atout dans les moments importants d’une rencontre. On l’a vu contre Cilic et Koepfer. Et on n’évoque même pas l’aura du Suisse, surtout quand il foulera l’herbe londonienne.
Pas de vrai test
Roger Federer qui s’alignera au tournoi de Halle à partir du 14 juin n’a pas eu l’occasion à Paris de se frotter à un cador du circuit. Istomin (ATP 204), Cilic (ATP 47) et Koepfer (ATP 59) ne possèdent pas le niveau de garçons comme Novak Djokovic, Rafael Nadal ou la jeune génération emmenée par Tsitsipas, Zverev et Medvedev. On aurait aimé voir Roger Federer défier un membre du top 10 pour avoir une idée plus claire de son niveau. Le match prévu en huitième de finale face à Berrettini aurait déjà été un bon indicateur.