L’Australie avait trop peur de Djoko
Novak Djokovic était dans l’avion vers Dubaï lors des premières rencontres de l’Australian Open. Le Serbe a perdu son match contre le gouvernement australien.
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Publié le 17-01-2022 à 07h52 - Mis à jour le 17-01-2022 à 11h27
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Jeu, set et match : Australia. Même le hawk-eye ne viendra pas en aide à Novak Djokovic. Le set remporté par "Nole" le 10 janvier, lorsque le juge Kelly avait bloqué l'expulsion de Djokovic, rétabli son visa et ordonné sa libération immédiate, n'a pas suffi. La manche décisive a été remportée par le ministre de l'Immigration Alex Hawke : "Cette décision s'inscrit dans la lignée d'une politique frontalière rigoureuse depuis le début de la pandémie. Les Australiens ont consenti à de grands sacrifices pour la santé publique. Le gouvernement protège ces acquis."
Dans le camp des vainqueurs, le Premier ministre, en pleine campagne électorale, savourait le succès.
"Cette décision d'annulation a été prise pour des raisons de santé, de sécurité et de bon ordre, au motif qu'il était dans l'intérêt public de le faire. Je me félicite de cette décision qui vise à maintenir la solidité de nos frontières et à assurer la sécurité des Australiens", s'épanchait Scott Morrison, le Premier ministre australien.
Ainsi, un homme a eu le pouvoir de faire trembler tout un pays durant onze jours. Selon les dirigeants australiens, la conviction de Djoko encourageait "le sentiment anti-vaccination" et pouvait dissuader les Australiens de se faire injecter leur dose de rappel, alors que le variant Omicron se répand à grande vitesse dans le pays.
Fidèle à ses convictions et promu porte-parole mondial des antivax, le Serbe, convaincu par sa bonne foi, a défié un système. Il a joué. Il a bluffé. Il a perdu. Cette défaite lui laisse un goût amer car il n’était pas sur son terrain de jeu favori.
Il a perdu plus qu’un match. Il a perdu son combat. Un combat qu’il considérait comme juste. La justice australienne ne partageait pas l’avis du no 1 mondial.
Dimanche, le Serbe s’est donc vu retirer son visa pour la deuxième fois. La cour fédérale a maintenu l’annulation de son visa. L’ATP a pris acte de cette décision. Son nom a été enlevé du tableau. Sa première place mondiale sera menacée par les jeunes Daniil Medvedev et Alexander Zverev. Même la suite de la carrière de Djoko s’écrit en pointillé.
Moins de cinq heures après la décision, le rival de Nadal et Federer était déjà à l’aéroport de Melbourne. Au moment où les premières balles giclaient sur les courts de Melbourne Park, l’avion de Novak Djokovic entamait sa descente sur Dubaï, dernière escale avant un retour au pays. Il sera accueilli comme un… héros de la nation.
Le président serbe a été catégorique. "J'ai parlé à Djokovic et je lui ai dit que nous avions hâte de le voir, a dit Aleksandar Vucic. Il est toujours le bienvenu en Serbie. Ils pensent avoir humilié Djokovic, mais ils se sont humiliés eux-mêmes."
Le Djoker a perdu son sourire. Renforcé dans ses convictions par ses partisans, il sort brisé par les émotions accumulées lors des quinze derniers jours. "Je suis extrêmement déçu", a réagi Djokovic dans un communiqué.
"Je respecte la décision de la cour et je coopérerai avec les autorités compétentes concernant mon départ du pays, a-t-il ajouté. Je vais maintenant prendre un peu de temps pour me reposer et récupérer, avant de faire d'autres commentaires."
Le grand cirque de l’ATP n’a pas manqué de témoigner son soutien au Serbe. Les pontes de l’ATP en ont profité pour se ranger derrière l’ordre établi en rappelant l’impérieuse nécessité de se faire vacciner. Les joueurs ont exprimé leur respect pour un grand champion.
"Je connais Novak, c'est quelqu'un que je respecte et contre lequel j'ai joué. Je n'aime pas qu'il se retrouve dans cette situation et je n'aime pas le fait qu'il a été placé en détention. J'espère que cela ne se reproduira pas pour d'autres tournois", expliquait Andy Murray qui résumait le sentiment général.
Last but not least, cette affaire a fait deux heureux, deux Italiens : Salvatore Caruso. L'Italien (ATP 150) remplacera Djoko dans le tableau en tant que lucky loser, ce qui lui assure un chèque de 65 000 euros. Il avait déjà eu de la chance il y a deux semaines. À Bendigo, il a bénéficié d'un forfait et d'un abandon.
L’autre chanceux Italien se nomme Matteo Berrettini qui a la route dégagée jusqu’en demi-finale. Quant à Rafael Nadal, il voit un gros nom tomber dans sa moitié de tableau. Il est le seul membre du Big Three à pouvoir prendre un 21e titre du Grand Chelem.