Comment remonter la pente pour David Goffin après sa nouvelle défaite: "Je n’ai fait que me battre avec mes pensées"
Face à Dan Evans, David Goffin a perdu le fil de son jeu et la rencontre quand il a commencé à douter.
Publié le 18-01-2022 à 18h38 - Mis à jour le 18-01-2022 à 18h39
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Après Roland-Garros 2020 déplacé en automne, l’Australian Open 2021, Roland-Garros 2021 et l’US Open 2021, David Goffin a enregistré ce mardi une cinquième défaite consécutive au premier tour d’un tournoi du Grand Chelem.
"Est-ce qu’on pense à cela quand on rentre dans son tournoi ? Oui et non. Je n’y pense pas au quotidien. Mais il y a une envie de bien faire, d’être bon. Quand on arrive sur un Grand Chelem avec des incertitudes, ce n’est pas évident. Ne pas savoir si on est en confiance, si cela va aller ou pas, c’est difficile. Tout est plus facile quand on enchaîne les victoires et les bonnes prestations."
Face au Britannique Dan Evans (ATP 24), le Liégeois (ATP 45), sans livrer un grand match sur un court numéro 13 balayé par le vent, est resté au contact jusqu’à 4-4 dans la première manche avant de lâcher petit à petit prise (6-4, 6-3, 6-0).
"Je ne me sentais pas bien. Au début, cela tenait un peu puis quand Dan Evans a commencé à mieux jouer, à me faire plus frapper, j'ai commencé à rater des coups et je doutais sur chaque frappe aussi bien en coup droit qu'en revers, expliquait lucidement notre compatriote après la partie. Je suis retombé dans mes travers de ces derniers mois. J'ai perdu le fil du match et la combativité qui allait avec. Du coup, je n'ai fait que me battre avec mes pensées et ce qui est à l'intérieur de moi. C'est un match très décevant face à un adversaire au jeu particulier qui demande une grande concentration. On va analyser cela et voir ce qu'on peut faire pour la suite."
Si, vu de l’extérieur, le jeu de David Goffin semblait tenir la route en début de match, le Liégeois sentait déjà que la journée serait difficile.
"Il a fallu qu’on s’habitue au vent. Il l’a fait de mieux en mieux. C’était de la survie en début de rencontre et je n’ai pas eu de bonnes sensations du début à la fin. Quand on se bat avec soi-même, c’est difficile."
Dans une mauvaise passe depuis plusieurs mois, il n’est pas facile actuellement pour l’ancien finaliste du Masters en 2017 de rebondir. La grandeur de l’événement ajoutant de la nervosité et des attentes.
"Quand on arrive sur un Grand Chelem, il y a plus de pression et comme joueur, on veut bien faire. Je tombe sur un bon adversaire qui est tête de série, ce qui crée aussi un stress. La semaine dernière, il y avait eu un bon match contre Kudla, ce qui ne m’était plus arrivé depuis longtemps. Mais ici, cela n’a pas été entre mes problèmes au genou et la pression d’un Grand Chelem."
Un genou gauche qui n’était plus protégé par un tape mais dont le passé récent, avec une petite élongation contractée la semaine dernière, était toujours dans l’esprit de notre compatriote.
"Aujourd’hui, cela allait encore. Il y avait peut-être inconsciemment des petites retenues mais cela allait. Ce n’était pas la préparation idéale mais il y a eu plus de peur que de mal ces cinq derniers jours. J’ai récupéré et je me suis entraîné comme mon corps le permettait après Sydney. Contre Dan Evans, mon genou a tenu et c’est le point le plus positif de cette rencontre."
Se pose alors la question légitime de savoir si David Goffin est toujours heureux dans la vie qu’il mène. Est-ce que partir aux quatre coins du monde plus de trente semaines par an pour exercer son métier et sa passion lui procure encore de la joie ?
"Je ne suis pas heureux aujourd’hui, c’est clair, mais j’adore toujours ma vie de joueur de tennis. Il y a des périodes qui sont difficiles dans une carrière et l’objectif est de repartir le plus vite possible vers l’avant. On alterne entre de bons et de moins bons moments, comme c’est le cas pour moi actuellement. J’espère que cette période moins agréable sera bientôt derrière moi pour qu’on puisse reparler de bons matchs."
Une fois revenu en Europe, David Goffin reprendra le travail dans l’ombre en espérant vivre des instants plus agréables dans quelques semaines.
"On va faire un bilan de la préparation et de la tournée en Australie. Ensuite, il y aura de bons tournois en Europe (NdlR : David doit participer aux tournois de Montpellier et Rotterdam avant de partir pour Doha et Dubaï) où je risque de tomber au premier tour contre des têtes de série vu mon classement actuel. On va s'accrocher pour rebondir après ce match qui fait mal."
S’accrocher et travailler en croisant les doigts pour éviter les blessures, c’est le chemin que David Goffin devra prendre pour retrouver des couleurs et gagner des matchs.

L'avis de l'expert: Psy, sophrologue ou hypnotiseur : David a besoin d’aide
David Goffin ne traverse pas la plus chouette période de sa carrière, c’est évident. Après de longues semaines sur la touche et une longue préparation pour se retaper, il lui manque encore de repères dans son jeu malgré sa grande expérience, c’est évident. Le tirage au sort qui lui a octroyé Dan Evans au premier tour de l’Australian Open ne s’assimilait pas à un cadeau, c’est évident. La blessure à l’arrière du genou contractée la semaine dernière à Sydney n’a pas placé le Liégeois dans les meilleures conditions pour le premier Grand Chelem de la saison, c’est évident.
Mais ce qui est une nouvelle fois évident quand on écoute l’analyse très lucide et très franche de notre compatriote par rapport à sa prestation à Melbourne, c’est qu’il a lâché prise mentalement et que dans ce domaine, une nouvelle aide extérieure ne serait peut-être pas inutile. Et ce n’est pas à nous de dire ce qui conviendrait à David Goffin. La présence de son ami Germain Gigounon à ses côtés ne semble pas suffisante pour permettre au Liégeois d’aborder ses tournois en toute sérénité. Pour s’en sortir, David devra peut-être s’ouvrir à quelqu’un car son tennis ne peut pas avoir disparu du jour au lendemain. Un psy, un sophrologue, un hypnotiseur ou un vendeur de poudre de perlimpinpin : peu importe, à partir du moment où notre numéro 1 y trouve son compte et se sente bien.