Les deux secrets de la métamorphose d’Osaka
La tenante du titre a été éliminée malgré deux balles de match, mais elle n’en fait pas tout un drame.
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Publié le 22-01-2022 à 08h17 - Mis à jour le 22-01-2022 à 08h18
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Naomi Osaka garde le sourire malgré quelques chiffres qui poussent à la déprime. À Melbourne, elle a perdu 1 870 points et 70 places au classement. Elle ne pointe provisoirement qu’à la 84e place. Telle est la conséquence de sa défaite en seizièmes de finale contre Amanda Anisimova au bout d’une bataille de valeur inégale de 2 h 18 (4-6, 6-3, 7-6). Elle n’a remporté que 31 % des points gagnants alors qu’elle a commis plus de fautes directes que l’Américaine.
La défaite est logique au vu de la rencontre. Pourtant, le dernier chiffre qui la fâchera, c’est le deux. Deux comme le nombre de balles de match qu’Osaka a obtenues.
La superstar aurait eu quelques raisons de s’effondrer en fin de match. Elle a gardé la face sur et aussi en dehors des courts. Même la salle de presse ne ressemblait plus à une salle de torture pour la Japonaise qui avait entamé un mouvement de boycott des questions des journalistes durant le printemps dernier. S’étaient ensuivis des mois compliqués loin de l’agitation du circuit. Véritable icône du tennis et du sport-business, Naomi Osaka a revu son modèle. À Melbourne, elle n’aura pas frappé l’imaginaire collectif avec la pureté de son jeu. Elle a surtout impressionné par la justesse de ses mots. Des mots qui ont soigné ses maux.
Malgré la déception de vendredi, elle s’est assise durant un quart d’heure face aux journalistes pour ergoter.
"Je ne suis pas Dieu", confiait-elle entre deux réflexions sur sa prestation. "Je ne peux pas gagner tous les matchs. Je dois juste retenir les enseignements."
Quelle métamorphose ! Elle était loin du visage en pleurs de l’US Open à la suite de son revers face à Leylah Fernandez. Elle avait alors annoncé qu’elle prendrait congé des courts durant un certain temps.
Elle a appris à lâcher prise, à accepter son côté humain et à relativiser. L’apprentissage a été rapide.
"Je suis fier de moi-même si cela ne m’a pas semblé être un court laps de temps. J’espère qu’au fur et à mesure que la saison se poursuivra, je pourrai continuer et m’améliorer encore."
Elle tient un… journal qui agit comme un remède thérapeutique. À 24 ans, la quadruple lauréate en Grand Chelem a également trouvé refuge dans la méditation pour gérer son flot d’émotions.
"J’écris dans un journal en essayant de comprendre quels sont mes objectifs et ce que je veux accomplir dans ma carrière. Jouer dans la Rod Laver Arena, par exemple, est quelque chose que je ne veux pas tenir pour acquis. Jouer dans les grands stades est vraiment spécial. Je dois changer ma mentalité et être plus reconnaissante des choses que j’ai accomplies et visualiser les choses que je veux accomplir."
Dans l’avion, elle se refera certainement le film de son escapade à Melbourne, mais Anisimova - et surtout son service extérieur - hantera ses pensées sans la faire replonger dans une forme de dépression.
Naomi Osaka n’affichait pas un sourire de surface. L’Australian Open ne lui offrira pas le trophée classique, mais elle a remporté une victoire contre elle-même. Ses vieux démons ont été enterrés.