Contre Novak Djokovic, Carlos Alcaraz a été rattrapé par ses émotions en demi-finale de Roland-Garros : “Des crampes dans tout le corps”
Après deux premiers sets très accrochés contre Novak Djokovic, Carlos Alcaraz a été rattrapé par ses émotions et la nervosité.
- Publié le 10-06-2023 à 09h53
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Il ne méritait pas cela. Vraiment pas ! Et tous les fans de tennis auraient préféré le voir perdre à la loyale, en pouvant défendre ses chances à armes égales. Dans la première demi-finale de ce Roland-Garros 2023, Carlos Alcaraz a été rattrapé par ses émotions dans un match face à Novak Djokovic qui occupait ses pensées depuis le tirage au sort du jeudi 25 mai et qui l’excitait depuis des mois : “Je pense à un tel match depuis un an, j’ai hâte d’y être.”
Après un premier set (6-3) où il est arrivé tendu, ce qui lui fit commettre de nombreuses, l’Espagnol retrouva tout son tonus, sa puissance et son sens inné de l’amortie pour recoller au score (5-7) contre le seul joueur du Big 3 encore capable de défendre ses chances. Un Novak Djokovic qui ne paniquait pas malgré l’intensité physique de cette deuxième manche et un match à rallonge qui s’annonçait. Car des situations compliquées, elles ont été nombreuses dans sa carrière. Mais à ce moment-là, l’homme aux 22 titres en Grand Chelem, après plus de deux heures et quart d’un combat livré sous un soleil de plomb, ne savait pas encore que le destin allait lui sourire, contrairement à Carlos Alcaraz.

À 1-1 dans le troisième set, après un retour de service, l’élève de Juan Carlos Ferrero s’arrête, la jambe droite comme bloquée. Tout le stade pense d’abord à une blessure au genou mais la véritable raison de cette coupure sortira de la bouche d’Alcaraz qui demande à l’arbitre un temps mort médical à cause de crampes au mollet droit. Comme l’intervention du kiné est demandée en dehors d’un changement de côté, l’Espagnol perd d’office le jeu suivant. Mais en fait, le Murcien, qui doit déjà l’avoir compris vu le regard hagard lancé vers son clan, vient de perdre la rencontre. Incapable de bouger convenablement malgré une nouvelle intervention du physio, la prise de boissons énergisantes, des massages et une pause de plusieurs minutes entre le troisième (6-1) et le quatrième set (6-1), Carlos Alcaraz ne peut plus afficher qu’une seule qualité : celle d’honorer le public et son adversaire en n’abandonnant pas. Un comportement qui lui offrit une salve d’applaudissements quand il sortit du court Philippe Chatrier mais aussi le respect d’un Novak Djokovic qui tenait déjà en haute estime son adversaire du jour.
"Il est encore jeune et il pourra gagner ce tournoi de nombreuses fois"
”D’abord je dois dire que Carlos n’a pas eu de chance. Vraiment, c’est la dernière chose que l’on souhaite : avoir des crampes ou des problèmes physiques en fin de Grand Chelem. Je lui souhaite de revenir bientôt. Je le lui ai dit. Il est encore jeune et pourra gagner ce tournoi de nombreuses fois. C’est un magnifique compétiteur et il est, en plus, très sympa. Il ne savait pas s’il devait abandonner ou continuer. Merci à lui d’être resté sur le court. Vous savez, à la fin du deuxième set, je ne me sentais pas frais du tout. On a échangé coup pour coup. Après ses soucis, ce fut un autre match. Je ne voulais pas trop réfléchir sur ce qui lui arrivait. Je suis fier d’atteindre la finale. C’est un rêve pour moi et j’espère bien jouer dimanche pour gagner un nouveau titre à Roland-Garros.”
”Je n’ai jamais pensé à abandonner”
Une grosse heure après la fin des débats, Carlos Alcaraz s’est présenté dans la grande salle de presse du court Philippe-Chatrier pour expliquer, avec calme et lucidité, ce qu’il a ressenti : “Je suis déçu par moi-même. Arriver prêt physiquement pour un match comme celui-ci et souffrir de crampes à la fin du deuxième set et au début du troisième, c’est très décevant. Les deux premières manches ont été très intenses. J’ai eu une crampe dans le bras dans la deuxième et au début de la troisième, j’ai commencé à avoir des crampes partout dans mon corps, pas seulement dans les jambes, les bras également, toutes les parties des jambes. Il était très difficile pour moi de me déplacer dans le troisième set. Lors du quatrième set, tout mon corps a commencé à subir des crampes.”
"Celui qui dit ne pas être nerveux en jouant contre Novak, il ment"
Questionné sur la raison de ces crampes, l’Espagnol, qui s’est alimenté et hydraté normalement, n’a pas fait de mystère de son avis : “La tension due au match. J’étais très nerveux. Les deux premiers sets ont été très intenses, avec de beaux échanges, des échanges difficiles, des amorties, des sprints, encore des échanges. Il a une combinaison de différents styles de jeu, mais la chose principale, c’était la tension éprouvée lors des deux premiers sets. Je vais travailler pour que cela ne se reproduise plus dans ce type de match. Je dois tirer des leçons de cette expérience.”
La présence de Novak Djokovic de l’autre côté du filet a aussi joué un rôle dans cet excès de nervosité chez Alcaraz : “Sans doute, ce n’est pas facile de jouer contre Novak. C’est une légende dans le monde du sport. Si quelqu’un dit qu’il rentre sur le court pour jouer contre Novak sans se sentir nerveux, il ment ! Bien sûr, jouer une demi-finale, cela rend nerveux, mais encore plus quand on est face à Novak. C’est cela la vérité. La prochaine fois que je vais l’affronter, j’espère me sentir mieux, plus calme. Mais je serai nerveux quand même !”

Et dans l’esprit du lauréat du dernier Us Open, il n’était pas question d’abandonner : “Je n’ai jamais pensé à cela, jamais dans une demi-finale d’un Grand Chelem. Dans le quatrième set, j’avais 1 % de chance de revenir dans la partie. Il fallait essayer. Mais je le répète, cela a été très difficile pour moi aujourd’hui. Je n’ai jamais éprouvé ce que j’ai ressenti aujourd’hui. Je n’ai jamais ressenti une tension pareille.”
Cette expérience malheureuse devra lui servir dans le futur où il sera encore appelé à disputer de grands matchs dans de grands événements. Face à Novak Djokovic ? On ose espérer que oui pour ce jeune joueur de 20 ans…