Vino-top : RRR… Rhône, Rioja & Riserva pour les fêtes

Pour ces fêtes, nous vous avons concocté une sélection de grands vins européens: les Riserva et Gran selezione du Chianti Classico, des vins de la Vallée du Rhône nord et les Reserva de la Rioja. Un joli match Italie-France-Espagne.

Pedro Ballesteros MW, Dirk Rodriguez et Marc Vanel
Vino-top : RRR… Rhône, Rioja & Riserva pour les fêtes
©Kurkdroog

Pour ces fêtes, nous vous avons concocté une sélection de grands vins européens: les Riserva et Gran selezione du Chianti Classico, des vins de la Vallée du Rhône nord et les Reserva de la Rioja. Un joli match Italie-France-Espagne. Les vins de ces trois régions sont tous bâtis autour d’un cépage iconique : Sangiovese pour le Chianti, Syrah pour le Rhône nord et Tempranillo pour la Rioja, des cépages qui garantissent des tannins nobles et une acidité équilibrée, et donc un grand potentiel de garde. Mais chaque région ayant son style, nous les avons bien sûr dégustées séparément.

Chianti Classico

Outre beaucoup de tannins, le Sangiovese est un cépage qui offre une acidité élevée, comme bien d’autres vins italiens, ce qui influence sa saveur et lui apporte beaucoup de fruits rouges et de fruits à pépins. Dans le Chianti Classico, on peut l’assembler à hauteur de 20 % maximum avec d’autres cépages, tels que les Canaiolo, Colorino, Cabernet, Merlot et autres Syrah.

La mention “Classico” est bien plus qu’une indication de classe. Le Chianti Classico est une zone délimités en Toscane dans les provinces de Florence et de Sienne, et principalement autour des communes de Castellina, Gaiole, Greve in Chianti et Radda. Le cahier de charges y est plus strict que pour le simple Chianti, notamment en termes de rendement et de vieillissement en barriques. Ici, nous n’avons sélectionné que la crème de la crème : les Riserva et les Gran Selezione. Cette dernière dénomination couronne le sommet de la pyramide du Chianti depuis 2014 seulement. Pour y accéder, les vins doivent provenir de vignobles propres, avoir 5 ans minimum et être choisis par un comité de sélection.

Rhône Nord

Dans le nord de la vallée du Rhône, que l’on appelle “Rhône septentrional”, la Syrah règne en reine : pas d’assemblage ici avec du Grenache, du Cinsault ou du Mourvèdre comme plus bas, dans le Vaucluse. C’est un cépage très tannique et pur, avec un degré d’acidité assez élevé, qui a besoin du bois pour affiner ses tannins et acides, pour lui donner concentration et plus de “gras”. Son territoire n’est pas large – tout se joue entre Ampuis et Valence, et on peut compter les appellations de rouge sur les doigts de la main. Sur la rive gauche, on ne trouve que Crozes-Hermitage et Hermitage (un seul coteau dans la petite ville de Tain-l’Hermitage), et sur la droite : Côte-Rôtie, Saint-Joseph et Cornas. And that’s it! Même si la majorité des vins rouges sont 100 % Syrah, ce n’est pas une obligation. Ils peuvent être complétés par 10 % de cépages blancs : Viognier, Marsanne et Rousanne. Côte-Rôtie est l’exception qui confirme la règle : ses vins peuvent contenir jusqu’à 20 % de Viognier. Et Cornas est toujours 100 % Syrah.

Rioja

L’Espagne donc. Rioja a été le premier vin espagnol à gagner en notoriété chez nous. Le Tempranillo règne ici en grand seigneur, tout comme en Ribera del Duero ou dans la zone de Toro. La Rioja est divisée en trois : la Rioja Alavesa (contre le Pays basque), la Rioja Alta (à l’ouest) et la Rioja Baja (à l’Est). Cette dernière est aussi la région la plus chaude et la plus sèche, on y trouve relativement beaucoup de Garnacha (le Grenache est originaire d’Espagne, ne l’oublions pas), mais le Tempranillo tient le haut du vignoble avec 80 % des surfaces plantées. La plupart des Riojas sont donc 100 % Tempranillo, même s’il est permis de faire des 100 % Garnacha, Cariñena ou Petit Verdot. Le Tempranillo tient son potentiel de garde tant de ses tannins élevés (un peu moins que la Syrah toutefois) et de ses acides. Pour cette dégustation, nous n’avons sélectionné que les Riojas premium, à savoir les Reserva (3 ans d’âge, dont 1 en fût de chêne), Gran reserve (5 ans d’âge, dont 2 en fût) et équivalents.

Barrique ou foudre ?

Sur le plan du passage des vins en barrique, les habitudes varient pour chaque région. Dans le Chianti Classico, le vin repose traditionnellement dans de grands foudres de bois de 5000 litres, voire plus, d’origine slovène ou croate. Depuis les années ’90, la barrique bordelaise de 225 litres a fait son apparition en Toscane, faite de chênes centenaires du Massif central. Dans le Rhône, on utilise plutôt des demi-muids de 500 à 650 litres, mais aussi des barriques (entre 200 et 230 litres). La Rioja a développé d’autres pratiques depuis la fin du 19e siècle : ils ont appris des courtiers français l’usage des barriques, tant et si bien que la plupart des bodegas disposent aujourd’hui de leur propre atelier de tonnellerie et travaillent souvent avec du chêne américain, meilleur marché que le chêne français. Ce qui amène davantage d’arômes d’épices douces, comme la vanille ou la réglisse. Cela influence énormément le style des Riojas qui sont dès lors plus souples et plus accessibles dès leurs premières années. Certains domaines espagnols utilisent toutefois du chêne français pour leurs cuvées haut de gamme. Tout cela mène à une certaine convergence au niveau européen : la globalisation passe aussi par les styles de vin. Love it or hate it.


Haro en Rioja Vers 1870, le phylloxera décime une large partie du vignoble européen et les producteurs français, surtout bordelais, se tournent vers l'étranger pour s'approvisionner en vin en vrac. En ces temps-là, le chemin de fer était le mode de transport le plus fiable et le plus facile. De l'autre côté des Pyrénées, ils découvrent alors le petit village d'Haro qui a le double avantage d'être desservi par une gare et d'être entouré par des vignerons de qualité. Un accord est trouvé et en échange de leurs vins, les Espagnols décrochent l'exemption d'accises pour leurs exportations vers la France et d'autres producteurs viennent s'installer autour de la petite gare de ce village entre 1885 et 1900. Les vins d'alors étaient élaborés selon le style Bordeaux ou Bourgogne et repartaient en vrac vers l'Hexagone… Aujourd'hui, les vignobles sont toujours exploités, les vins ne s'exportent plus vers la France et pour la première fois cette année, les sept producteurs locaux ont décidé d'organiser le 3e week-end de septembre une dégustation commune de leurs produits. Cette première édition a attiré près de 5000 amateurs. Plus, ce n'était pas possible… Si cela vous tente, Haro est à 1h30 en voiture de Bilbao (vols SN) et il y a un très bel hôtel, mais il vaut mieux réserver dès aujourd'hui pour 2017…

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