"Fais que l’opération de mon mari réussisse”: dans les coulisses de la chapelle de la clinique Sainte-Élisabeth, un lieu de culte hors du commun
Entre les fêtes de fin d'année, La Libre vous emmène dans des lieux de culte érigés en dehors des sentiers battus. École, aéroport, péniche… Tous ont en commun de voir défiler les espoirs, les espérances, parfois chavirer les destins. Mais qu'est-ce qui pousse les fidèles à venir prier dans ces lieux insolites ? Première étape à la clinique Sainte-Élisabeth de Namur, où l’abbé Freddy Mulopo et son équipe accompagnent les malades et leur famille. Lieux de culte hors du commun - série (1/6)
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Publié le 25-12-2022 à 08h12
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À la clinique Sainte-Élisabeth de Namur, la chapelle, avant même d’être un lieu de recueillement, constitue un point de repère géographique pour les patients, le personnel ou les visiteurs. Pour indiquer où se trouve l’ascenseur, on dit “à côté de la chapelle”, et non pas le contraire. En ce mardi de décembre, l’abbé Freddy Mulopo nous y accueille, heureux de faire découvrir “une vraie paroisse”. L’abbé Freddy est curé à Temploux et Suarlée, mais aussi aumônier catholique du CHU-UCL-Namur pour le site Sainte-Élisabeth. Avec les trois autres membres de l’équipe d’aumônerie, il se rend disponible pour accompagner les personnes qui le souhaitent, à la chapelle ou dans les chambres des malades.

La chapelle est ouverte en permanence. “Elle est très fréquentée, assure le père Mulopo. Je vois souvent des gens en train de se recueillir. Peu de jeunes, certes, mais des personnes d’un certain âge qui peuvent encore se mouvoir.” Et pas seulement des catholiques, ajoute-t-il : “Il y a aussi des protestants, des musulmans, des laïcs…” Les gens viennent pour prier, demander de l’aide, adresser des remerciements… Pendant qu’il parle, deux dames aux cheveux gris entrent et s’asseyent en silence.
”Fais que l’opération de mon mari réussisse”
Le père Freddy nous montre le carnet d’intentions dans lequel les visiteurs peuvent inscrire leurs vœux, prières ou remerciements : “Marie, Maman, fais que mon fils revienne à la maison” ; “Aide notre famille en ces moments difficiles, merci Vierge Marie” ; “Fais que l’opération de mon mari réussisse” ; “Help pour mes yeux ! Merci” ; …

Malgré l’agitation de l’hôpital, il règne un calme apaisant dans cette jolie chapelle construite dans les années 1960. Deux vitraux majestueux entourent un mur de pierre brune devant lequel trône l’autel. Au-dessus de celui-ci, un puits de lumière. En cette fin d’année, la crèche et le sapin de Noël complètent le tableau. “Chaque samedi, il y a une messe avec une vingtaine de personnes”, explique l’aumônier. Le 24 décembre, c’est la messe de Noël, et le 17 novembre, une célébration spéciale à l’occasion de la Sainte-Élisabeth, à laquelle le personnel et les patients qui le souhaitent sont conviés, avant un drink. On ne célèbre jamais de funérailles à la chapelle, mais bien une messe spéciale pour les défunts de l’année. Le père Freddy se rend par ailleurs régulièrement à la morgue, pour prier pour les défunts, à la demande de leur famille.
Du vin de messe et du produit vaisselle
Une dame et son jeune enfant passent la tête dans la chapelle et repartent aussitôt. Un homme âgé, en training et pantoufles, les suit, s’installe sur un siège et se recueille. Il ressortira quelques minutes plus tard, se signant le front.

Le père Freddy n’est pas peu fier de dévoiler la sacristie de sa chapelle. Un genre de cuisine dans laquelle se gère toute l’intendance de la chapelle. Dans les tiroirs, au lieu de casseroles et d’assiettes, on trouve des cierges et des allumettes, des nappes pour l’autel et des étoles de prêtre, du vin de messe et des hosties, un Missel et des lectionnaires. Sur le plan de travail, un tabernacle et un crucifix, du produit de vaisselle et une éponge, du gel hydroalcoolique (”pour donner la communion”) et une poubelle pour le linge liturgique à laver. Et puis une chaîne hi-fi et des CD, “au cas où la chorale n’est pas là”.

Le Carrefour spirituel et sa machine à café
Pour ceux qui préfèrent un lieu plus neutre, moins connoté catholique, la clinique Sainte-Élisabeth dispose d’un autre lieu de recueillement. Situé au premier étage, le “Carrefour spirituel” est une petite salle multifonction qui peut par exemple accueillir des patients avant leur sortie. “Mais si nous recevons une demande spécifique, nous pouvons mettre cette pièce à disposition pour un moment de recueillement ou une célébration”, explique Yannick Maquet, chef administration patients, dont les équipes informent notamment les patients sur l’assistance morale, religieuse ou philosophique disponible. “Les gens peuvent venir dans cette pièce avec leur chandelier ou leur livre de culte.” Jusqu’ici, le Carrefour spirituel n’a toutefois jamais servi de salle de recueillement, signale M. Maquet. Avec son écran de télévision, son distributeur de sodas (en panne) et sa machine à cafés, le lieu semble en effet se prêter moins bien au recueillement ou à la prière que la chapelle du rez-de-chaussée. “Nous l’aimons bien, notre petite chapelle”, insiste l’abbé Freddy.