Frais scolaires: certaines pratiques solidaires sont discriminantes ou hors-la-loi
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- Publié le 05-02-2020 à 14h45
- Mis à jour le 07-02-2020 à 16h43
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Parfois, les pratiques solidaires s’avèrent discriminantes ou hors-la-loi. Et, souvent, méconnues.
"De plus en plus de familles éprouvent des difficultés à faire face aux frais scolaires, constate Bernard Hubien de l’Ufapec (l’Union francophone des associations de parents de l’enseignement catholique). Aujourd’hui, même les classes moyennes sont touchées par le problème." Interpellée par de nombreux parents et associations de parents, l’ASBL a analysé le fonctionnement des fonds de solidarité mis en place par les écoles pour contribuer au paiement de certains frais dont les parents ne peuvent s’acquitter.
Chaque école a l’obligation d’organiser un conseil de participation où tous ses membres sont représentés. Parmi les missions de celui-ci figure de "proposer la mise en place d’un mécanisme de solidarité entre les élèves pour le paiement des frais". Dans les faits, ce mécanisme n’est pas obligatoire. "Mais la plupart des écoles répondent à cette injonction", relève l’analyse. Pour autant, la situation est loin d’être idéale. "Concernant la gestion de ce fonds, il n’existe pas de règles", commente Bernard Hubien. Les écoles s’organisent donc comme elles veulent. Et c’est là que le bât blesse.
Quelques dérapages
Les établissements imaginent différents systèmes pour alimenter la caisse de solidarité, avec quelques dérapages. Organiser une fête ou un événement, c’est replonger dans le portefeuille des parents à qui ces événements sont principalement destinés… "Les plus pauvres sont de facto exclus de ces activités", critique Christine Mahy du réseau wallon de lutte contre la pauvreté, qui insiste aussi sur la discrétion qui doit protéger toute demande d’aide. Et pas question que celle-ci doive être justifiée.
Il arrive que les parents soient invités à verser une cotisation annuelle. Les écoles qui la rendent obligatoire sont dans leur tort. Cet autre établissement prévient que celui qui n’y participera pas ne pourra pas, le cas échéant, en bénéficier. Très boiteux aussi, comme solution… La suivante est carrément hors-la-loi : le prix des voyages scolaires est systématiquement un peu gonflé pour alléger la facture de ceux qui ne peuvent pas payer. Or les frais demandés doivent correspondre au prix coûtant.
Réfléchir et mieux informer
Les pouvoirs organisateurs doivent tenir compte de la réalité financière des familles. Du coup, certains n’organisent par exemple un voyage scolaire qu’un an sur deux. Ou moins loin. Mais une bonne intention peut parfois se révéler discriminante. Comme dans cette école où trois catégories de voyages sont organisées pour la même classe : "Soit les enfants restent à l’école (50 €), soit ils vont en France (300 €) soit ils vont en Grèce (600 €)". Une réflexion s’impose dans toutes les écoles, vu les factures qui ne disparaîtront pas de sitôt malgré l’encadrement plus strict progressivement mis en place. "Une meilleure information des familles sur les aides qui existent est indispensable", conclut l’analyse.