Elections 2019: partis musulmans, extrême droite...: qui sont ces "petits partis" inscrits sur les listes?
Publié le 13-05-2019 à 07h05 - Mis à jour le 13-05-2019 à 16h00
Elles veulent offrir une alternative aux partis classiques. Collectif citoyen présente des candidats quasi partout.
Réenchanter la démocratie, renouveler le personnel politique, instaurer la transparence des institutions, garantir une véritable représentation des citoyens, promouvoir le référendum d’initiative citoyenne… Autant d’idées portées par les listes citoyennes. Elles seront plusieurs à réclamer les suffrages des électeurs le 26 mai, aux niveaux fédéral et régional, mais pas européen.
Le parti le mieux représenté est le Collectif citoyen. Fondé il y a quelques mois à partir du rassemblement de plusieurs dizaines de listes citoyennes locales candidates aux communales d’octobre 2018, ce mouvement est parvenu à présenter des listes presque partout. Pour la Chambre, il a des candidats dans toutes les circonscriptions, sauf Bruxelles et le Luxembourg. Pour le Parlement wallon, il est présent partout, sauf à Namur. Et il présente également une liste pour le Parlement bruxellois.
Le Collectif citoyen…
Objectif donc partiellement atteint pour le Collectif, qui voulait être présent partout. "Il nous a manqué un peu de temps pour constituer certaines listes, concède Olivier Carlens, le porte-parole. Cela demande beaucoup de temps et d’énergie, et nous, nous faisons cela après journée." Le Collectif visait également une liste pour le Parlement européen. "On y était presque, regrette M. Carlens. Sur les 5 000 signatures requises pour le dépôt d’une liste, il nous en manquait 200."
Le Collectif citoyen rêve d’obtenir un élu à chaque niveau de pouvoir. "Ce sera déjà bien si nous parvenons à atteindre le seuil électoral de 5 %. Mais si nous n’avons pas d’élu, nous continuerons notre combat. Nous voulons peser dans le débat. Nous sommes convaincus que notre projet a sa place dans la société. Nous sommes tous motivés et de plus en plus de gens se montrent intéressés."
Le projet du Collectif citoyen, justement, quel est-il ? "Ce projet, explique le parti, propose d’impliquer les citoyens dans la définition des choix majeurs qui seront nécessaires pour assurer la résilience de notre société face aux cinq enjeux qui menacent sa stabilité : environnemental, sectarisme, financiarisation, numérique et démographique." On ajoutera que le Collectif n’a pas de programme électoral. "Car un programme, ce ne sont que des mesures immédiates, à court terme, argumente M. Carlens. Nous, nous avons un projet de société à long terme."
… et les autres, à Bruxelles…
La tendance citoyenne sera également représentée par d’autres listes. À Bruxelles, pas de parti citoyen aux fédérales. Par contre, pour le Parlement régional, Plan B et Agora sont candidats. Plan B, qui avait déjà présenté une liste aux communales à la Ville de Bruxelles, promeut la transparence publique et le pouvoir décisionnel aux citoyens, via notamment les comités de quartier.
Agora, de son côté, prétend proposer la liste la plus jeune du pays, dont tous les membres ont été tirés au sort parmi les 150 membres de ce mouvement bilingue. L’objectif d’Agora, qui se présente dans le collège électoral néerlandophone, est de mettre en place une assemblée citoyenne dotée d’un pouvoir législatif et constituée d’un échantillon de Bruxellois tirés au sort et représentatifs de la population.
… et en Wallonie
Enfin, pour le scrutin régional wallon, on signalera la présence d’une liste Référendum dans la circonscription de Huy-Waremme. Sous cette bannière, c’est le Mouvement citoyens libres qui se présente. Il souhaitait se présenter dans d’autres circonscriptions, mais n’y est pas parvenu. Sa principale revendication : l’instauration du référendum contraignant d’initiative citoyenne, "afin que l’ensemble des citoyens puissent devenir maîtres de leur destin".
À la gauche de la gauche
Wallonie insoumise
Créée après le bon score électoral réalisé en 2017 par Jean-Luc Mélenchon et sa bannière France insoumise aux présidentielles de 2017, Wallonie insoumise présente quelques listes lors du scrutin du 26 mai, après avoir déjà tenté sa chance lors des élections communales et provinciales du mois d’octobre 2018. Pour faire court, Wallonie insoumise réclame une septième réforme de l’État pour accorder aux Régions une plus grande souveraineté. Wallonie insoumise veut se libérer du joug flamand, dit-elle. Elle réclame aussi, selon ses termes, une écologie populaire, une révolution fiscale et une amélioration du pouvoir d’achat, la refondation de la démocratie via un référendum d’initiative citoyenne, et une laïcité offensive.
Lutte ouvrière
Après les communistes purs et durs, voici les trotskistes. Lutte ouvrière se revendique de Léon Trotsky, compagnon de route de Lénine, assassiné à Mexico parce qu’il s’opposait à Staline et défendait le "vrai" communisme. "Nous sommes convaincus que les travailleurs peuvent remplacer le capitalisme par une société libre, fraternelle et humaine, car ils constituent la majorité de la population et font fonctionner toute la société. Et ils n’ont aucun intérêt personnel au maintien de l’actuelle société", explique le parti sur son site internet. Pour eux aussi, les prolétaires de tous les pays doivent s’unir. Lutte ouvrière, dont le pendant français était par le passé représenté par Arlette Laguiller, présentera une liste dans le Hainaut.
Parti Communiste de Belgique
Il est loin le temps où le Parti communiste affichait une bonne santé électorale en Belgique. Ses derniers députés furent élus dans les années 1980. Depuis, le parti vivote. Il a parfois changé de nom ou s’est scindé, mais il n’a jamais redécollé. Le PCB, Parti communiste de Belgique, tente donc sa chance sous la forme d’un parti unitaire, en solo, lors du scrutin du 26 mai. Il y a cinq ans, il était l’allié du PTB sur les listes PTB-GO. Le succès actuel du PTB laisse peu de chances au PCB, qui se présente dans le Hainaut. Un parti communiste propose un programme communiste. "Les richesses n’appartiennent qu’à ceux qui les produisent", disait le secrétaire politique de la fédération de Liège, Julien Hannotte, le 1er mai dernier. La dialectique est donc la même qu’il y a plusieurs décennies. Sur le site du parti on retrouve un slogan qui n’a jamais changé : "Prolétaires de tous pays, unissez-vous".
Demain
Le parti Demain, actif sur le terrain électoral depuis les communales d’octobre 2018, présente une liste dans la circonscription La Louvière-Soignies pour le Parlement wallon. Regroupant les survivants du Mouvement de gauche fondé par Bernard Wesphael (ex-Écolo) et de Vega créé par Vincent Decroly (ex-Écolo également), il se revendique de l’écosocialisme. Le parti fonde son programme sur cinq points forts : la recherche, la formation continue, l’économie sociale, l’associatif et le non-marchand. Pour réaliser ses objectifs, il propose, dit-il, un plan d’avenir rouge et vert.
À la droite de la droite
La Droite
Bien que certains aspects de la communication du parti lors des dernières élections communales pouvaient laisser penser qu’un glissement vers un programme plus dur était en train de s’opérer, rien ne laisse supposer aujourd’hui que ce parti soit d’extrême droite. Fondé par Aldo Mungo, un ancien du PP, La Droite a des propositions dures sur l’immigration. Le parti avait créé, il y a quelques années, une coupole nommée La Droite citoyenne visant à rassembler les formations situées à la droite du MR, mais il n’a pas réussi son pari puisque c’est sous le nom de La Droite qu’il sera présent lors du prochain scrutin. Il y a de nombreux mois, le PP avait refusé une alliance. Pour résumer fortement son programme, La Droite veut plus de libertés et moins d’État en diminuant notamment le nombre d’élus.
Turquoise
Le maître mot de ce parti, qui présente des listes dans le Brabant wallon, est liberté. Liberté économique, libre choix, liberté individuelle, liberté totale au niveau des modes de vie, etc. Ces occurrences se retrouvent dans les 12 points clés du programme de Turquoise. "Turquoise a pour mission de fédérer les mouvements politiques et citoyens qui souhaitent bâtir une société libre, tout en faisant preuve de réalisme et de pragmatisme. Tout en gardant leurs spécificités et sensibilités propres, les mouvements se réunissent autour de 12 points", lit-on sur son site Internet. Sans utiliser cette appellation, Turquoise est plutôt un parti libertarien catalogué vers la droite de l’échiquier parce qu’il prône une présence moins importante de l’État dans la vie des citoyens.
À l'extrême droite
Nation
Le mouvement Nation dit être la seule alternative à tous les autres partis. Il convient cependant de dépasser ce slogan pour comprendre qui est Nation : un parti d’extrême droite et rien d’autre. Il évoque "la dégénérescence du monde moderne", prône "l’immigration zéro", défend "la famille traditionnelle" et s’oppose à "l’homoparentalité", mais prétend respecter les "choix privés", tant qu’ils ne sont pas "dans une logique revendicatrice". Quant au président, sur son site internet, il s’affiche aux côtés de Jean-Marie Le Pen, l’ancien patron du FN en France. Chez Nation, mieux vaut être blanc.
Agir
Bien que se présentant sous le nom d’un parti d’extrême droite des années 1990, Agir est le parti héritier du FN Belge présidé dans les années 1990 par Daniel Féret, lui aussi d’extrême droite. La formation sera présente pour l’élection à la Chambre dans les provinces du Hainaut et de Namur, ainsi que dans quelques circonscriptions pour l’élection au Parlement wallon. Son programme, rédigé avec prudence, évoque la création de nouveaux centres fermés et la possibilité pour les citoyens "honnêtes" de se défendre. Le parti souhaite aussi un "renforcement des contrôles sur et autour du territoire".
Les Belges d’abord
Le parti qui se présentera au scrutin du 26 mai sous le nom "les Belges d’abord" est le successeur du parti qui s’est présenté sous le nom "Wallonie d’abord" en 2014. Il avait également fondé "Force nationale" pour faire concurrence au FN en 2004. La tête de liste liégeoise pour la Chambre est un ancien du FN belge qui fut député bruxellois sous cette bannière dans les années 1990. Le parti ne dispose apparemment plus d’un site Internet reprenant son programme.
Vlaams Belang
Le parti d’extrême droite flamand a déposé des listes au sud du pays. Une manière de capitaliser sur un nom qui a connu quelques succès retentissants en Flandre ces dernières décennies. En tête d’une de ses listes, on retrouve un ancien du FN belge, Patrick Sessler. Le Vlaams Belang est à l’extrême droite au nord du pays et à Bruxelles, il l’est tout autant en Wallonie. C’est la première fois qu’il présente des listes dans toutes les circonscriptions du pays pour la Chambre.
Les partis musulmans
Act-SALEM
La liste Act-SALEM se présente aux régionales à Bruxelles. Elle est emmenée par Michel Dardenne, un Belge converti à l’islam qui avait rejoint le parti Islam avant de le quitter pour divergence de vues. Act-SALEM prône la liberté du culte pour tous les croyants. Il s’oppose notamment à l’interdiction de l’abattage sans étourdissement. Il prône aussi l’introduction dans le calendrier de jours de congé différents selon la religion.
Be.One
Le parti fondé par le controversé Abou Jahjah se maintient dans la course électorale malgré des résultats décevants aux communales. Be.One s’inscrit dans le régime linguistique flamand où il sera plus simple de décrocher un élu. Il se présente comme l’antithèse de la N-VA, qualifiée de parti "raciste". Il refuse notamment l’interdiction du port du voile dans les administrations. Il appelle aussi à une "décolonisation" de l’espace public.
Hé (Humanité-égalité)
Hé est une liste ne comptant qu’une seule candidate : Isabelle Praille, une Belge convertie à l’islam qui a été vice-présidente de l’exécutif des musulmans. En 2018, elle s’était indignée des propos de Redouane Ahrouch, le fondateur du parti Islam, qui, dans un entretien à La DH , avait notamment jugé "inconcevable qu’une femme soit tête de liste". Elle joint donc le geste à la parole puisque la voilà tête de liste (mais sans autre candidat). Isabelle Praille s’était, entre autres, opposée à l’interdiction de la burqa, jugeant cette décision discriminatoire à l’encontre des musulmans.
Et puis les autres...
Be@eu
Sous ce nom un peu énigmatique se cache une liste avec un seul candidat, Philippe Latteur, qui se présente aux élections régionales à Bruxelles. En cherchant un peu, nous avons trouvé quelques propositions de cet ancien membre du MR. Il promet notamment la légalisation du cannabis, une allocation sociale universelle, une justice plus citoyenne, la neutralité journalistique, un frein à l’immigration et la réussite de l’intégration, etc. S’il est élu, il promet encore qu’à partir de 50 ans, un travailleur ne preste plus que trois jours par semaine. Enfin, selon Philippe Latteur, l’hydrogène est le carburant parfait. S.Ta.
DierAnimal
Le parti qui se présente aux électeurs sous le nom de DierAnimal se définit comme "le premier parti animaliste unifié, national et bilingue en Belgique. Ensemble, nous formons le visage et la voix des animaux, et ensemble nous voulons construire une société plus équitable pour tous, dont l’humain n’est pas le centre d’intérêt unique". DierAnimal aspire à une société "éthique où chaque individu se respecte, indépendamment de sa couleur, de son genre, de son âge, de son espèce, puisque nous considérons que tout être vivant possède des droits naturels", explique-t-il.