Au MR, tensions et embouteillages en vue pour la tête de liste bruxelloise
Une concurrence larvée a vu le jour entre Alexia Bertrand et David Leisterh pour emmener la liste régionale du MR en 2024.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/460c5baa-45dd-413e-bdda-a0279d78bd5c.png)
Publié le 01-09-2022 à 06h40 - Mis à jour le 07-10-2022 à 17h24
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/QYLW7WTCUNHX7PZK2M2Q3B4LPA.jpg)
La désignation d’Hadja Lahbib à la place de Sophie Wilmès, ce 15 juillet, comme ministre des Affaires étrangères, a provoqué un enchaînement de conséquences et de tensions au sein du MR bruxellois. Ce choix surprise de Georges-Louis Bouchez a réveillé certaines ambitions et fait naître des rivalités au sommet de la fédération bruxelloise du parti.
Une concurrence larvée a ainsi vu le jour entre Alexia Bertrand, cheffe de groupe MR au Parlement bruxellois, et David Leisterh, président du MR bruxellois, pour emmener les premières places de la liste régionale bruxelloise du MR et, en cas de succès, occuper la ministre-Présidence bruxelloise en 2024.
Comment en est-on arrivé là ? En 2020, la question de cette concurrence ne se pose pas encore. Alexia Bertrand et David Leisterh forment un binôme qui fonctionne en bonne entente. Lors d’un congrès, Georges-Louis Bouchez intronise même publiquement Alexia Bertrand comme candidate au poste de ministre-Présidente bruxelloise.
Un évènement vient modifier les équilibres, peu avant l’été. Sophie Wilmès, ministre des Affaires étrangères, annonce sa décision de quitter la politique jusqu’en 2024 pour des raisons privées.
Ce départ est dans l’air depuis des semaines. Et Alexia Bertrand, cheffe de groupe du MR au Parlement bruxellois, au vu de son CV, est immédiatement pressentie en interne pour la remplacer.
Les scénarios s’écrivent rapidement dans les têtes. Alexia Bertrand voit cette possible promotion prestigieuse d’un bon œil. Pour David Leisterh, ce départ éventuel ouvre une voie royale vers la tête de liste à la Région voire vers la ministre-Présidence bruxelloise. Des discussions ont lieu. Et puis, patatras.
Comme souvent, Georges-Louis Bouchez prend tout le monde de court. Il désigne Hadja Lahbib ministre des Affaires étrangères.
Pour Alexia Bertrand, que son président n'a pas envisagée pour le poste, la déception est forte. Quelques jours plus tard, elle met les choses au point. "Oui, bien sûr, je suis candidate à la ministre-Présidence bruxelloise en 2024", annonce-t-elle dans La Libre.
Les relations se sont rafraîchies
Un simple rappel ? À voir. Car si la situation était claire en 2020, elle semble l'être un peu moins dans la tête de certains libéraux, en cette fin d'été 2022. Les propos d'Alexia Bertrand ont beau avoir été appréciés par plusieurs mandataires bruxellois, la candidature n'a pas été appuyée publiquement par David Leisterh, ni par Georges-Louis Bouchez. Depuis cette sortie médiatique, les relations entre Leisterh et Bertrand se sont rafraîchies. La mise au point n'a pas encore eu lieu. "Ces tensions sont dommageables, à deux ans des élections. Il ne faut pas oublier qu'avant de distribuer les médailles, on doit d'abord gagner la coupe", pointe un mandataire MR.
Alexia Bertrand semble pourtant partir avec une longueur d’avance sur David Leisterh, de par ses derniers résultats électoraux et son rôle de leader libéral au Parlement bruxellois.
Ce raisonnement néglige un élément central : le président de parti choisit le ministre. Or, les désignations (Mathieu Michel, Adrien Dolimont, Hadja Lahbib) du Montois ont presque toutes pris de court les observateurs. Georges-Louis Bouchez osera-t-il en faire de même en désignant David Leisterh, par ailleurs son ami proche ?
Valérie Glatigny, une option pour la liste bruxelloise
Une donnée supplémentaire pourrait venir s'ajouter au tableau. Valérie Glatigny a annoncé mercredi son déménagement de Woluwe-Saint-Pierre à Auderghem. "Je viens en renfort, pour participer aux activités de la section locale", a-t-elle souligné dans la DH, dans une interview croisée avec David Leisterh. La ministre en a profité, chose rare, pour s'exprimer sur les matières bruxelloises. Le MR, qui ne compte que deux sièges à Auderghem, espère avec cette arrivée, convaincre le député Christophe Magdalijns (Défi), deuxième score de la liste du bourgmestre en 2018, de constituer une liste commune pour concurrencer la liste du bourgmestre en 2024.
Mais au-delà de l’aspect local, à bonne source au sein du parti, il nous revient que la ministre, outre la liste européenne, est envisagée comme une option sérieuse pour une seconde place à la Région bruxelloise. Or, en raison du mécanisme de la tirette, elle ne pourrait occuper cette place que si un homme (David Leisterh) figure à la première.
Pour ne rien simplifier, l’horizon s’est quelque peu bouché au fédéral pour Valérie Glatigny, et Alexia Bertrand. En effet, derrière Sophie Wilmès, qui devrait emmener la liste fédérale, la troisième place reviendrait logiquement à Hadja Lhabib. Il risque donc d’y avoir trois candidats pour deux places à la Région bruxelloise… Les places seront chères et les arbitrages probablement douloureux.