Schuiten "réémerveille" les chemins de fer
Visite du Train World. Une œuvre scénographique magique qui ouvre le 25 septembre.
Publié le 21-09-2015 à 19h32 - Mis à jour le 22-09-2015 à 07h52
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Il y a plus de 50 ans que la Belgique songe à se doter d’un "musée national des chemins de fer", rappelait hier un François Schuiten forcément enthousiaste. Le dessinateur de bande dessinée, choisi pour scénographier le Train World qui ouvrira ses portes au public le 25 septembre prochain, est intarissable sur la beauté des milliers d’objets, grands ou petits, que les chemins de fer ont produits. Leur "étrangeté" a quelque chose de fascinant. Une étrangeté que l’artiste a magnifiée jusque dans la démesure des immenses locomotives qui submergent le visiteur dès son entrée dans la première salle du musée.
L’univers Schuiten a bel et bien bien envahi ce bâtiment "simple", "industriel", planté à côté de la gare de Schaerbeek, l’habitant d’une sorte de magie chargée "d’entraîner le visiteur". Cet écrin accueille quelques-unes des plus belles pièces de la collection de la SNCB. 180 ans d’histoire y ont trouvé refuge et ce sera pour le ravissement des amoureux du rail et la découverte des néophytes. Dire que ces merveilles de locos et wagons dormaient pour la plupart depuis 1966 dans un entrepôt de Louvain. Ils reprennent presque vie tant ils en disent sur les époques qu’ils ont traversé. Une soixantaine de petits films projetés dans les salles d’exposition complète l’information.
Monstres d’acier
L’ambiance du Train World est volontairement sombre afin que la chaleur d’un éclairage ciblé arrose les pièces exposées, ravivant leur charme désuet tout en soulignant les lignes d’une mécanique impeccable. Petite, la plus ancienne motrice construite en Belgique (en 1844, soit 9 ans après la mise en service de la première ligne de chemins de fer de Belgique et d’Europe continentale reliant Bruxelles et Malines) côtoie de véritables mastodontes. Comme la Type 10 dont l’habitacle est accessible au public. Une petite volée d’escalier et vous voilà aux commandes de ces monstres d’acier.
Une salle des guichets d’époque
Le visiteur pénètre le Train World par la première gare de Schaerbeek (1887) avant de poursuivre, via la brasserie, dans un second édifice historique du site : la salle des guichets entièrement restaurée et dont le cachet 1930 est parfaitement préservé. Un véritable cadeau architectural, commente François Schuiten.
Il faut ressortir ensuite, longer les voies menant à la gare pour entrer dans le corps du musée : un bâtiment sobre et moderne de quelque 8 000 m2. Après la première salle exposant cinq locomotives et consacrée à l’histoire du réseau belge et européen, il faut passer par une forêt d’horloges, puis par une salle aux multiples objets. Signalisation, imposantes machines poinçonneuses de tickets s’offrant au regard dans une verticalité participant à la forte impression laissée au visiteur. La patte Schuiten opère en plein.
Bientôt celui-ci se retrouvera nez à nez avec la fameuse Type 12. Une loco construite en 1939 de l’imagination d’un ingénieur belge et d’un designer français. "On ne sait si l’engin vient du passé ou du futur", s’amuse François Schuiten qui, rappel, a fait des courbes folles de cette verte machine les héroïnes d’une BD ("La Douce").
"Lorsqu’on parle du train, on entend efforts budgétaires, sécurité, ponctualité, propreté, oubliant que les chemins de fer, c’est aussi du rêve et une fierté", a lancé Schuiten en substance lors de cette visite de presse organisée lundi. Le scénographe s’est donné pour objectif de "réémerveiller" le public avec cette riche histoire ferroviaire. Pari gagné.