Les visiteurs ont des droits à défendre
Tout ce week-end à Paris, jour et nuit devant les grilles du Grand Palais, ce furent des files pour tenter d’entrer encore à l’expo Monet. Une belle illustration pour le livre que Bernard Hennebert vient de publier sur les musées et leur public ("Les musées aiment-ils le public ?").
- Publié le 25-01-2011 à 04h15
- Mis à jour le 25-01-2011 à 08h32
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Tout ce week-end à Paris, jour et nuit devant les grilles du Grand Palais, ce furent des files pour tenter d’entrer encore à l’expo Monet. Une belle illustration pour le livre que Bernard Hennebert vient de publier sur les musées et leur public ("Les musées aiment-ils le public ?"). Une expo devient maintenant un "événement" et l’important est devenu de battre un record de fréquentation, quitte à forcer des visiteurs à attendre des heures, dehors dans le froid.
Bernard Hennebert est un empêcheur de tourner en rond, un gêneur, un électron libre et fier de l’être. Il prenait déjà la défense des téléspectateurs contre les dirigeants des chaînes. Ici, il tente de mobiliser les visiteurs des musées pour qu’ils puissent faire entendre leur voix. Il reproche aux musées d’être trop inféodés aux règles du marketing et du commercial, mais il oublie que, faute de cela, les musées se videraient à cause de l’absence désormais d’éducation artistique dans les écoles et de l’absence d’émissions artistiques à la télé, aux heures de grande écoute. Alors, le marketing, un mal nécessaire ? Sans doute pour amener quand même le public à voir des expos aussi magnifiques que Monet au Grand Palais. Mais Bernard Hennebert a raison de promouvoir un contre-pouvoir pour ne pas laisser le marketing et les intérêts commerciaux des musées, seuls à la manœuvre.
Son livre est le fruit d’années de lobbying et de plaintes citoyennes. Contre les musées qui n’affichent pas à l’entrée que certains de leurs chefs-d’œuvre sont absents pour rénovation ou prêt. Contre les hausses subites de tarifs. Contre les musées qui "oublient" de signaler les réductions auxquelles ont droit des catégories de visiteurs. Pour qu’on instaure une journée gratuite par semaine. Il s’insurge contre les publicités mensongères qui parlent d’expos "Tout Rembrandt" ou "Tout Léonard de Vinci", mais qui ne montrent en réalité que des simples reproductions.
Le consommateur attend dorénavant dans son supermarché que l’emballage du produit qu’il achète soit précis. Pourquoi ne pas exiger la même chose des musées ? Il rêve de musées qui "informent" avant de "communiquer". Il est heureux d’avoir "crié" quand un musée accepte alors de dire aux visiteurs chômeurs qu’ils ont droit à une réduction. Dès qu’une salle se ferme sans raison, ou qu’un petit musée (Meunier, Wiertz) devient quasi invisible, il monte au créneau. Il s’insurge des musées qui interdisent de prendre des photos uniquement pour accélérer les visites ou pour "booster" leur shop. Et il est fier d’avoir pu imposer à la Communauté française, un "code de respect des usagers culturels". Bref, un donneur de leçons, parfois partial, mais bien utile.
"Les musées aiment-ils le public ? Carnets de route d’un visiteur", par Bernard Hennebert, Couleur livres, 174 pp., 18 euros