El Hierro, l’île de toutes les errances
Série Pepe et Jorge Coira signent une série polychrome. A voir sur Arte ce jeudi, dès 20h55.
Publié le 19-09-2019 à 09h28 - Mis à jour le 19-09-2019 à 09h29
Série Pepe et Jorge Coira signent une série polychrome. A voir sur Arte ce jeudi, dès 20h55.
C’est dans une île reculée des Canaries, El Hierro, que les frères Coira, Pepe à l’écriture, et Jorge à la réalisation, plantent le décor de leur polar atypique. Une série en huit épisodes de quarante-cinq minutes coproduite par la plateforme espagnole Movistar et par Arte. Hierro s’appuie sur la personnalité de cette île de tous les extrêmes pour relever la narration.
Ses humeurs, notamment climatiques, accompagnent les personnages, soulignant leur caractère et leur couleur. Naviguant entre l’aridité et l’humidité, le chaud et le froid, Pepe et Jorge Coira proposent en permanence des ruptures de ton et d’ambiance. Et c’est précisément cette pluralité qui attrape le téléspectateur pour ne plus le lâcher.
Cette série est aussi l’occasion pour deux stars espagnoles (qui ont en commun d’avoir tourné avec Pedro Almodovar), Candela Peña et Darío Grandinetti, d’incarner deux personnages construits en miroir.
Comme l’affirment les créateurs de la série, El Hierro est "la pire affectation pour un juge". Or, c’est là que la juge Candela Montes a été mutée, contre son gré.
Sa première affaire va la plonger, sans palier de décompression, dans les eaux stagnantes d’une communauté insulaire qui voit son arrivée d’un très mauvais œil. D’autant que cette femme de caractère n’a pas sa langue en poche, et se moque des convenances.
Le drame a lieu la veille d’une noce. Au petit matin, alors que la mariée attend sur le pas de l’Église, un plongeur découvre le corps du fiancé. Aussitôt, le père de la mariée, Antonio Díaz Martínez (Darío Grandinetti) est soupçonné. Ce ténébreux exploitant d’une bananeraie (une couverture pour des activités moins licites) n’approuvait pas l’union de sa fille unique avec la victime. Et il traîne une condamnation pour homicide, bien qu’il ait purgé sa peine depuis longtemps. Afin de prouver son innocence, il va devoir enquêter de son côté, dos à dos avec la juge Peña, et se heurter, comme elle, à l’hostilité des îliens.
Si l’intrigue policière, elle-même, ne dénote pas particulièrement, Jorge Coira parvient, grâce au soin apporté à l’image, à magnifier les personnages, ambigus à souhait, dessinés par son frère : une galerie hétéroclite dont fait partie El Hierro elle-même.