Vaccins : ne devrions-nous pas céder notre place aux jeunes ?
Nous ne pouvons plus ignorer le mal-être psychologique de nos jeunes. Nous devons les reconnaître comme un groupe essentiel de notre société. Nous vous comprenons, vous qui avez entre 18 et 24 ans. Et tout comme vous renoncez à votre place dans le bus pour les personnes âgées, nous sommes maintenant prêts à renoncer à notre place pour le vaccin pour vous
- Publié le 01-02-2021 à 11h40
- Mis à jour le 02-02-2021 à 12h55
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Une opinion de Heidi De Pauw (CEO de Child Focus) et Sara Vercauteren (directrice générale du groupe Bepublic) cosignée par un collectif d'adultes (voir ci-dessous)
"L'ordre de vaccination n'est pas encore déterminé", "Seules les personnes déclarées essentielles seront prioritaires pour recevoir le vaccin", "Près de la moitié des jeunes entre 18 et 24 ans se déclarent peu satisfaits de leur vie selon les recherches de Sciensano" : tels sont les titres des journaux publiés récemment. En parallèle, de plus en plus de messages de jeunes sonnant l'alarme apparaissent sur les réseaux sociaux. Avec cette lettre ouverte, nous souhaitons tirer la sonnette d'alarme à leurs côtés : nous ne pouvons plus ignorer le mal-être psychologique de nos jeunes. Nous devons les reconnaître comme un groupe essentiel de notre société.
Parce que non seulement le bien-être mental est en jeu mais qu’également d'autres problèmes apparaissent : des jeunes qui cessent d'étudier parce qu'ils n’en ont plus les moyens car leur job d'étudiant n’est plus possible. Ou encore les jeunes qui font leurs premiers pas sur le marché du travail et qui n’obtiennent pas de contrat à durée indéterminée ou qui sont au chômage depuis plusieurs mois.
Ici et là, de nombreux jeunes osent désormais prendre la parole, s'excusant parce qu'ils savent qu'”il y a de pires victimes de la crise du coronavirus" ou qu' “en général, ils vont encore bien”. Honnêtement, ils n'ont pas à s'excuser. Au contraire, ils devraient être autorisés à tirer la sonnette d'alarme encore un peu plus fort. Ou alors devrions-nous le faire pour eux. Nous ne pouvons plus ignorer ces signaux. Jeunes gens, nous entendons votre appel au secours. Mais cela, vous l'avez probablement déjà entendu trop souvent. Il est temps de mettre ces paroles en pratique. En tant que représentants d’une société dans son ensemble, il en est de notre devoir.
A tous ceux qui ont été jeunes
C'est pourquoi, dans cette lettre ouverte, nous (parents et autres adultes concernés) voulons faire un pas de côté. Parce que nous avons déjà beaucoup pu profiter de la vie : voyages, restaurants, concerts, bars... et que nous avons déjà bien mangé et bien bu, dans tous les sens du terme. Bien sûr, nous voulons que cela revienne, et bientôt. Mais avouons-le, nous en avons déjà eu beaucoup. Nous pouvons donc facilement attendre un peu plus longtemps pour reprendre complètement là où nous nous sommes arrêtés. Mais c'est différent pour les jeunes. Ils ne rattraperont jamais vraiment le temps perdu.
Vous vous en souvenez encore : quand vous aviez 16 ans et que vous êtes allé à votre première boum ? Quand vous aviez 17 ans et que vous partiez en vacances avec des amis pour la première fois ? Quand vous aviez 18 ans et que vous avez obtenu votre premier emploi ? Ou quand vous avez pu vous rendre pour la première fois dans un auditoire ? Quand vous aviez 19 ans et que vous avez rencontré ce garçon ou cette fille ? Vous en parlez probablement encore avec enthousiasme. Toutes ces premières expériences, toutes ces premières fois, sont formatrices pour le reste de votre vie. Contrairement aux années que nous passons à l'âge adulte, les années d'épanouissement sont courtes et si vous les manquez, elles ne vous seront pas rendues. Alors que nous pensons à des assouplissements aujourd'hui: pourquoi ne pas penser d'abord à nos jeunes, y compris ceux de 18 ans et plus, et à la façon dont ils peuvent déjà avoir un peu plus de liberté ? Par exemple, en se réunissant plus souvent, en allant de nouveau à l’auditoire, en étant présent lors de petits événements après avoir effectué un test rapide, ou simplement en pouvant faire plus de sport, marcher, ou simplement traîner sur les terrains de basket-ball ou dans les skate-parcs, ... sans crainte d'une amende.
Notre vaccin? Nous le leur donnons!
Et puis il y a les vaccinations. Il nous semble logique que les personnes âgées, les plus plus vulnérables et les personnes ayant un job essentiel soient vaccinées en premier. Tout le personnel de santé, au sens large du terme, doit être soutenu au mieux. Mais pourquoi ne pas donner la priorité aux jeunes entre 18 et 24 ans après eux? Redonnez-leur ce temps crucial pour qu'ils puissent se développer davantage - comme nous l'avons fait il y a longtemps.
Nous devons reconnaître la valeur ajoutée sociale de la jeunesse. Aujourd'hui, ils se forment. Demain, ils contribueront à déterminer les politiques, à alimenter notre économie et à élever la prochaine génération. Agir aujourd'hui pour leur bien-être mental est donc d'une importance sociale, à court et à long terme.
Bien sûr, nous ne résoudrons pas le problème du bien-être mental des jeunes en leur donnant la priorité pour un vaccin une seule fois. Une approche structurelle est nécessaire. Mais renoncer à notre place pour le vaccin pourrait être un premier pas, même s’il est symbolique. Nous leur donnons un signe qu'ils comptent dans notre société, dans laquelle il vaut la peine de s’investir.
Nous vous comprenons, vous les jeunes. Et tout comme vous renoncez à votre place dans le bus pour les personnes âgées, nous sommes maintenant prêts à renoncer à notre place pour vous.
=> Cosignataires : Peter Adriaenssens (psychiatre pour enfants), Christine Mussche (avocate), Sam De Bruyn (présentateur radio et tv), Luc Van Gorp (président Mutualité Chrétienne), Koen Wauters (tv presentator en zanger), Tim Van Aelst (réalisateur Shelter), Ann Caluwaerts (Executive Vice President Telenet), Youssef Kobo (director A Seat At The Table), Kürt Rogiers (personnalité télé), Frédéric Van Leeuw (Magistrat fédéral), Paul Lembrechts (président du conseil d'administration), Luc Colemont (Managing Director vzw Stop Darmkanker), Jan Van Biesen (directeur d’antenne Studio Brussel), Philippe Huyzentruyt (directeur général Groep Huyzentruyt), Chokri Mahassine (organisateur de Pukkelpop), Barbara Sarafian (actrice), Yasmien Naciri (entrepreneur/auteur), Eva Brems (professeure UGent), Filip Dewaele (CEO Dewaele Vastgoedgroep), Marc Fauconnier (creative consultant), Frederik Sioen (musicien), Thom Pelckmans (Pelckmans Uitgevers), Bieke Ilegems (présentatrice (du JT)), Milan Rutten (directeur Arenberg et OLT), Pieter Timmers (Vice Champion Olympique 100m nage libre), Liesbet Stevens (prof/Institut pour l’Egalité des Femmes et des Hommes), Peter Vindevogel (CEO Streamz), Tom Bonte (directeur général AB), Katelijne Van Lommel (psychologue pour enfants), Peter Quaghebeur (CEO Mediafin), Sergio Servellon (directeur de musée), Alexandre Huyghe (CEO Revive), Michael De Cock (Art Directeur KVS), Marie Loop (auteur), Jef De Smedt (acteur), Ann De Bisschop (auteur/experte en bien-être), Dieter Sermeus (coordinateur général Trix), Kristin Blondé (directeur marketing), Saida Sakali (VUB Fatima Mernissi chaire universitaire), Geert De Vlieger (présentateur de sport/analyste), Elke Jeurissen (entrepreneur), Marc Verstappen (directeur De Studio), Vicky De Beule (diététicienne /entrepreneur), Anja Peleman (managing director Bepublic Group).