"L’Allemagne a massivement profité de la crise grecque"

Un rapport chiffre le gain sur les intérêts à 2,5 milliards. Le député vert M. Kindner fustige le gouvernement allemand.

AFP

Un rapport chiffre le gain sur les intérêts à 2,5 milliards. Le député vert M. Kindner fustige le gouvernement allemand.Les ministres des Finances de la zone euro affichaient jeudi leur optimisme avant la réunion destinée à fixer les modalités de sortie de la Grèce des programmes d’aide dont elle bénéficie depuis huit ans, dont des mesures d’allégement de sa dette.

En huit ans, la Grèce a bénéficié de plus de 273 milliards d’euros d’assistance de la part de ses créanciers, zone euro et Fonds monétaire international (FMI), grâce à trois programmes d’aide. Une aide qui pourrait avoir bien rapporté à l’Allemagne, selon des chiffres divulgués par l’AFP.

En 2012, l’Eurogroupe avait décidé que les intérêts perçus sur la dette grecque seraient rétrocédés au pays. Mais cela ne s’est pas passé comme ça dans les faits. L’Allemagne a en effet conservé 2,9 milliards d’euros d’intérêts réalisés depuis 2010 sur les obligations grecques, selon un rapport parlementaire dont l’AFP a obtenu copie.

Arrangement "donnant-donnant"

Mené de 2010 à 2011 lorsque la Grèce commençait à être violemment attaquée par les marchés, le programme de rachat de dette grecque, le "SMP", a rapporté - à fin 2017 - 3,4 milliards d’euros d’intérêts à la Bundesbank, grande acheteuse de ces titres à côté d’autres banques centrales en zone euro, selon le courrier envoyé le 23 mai par le ministère des Finances allemand à Sven-Christian Kindner, député du parti des verts.

L’Eurogroupe avait décidé en février 2012 que ces intérêts perçus seraient reversés à la Grèce, en le faisant transiter par le mécanisme de sauvetage en zone euro, le MES. La Bundesbank a ainsi rétrocédé pour 527 millions d’euros d’intérêts en 2013, puis 387 millions en 2014, mais ce dernier montant est séquestré depuis au sein du MES, en faisant partie d’un total de 1,8 milliard d’euros.

Cet argent, destiné à rembourser des échéances de la dette colossale du pays, ne devait être débloqué que si Athènes menait un lot de réformes attendues de ses créanciers publics.

Cet arrangement donnant-donnant a volé en éclats en juin 2015, lorsque l’Eurogroupe a décidé de geler lesdits transferts de bénéfices en plein bras de fer avec le Premier ministre grec Alexis Tsipras. Il ressort pour l’heure un bénéfice pour l’Etat allemand de 2,5 milliards d’euros d’intérêts sur la dette grecque dont Athènes n’a jamais vu la couleur. S’ajoutent 400 millions d’euros d’intérêts perçus au titre d’un prêt à la Grèce par la banque publique allemande KfW. "Contrairement à tous les mythes, l’Allemagne a massivement profité de la crise grecque", a réagi le député Sven-Christian Kindner, qui fustige le gouvernement allemand d’avoir assaini le budget du pays "avec des milliards de bénéfices d’intérêt grecs".

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