Les parachutes dorés d’Amnesty

Mieux vaut allumer une bougie que maudire l’obscurité." Si la formule a l’air sortie de la sagesse chinoise, elle est surtout le slogan d’une organisation qui se bat depuis 1961 pour le respect des droits de l’homme dans le monde. "Indépendante" et "démocratique" , Amnesty International traverse pourtant une petite zone d’ombre.

A.M. (st.)
Les parachutes dorés d’Amnesty
©EPA

Mieux vaut allumer une bougie que maudire l’obscurité."

Si la formule a l’air sortie de la sagesse chinoise, elle est surtout le slogan d’une organisation qui se bat depuis 1961 pour le respect des droits de l’homme dans le monde. "Indépendante" et "démocratique" , Amnesty International traverse pourtant une petite zone d’ombre.

Publiés fin décembre 2010, les comptes de l’ONG révèlent que celle qui fut secrétaire générale d’Amnesty International (AI) entre 2001 et 2009, Irene Khan, a obtenu lors de son départ une indemnité de 600 000 euros, somme équivalente à quatre fois son salaire annuel. Un second membre de la direction d’AI, Kate Gilmore - proche collaboratrice de Khan - a été licenciée à la même époque, empochant pour sa part 370 000 euros.

Une procédure légale au Royaume-Uni, où l’ONG est basée : selon le droit britannique, l’ex-secrétaire générale pouvait prétendre aux mêmes droits que dans le cadre d’un contrat à durée indéterminée, puisque employée par Amnesty pendant plus de quatre ans. Mais parmi les six prédécesseurs d’Irene Khan à ce poste, personne n’avait jamais activé cette disposition. "Nous sommes extrêmement déçus de constater qu’Irene Khan a effectivement réclamé cette somme", assurent les responsables d’Amnesty Belgique dans un communiqué, ajoutant que "cela cadre mal avec une certaine conception de l’engagement que partagent l’immense majorité des deux millions de militants du mouvement" , bénévoles pour la plupart.

L’histoire d’Irene Khan à la tête d’Amnesty avait pourtant bien commencé. Après vingt ans passés au Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés, elle devient en 2001 la première femme - d’origine asiatique et de religion musulmane qui plus est - à accéder au poste de secrétaire générale de l’ONG. Malgré "le travail remarquable" réalisé par Khan, le Comité exécutif international (IEC) décide de s’en séparer fin 2008, comme l’explique son président, le Britannique Peter Pack. "Irene Khan n’a pas accepté ce verdict." C’est pour ne pas porter atteinte à sa réputation et pour éviter tout problème légal, dit-il encore, que l’IEC a choisi de signer avec Khan "un accord confidentiel" prévoyant de lui verser ces indemnités. "Au nom du comité, je tiens à m’excuser sans réserve pour la peine que cette décision a causée, et pour l’impact négatif qu’elle a eu sur l’organisation", explique Pack dans une lettre adressée aux membres et amis d’Amnesty. Pour les deux millions d’adhérents et de donateurs que l’ONG revendique dans plus de 150 pays, la nouvelle passe mal : le financement d’AI ne tient qu’à leur soutien.

"Ces défraiements n’ont pas handicapé les actions de recherche et de campagne d’Amnesty", affirme la section belge, qui se targue, elle, d’un budget serré et d’une gestion financière transparente, consultable en ligne. L’affaire Khan aura tout de même fait frémir la flamme d’Amnesty.

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