Rajoy contre-attaque par la voie légale et vise le portefeuille
- Publié le 17-09-2017 à 09h25
- Mis à jour le 17-09-2017 à 09h26
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Les bourgmestres catalans mis sous pression face à leur collaboration au référendum du 1er octobre.Environ huit mille personnes ont répondu présent pour le premier grand meeting de la campagne du référendum du 1er octobre. L’endroit choisi était Tarragone, une capitale de province dont le bourgmestre refuse la loi du référendum approuvée par le Parlement de Catalogne et déclarée illégale par le Tribunal constitutionnel. Le président Carles Puigdemont, son vice-président Oriol Junqueras et les principaux partis indépendantistes y ont participé dans une atmosphère de défi au Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy.
A Madrid, face à cette menace du référendum, on s’organise et outre les nombreuses actions judiciaires mises en branle, on a décidé de s’attaquer aussi aux moyens pour financer cette campagne.
Taper le portefeuille
La veille du meeting, Oriol Junqueras, leader de la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), avait envoyé une lettre officielle à Cristóbal Montoro - ministre espagnol des Finances - lui annonçant que la Generalitat (gouvernement catalan) n’enverrait plus son rapport financier hebdomadaire sur ses dépenses. Cette pratique fait partie du contrôle budgétaire en Espagne. Et en termes absolus, la Catalogne est la région espagnole la plus dépendante du Fonds de liquidités des communautés autonomes d’Espagne (FLA) : 53 milliards de dette catalane envers le FLA. En guise de réponse à Junqueras, Montoro a sorti son artillerie lourde : le ministère des Finances coupe le robinet financier à la Catalogne. Mais pour éviter l’effondrement des services publics, le ministère des Finances a décidé d’assumer "directement" les fiches de paie de tous les fonctionnaires catalans, ainsi que les factures des systèmes de santé et d’enseignement de la Catalogne. Selon les porte-parole du Premier ministre Rajoy, il faut éviter "qu’un seul euro des budgets publics" soit destiné au référendum. Montoro a aussi averti les banques pour écarter toute tentation de financer la campagne. "Ça va durer combien de temps ? Notre contrôle des paiements en Catalogne va durer jusqu’à la fin de cette situation exceptionnelle", a conclu le ministre.
Devant l’énorme tension, les quatre principales autorités de la Catalogne, Puigdemont et Junqueras, mais aussi la présidente du Parlement, Carme Forcadell, et la bourgmestre de Barcelone, Ada Colau (gauche non indépendantiste), ont signé une autre lettre dirigée au Premier ministre Rajoy et au Roi d’Espagne demandant "un dialogue ouvert et sans conditions". Ce vendredi, Ìñigo Méndez de Vigo, porte-parole du gouvernement espagnol, répondait - sans surprise - que "tout dialogue doit avoir lieu dans le respect de la loi".
Les bourgmestres sous pression
Entre-temps, petit à petit, les juges commencent à appeler les bourgmestres "collaborateurs" du référendum. Celui de Reus (104 000 habitants) sera le premier à comparaître le 21 septembre. Le procureur du Roi a prévenu aussi 55 000 citoyens susceptibles de recevoir une lettre leur demandant de participer obligatoirement - selon la Generalitat - à l’organisation des bureaux de vote. "Les citoyens ne sont pas obligés d’appliquer des dispositions déclarées suspendues ou annulées", proclament ensemble les quatre associations de la magistrature.
Hors la Catalogne, la bourgmestre madrilène Manuela Carmena (anciennement magistrate) a été empêchée par un juge d’accueillir dans la mairie madrilène une réunion de soutien au référendum catalan. Joaquim Bosch, porte-parole de l’association "Juges pour la démocratie", a suggéré "d’organiser le référendum comme au Québec ou en Ecosse, où le cadre légal a été organisé. Les garanties seraient claires, ce qui n’est pas le cas en Catalogne. Mais si le référendum catalan sort de notre ordre juridique, cela ne signifie pas qu’on peut le combattre - juridiquement - de n’importe quelle manière", a nuancé Joaquim Bosch.