Au Mali, le pouvoir semble actuellement incapable de contrer les opérations des djihadistes
Les djihadistes font monter la pression sur la junte malienne.
Publié le 28-07-2022 à 22h24 - Mis à jour le 28-07-2022 à 22h26
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Onze attaques terroristes en moins d’une semaine. Quinze militaires et trois civils tués, au moins une cinquantaine de blessés. Trois attaques coordonnées mercredi, cinq la semaine précédente dans le centre du pays et aux portes de Bamako et une attaque par deux camions suicides vendredi dernier à Kati, au centre du dispositif militaire de la junte malienne.
Cette multiplication d’attaques attribuées essentiellement au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, affilié à Al-Qaïda), inquiète au Mali mais aussi dans toute la région sahélienne car elle démontre la capacité de ces djihadistes à coordonner des actions dans plusieurs villes du pays et à viser le cœur de l’armée et la banlieue de la capitale, Bamako. Ces attaques démontrent aussi une capacité à perpétrer des actions dans le sud du pays jusqu’ici relativement épargné.
Une première
Cette coordination d’attaques à travers tout le pays est une première depuis le déclenchement, en 2012, d’insurrections indépendantistes et d’actions djihadistes sanglantes dans le nord.
Pour plusieurs spécialistes de la région, il ne fait guère de doute que cette offensive djihadiste a été lancée pour défier la junte militaire au pouvoir et les mercenaires russes du groupe Wagner qui la soutiennent. Depuis le début de l’année, le régime militaire ne cesse de marteler qu’il a fait de la lutte contre le "fléau djihadiste" le centre de ses préoccupations.
Le groupe djihadiste a démontré par ses actions qu’il peut défier le pouvoir et qu’il a la capacité de cibler le cœur du régime. En portant des coups dans le sud du pays, largement favorable à la junte, il espère aussi instiller le doute dans l’esprit de ces populations en démontant le discours d’un régime qui tente d’afficher un bilan positif face à ces "terroristes".
Depuis la mi-juillet, les djihadistes ont démontré qu’ils ne sont aucunement fragilisés. Beaucoup craignent que ces opérations commando des terroristes ne soient pas des actions limitées dans le temps mais le début d’une longue série d’actions qui visent à harceler le pouvoir et à mettre sous pression les Forces armées maliennes (Fama).
"Si vous avez le droit d’engager des mercenaires pour tuer des innocents sans défense, alors nous avons le droit de vous détruire et de vous cibler", a prévenu samedi dernier l’organe de propagande du GSIM dans son message de revendication des attaques de Kati.
Tentative de réponse
Dans ce contexte, en difficulté sur le terrain militaire, bientôt complètement privées de la présence militaire occidentale avec le retrait forcé de l’opération française Barkhane et de sa petite sœur européenne, les autorités maliennes tentent de mobiliser toutes les strates de la société malienne et de mettre en place toutes les parades pour contrer ces actions djihadistes.
C’est ainsi que mardi, le ministre des Affaires religieuses, des cultes et des coutumes a invité l’ensemble des confessions et associations religieuses à "des séances de prières et de bénédictions pour la paix et la stabilité au Mali".
Mercredi, le gouverneur de la région de Douentza, dans le centre, a interdit la circulation des véhicules de 18 heures à 7 heures du matin dans la ville de Douentza.
En fin de semaine dernière, la direction des aéroports du Mali avait annoncé un "renforcement des mesures de contrôle au niveau des check-point d’accès" à l’aéroport de Bamako, et "exhorté les usagers à réduire leurs déplacements sur les lieux, sauf en cas de nécessité".
Les positions des deux camps se radicalisent, la piste un temps avancée d’une tentative de dialogue semble appartenir résolument au passé.