Draguet en interim au Cinquantenaire

La ministre de la Politique scientifique, Sabine Laruelle (MR), a nommé Michel Draguet, actuel directeur du musée des Beaux-Arts à Bruxelles, comme directeur ad interim du musée du Cinquantenaire à partir du premier août. Il cumulera les deux fonctions, le temps de nommer un nouveau directeur au Cinquantenaire. Il s’agit d’abord d’assurer la gestion journalière du musée, mais au-delà de cela, ce choix apparaît comme un signal fort pour annoncer des réformes au Cinquantenaire et un possible regroupement des deux musées que Draguet appelait de ses vœux.

Guy Duplat

La ministre de la Politique scientifique, Sabine Laruelle (MR), a nommé Michel Draguet, actuel directeur du musée des Beaux-Arts à Bruxelles, comme directeur ad interim du musée du Cinquantenaire à partir du premier août. Il cumulera les deux fonctions, le temps de nommer un nouveau directeur au Cinquantenaire. Il s’agit d’abord d’assurer la gestion journalière du musée, mais au-delà de cela, ce choix apparaît comme un signal fort pour annoncer des réformes au Cinquantenaire et un possible regroupement des deux musées que Draguet appelait de ses vœux.

Mais il faut partir d’abord du Cinquantenaire qui a connu depuis vingt ans, bien des déboires. On se souvient de la gestion contestée de Francis Van Noten qui dut prendre une prépension précipitée en 2000, dans une ambiance délétère où on parlait de gestion calamiteuse des réserves, voire de disparitions de pièces. Déjà alors, le ministre de tutelle fit appel à la directrice du musée des Beaux-Arts de l’époque, Eliane de Wilde, pour assurer un interim et une meilleure gestion. Eliane De Wilde occupa les deux postes, de septembre 2000 au printemps 2001. On nomma à ses côtés deux "ordonnatrices", Anne Cahen et Pascale Vanderveeren. La première fut nommée directrice faisant fonction en juin 2001 puis directrice, un poste qu’elle occupa jusqu’à sa pension, en mars dernier.

Si elle a réussi plusieurs défis (les salles d’art arabe, le lancement des salles Art Nouveau, etc.), la gestion du musée reste un objet de polémique. Il y eut le long conflit sur celle du Mim (musée des instruments de musique) entre Anne Cahen et Malou Haine qui fut finalement déplacée au musée des Beaux-Arts, chez Draguet. Un rapport récent a encore épinglé des manquements dans la gestion des réserves. Le Cinquantenaire reste une machine très lourde à gérer et animer.

Un appel à candidatures fut lancé. Une première épreuve a eu lieu, mais la crise gouvernementale a reporté à plus tard la nomination d’un nouveau directeur. Les épreuves orales pour les huit candidats en lice prévues en juin ont été remises à septembre et le choix n’aura lieu qu’à la fin de l’année et encore, pour peu qu’un gouvernement soit alors en place. La directrice précédente Anne Cahen partie, il y a eu l’interim de Claudine Deltour mais celui-ci se termine fin juillet, Mme Deltour partant à son tour à la pension. Parmi les candidats, rappelons qu’il y a l’excellent académicien, spécialiste des monnaies, chef de département à la Bibliothèque royale, François de Callataÿ, Didier Viviers, qui tient la chaire d’histoire du monde grec à l’ULB et est doyen de la faculté de Philosophie et Lettres et académicien, Constantin Chariot, qui gérait jusqu’ici les musées liégeois, et est passé depuis à la tête de l’antenne belge de la maison de vente Pierre Bergé, Antonio Nardone, directeur d’une revue d’art (Artenews) et d’une galerie d’art et le néerlandophone Wim De Vos, des Sciences naturelles, actuellement au cabinet de la ministre Laruelle.

En attendant, la ministre devait bien trouver un directeur ad interim. Le nom de Michel Draguet revenait avec insistance depuis des mois. On annonçait qu’il avait posé sa candidature pour cumuler les deux postes. Mais il a nié être candidat à diriger le Cinquantenaire en l’état des choses. Il ne veut pas "faire d’Opa" sur le Cinquantenaire, mais il expliquait qu’il voulait lancer un signal pour "faire bouger les lignes". Il estimait que dans le paysage budgétaire et institutionnel, il faut réaliser des économies d’échelle en regroupant les institutions du "pôle A" de la politique scientifique (les musées des Beaux-Arts, le Cinquantenaire avec le Mim et l’Irpa, l’Institut royal du patrimoine artistique). Avec une coupole chapeautant les trois institutions (il est candidat à diriger la coupole si elle se crée), on pourrait, expliquait-il, redéployer plus logiquement les collections et mutualiser des fonctions administratives.

Hier, Michel Draguet se refusait à tout commentaire avant d’avoir rencontré la ministre. Sa nomination comme directeur intérimaire n’est donc pas une nouveauté, Eliane De Wilde l’a fait aussi, et ne l’autorise qu’à gérer le "day to day", mais elle apparaît comme un signal de vouloir prendre en main les problèmes du Cinquantenaire et peut-être "faire bouger les lignes" entre les musées sous la prochaine législature. On sait que c’est au printemps prochain que les mandats des directeurs des dix établissements scientifiques fédéraux arrivent à leur terme. Un moment adéquat pour "décloisonner" les collections fédérales?

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