Pourquoi le parti Islam offre un cadeau à la campagne identitaire de la N-VA
Publié le 07-04-2018 à 08h32 - Mis à jour le 08-04-2018 à 09h12
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Le fondateur de la petite formation islamiste refuse la présence de femmes en tête de ses listes électorales.
L’histoire politique ne coule pas de manière régulière tel un fleuve calme. Elle est parsemée de petits et grands moments d’accélération. Les déclarations de Redouane Ahrouch, fondateur du parti Islam, dans la "DH" de vendredi, constituent peut-être le catalyseur qui précipitera le pays dans une campagne électorale marquée par les thèmes identitaires. Dans cette interview, l’homme rejetait le principe de la présence d’une femme en première place sur l’une des listes Islam. Pour rappel, créé en 2012, Islam a pour objectif l’établissement d’un Etat islamique en Belgique et l’instauration de la charia. Islam présentera une liste dans 14 des 19 communes bruxelloises lors des élections communales. Cette formation atypique sera également présente en Wallonie.
"L’homme doit tirer la liste"
Interrogé sur la parité hommes-femmes en politique, Redouane Ahrouch, par ailleurs conseiller communal à Anderlecht, a répondu précisément ceci : "Cette parité ne m’embête pas. Tout le monde a une fille, une sœur, une femme. Mais nous, ce que l’on prône, c’est qu’il y ait d’office un homme qui soit positionné en tête de liste. Un homme vrai, courageux. J’estime que l’homme doit tirer la liste, c’est logique. L’homme devant, la femme derrière, et comme ça, elle se sent aussi en sécurité. Il est pour moi inconcevable qu’une femme tire la liste sauf si vraiment il n’y a aucun autre candidat de disponible." Dans la presse flamande, Islam a également proposé de séparer les hommes et les femmes dans les transports en commun.
Tout ceci, c’est du pain bénit pour la N-VA. Les propos du créateur d’Islam justifient a posteriori l’adaptation du discours des nationalistes flamands il y a déjà plusieurs mois : dans leur rhétorique, ils délaissent désormais les conflits communautaires et privilégient les questions identitaires (le respect des valeurs occidentales, la place de l’islam, la politique migratoire, l’intégration, la citoyenneté…). Une manière de contrer tout retour en force du Vlaams Belang au détriment de la N-VA, certainement…
"Des loups déguisés en agneaux !"
Quoi qu’il en soit, l’idéologie est au point et les personnalités charismatiques pour la porter jusqu’aux scrutins sont connues. Faut-il le rappeler, Bart De Wever et Theo Francken multiplient les sorties médiatiques pour couvrir ce terrain politique. Et sur Twitter, ils ont violemment réagi aux idées défendues vendredi par Islam. "Aucune concession possible sur les valeurs des Lumières. Ceux qui veulent faire cela feraient mieux de partir ailleurs", a commenté le président de la N-VA.
"Un parti politique nommé Islam grandit en Belgique. Ils appellent sans complexe à l’introduction de la charia. La charia est en violation avec les droits de l’homme. Les partis pour la charia sont donc antidémocratiques. De vrais loups déguisés en agneaux !", a twitté le secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration.
De Wever et Francken n’allaient évidemment pas se priver…
Pas d’école de conduite pour femmes
Derrière eux, toute la N-VA semble sur la même ligne. Ben Weyts, notamment. Le ministre flamand de la Mobilité s’est montré inflexible vendredi face une initiative visant à créer à Merksem une école de conduite seulement pour les femmes, avec des instructrices uniquement. "Ce projet n’aura jamais d’autorisation de ma part, cela doit être un poisson d’avril un peu tardif. Je soupçonne certains de vouloir profiter de croyances répréhensibles qui visent à séparer autant que possible les hommes et les femmes", a déclaré Ben Weyts.