Gand et Bruges cherchent à limiter les effets néfastes du tourisme de masse
Anvers propose d’accueillir les touristes dont Gand et Bruges ne veulent pas : “Ils sont les bienvenus.”
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- Publié le 10-06-2023 à 15h02
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Trop de touristes tue le tourisme. Selon De Standaard, Bruges et Gand cherchent des moyens de lutter contre les effets néfastes du tourisme de masse. Bruges fut la première ville flamande en 2019 à limiter l’amarrage de paquebots dans le port de Zeebruges afin de limiter le flot de touristes dans la 'Venise du Nord”. Le nouveau règlement stipulait que deux navires maximum pouvaient jeter l’ancre en même temps. “Cela fait quand même encore deux fois 8 000 visiteurs qui, aussitôt débarqués, se rendent au centre-ville rien que pour quelques heures”, affirme Mieke Hoste (Vooruit), l’échevine du Tourisme à Bruges. L’élue pense qu’il faudrait étaler dans le temps les périodes de rush et les périodes calmes. “Tout le monde serait gagnant”, dit-elle.
Bienvenue à Anvers et à Bruxelles
Dans le port de Gand, le nombre de bateaux de croisière est limité à dix. “Quand je vois le nombre de touristes que ces embarcations déversent l’espace de quelques heures au centre-ville, je me dis que c’est exagéré”, constate l’échevin du Tourisme à Gand, Bram Van Braeckevelt (Groen). Dans la ville de la Lys, le nombre de touristes a augmenté de 10 % depuis la fin du Covid. Selon l’élu gantois, qui a décidé de limiter à quatre le nombre de bateaux de croisière fluviale à partir du printemps prochain, la pression sur le marché immobilier est énorme en raison de la présence de plus en plus importante des Airbnb.
En revanche, Anvers ne voit pas où est le problème. Dans le deuxième port d’Europe, “on aime qu’il y ait de l’ambiance sur les quais”, affirme l’échevin du Tourisme Koen Kennis (N-VA). Un nouvel embarcadère pour navires de croisière avait été inauguré près du château du Steen il y a deux ans par l’échevin. Selon l’élu nationaliste, les Anversois adorent voir ces géants des océans amarrés aux quais.
Même son de cloche dans la Capitale. Bruxelles ne se fait guère de souci quant aux éventuels effets négatifs du tourisme de masse. “Bruxelles n’est pas Bruges. À Bruxelles il n’y a pas de tourisme de masse même si le nombre de visiteurs étrangers augmente, mais nous avons les moyens de les accueillir”, affirme l’échevine du Tourisme de Bruxelles Delphine Houba (PS).
Pour le “tourisme pyjama”
Une étude de Tourisme Vlaanderen révèle qu’un peu plus de la moitié des Anversois est favorable à la présence de touristes de croisière dans leur ville. À Gand, c’est l’inverse, 50 % des Gantois souhaitent que le nombre de touristes dans leur ville baisse. Anvers propose même d’accueillir les touristes que Gand refuse : “Ils sont les bienvenus. Nos commerçants et le secteur horeca seront ravis de les voir venir”, lance l’échevin Koen Kennis qui affirme qu’Anvers accueille entre 20 et 40 navires de croisière (de taille moyenne) par an et ce depuis dix ans.
Son collège gantois n’est pas du même avis. Bram Van Braeckevelt estime qu’il faut repenser le tourisme de masse. Arrivés en car, ces visiteurs visitent l’une ville après l’autre, ils passent leur temps à faire des selfies. “Il faut diminuer le tourisme selfie et encourager le tourisme pyjama”, ironise l’échevin qui souhaiterait que les touristes prolongent leur séjour à Gand. “La plupart des visiteurs ne restent que quelques heures. Ceux qui restent passent la nuit dans des Airbnb. Nous ignorons leur nombre”, conclut-il.
Le gouvernement flamand sait aussi que le tourisme de croisière risque d’entraîner une accélération de la pollution sur les lieux du “surtourisme”. Selon des experts, ce tourisme de masse a des effets dévastateurs sur l’environnement et sur la population locale. Lorsqu’ils sont à quai, les moteurs des paquebots restent en activité, afin de pouvoir alimenter le bateau en énergie. La ministre flamande de l’Environnement Zuhal Demir (N-VA) avait reconnu récemment, à l’occasion de la présentation d’une étude de Tourisme Vlaanderen, qu’il faudra repenser le tourisme de croisière en Flandre et à Bruxelles.