Selick et l’envers du relief

Emménageant dans une nouvelle maison avec ses parents, la petite Coraline découvre une porte sur l’Autre Monde, où elle rencontre une version plus gentille de ses géniteurs. Henry Selick (“L’Etrange Noël de Monsieur Jack”) revient à l’animation de marionnettes avec ce film de très belle facture mais qui manque cruellement de rythme. 1h40.Henry Selick: le succès, l'échec et l'erreurVoir la bande-annonce de Caroline

A.Lo.
Selick et l’envers du relief
©LLB

Revoici le réalisateur américain Henry Selick avec un film d’animation. L’ennui, pour le bonhomme, c’est que son association avec Tim Burton sur "L’Etrange Noël de Monsieur Jack" colle à la rétine des spectateurs. Et "Coraline" n’arrangera pas l’affaire. Bon, d’accord, on peut évidemment rétorquer que "L’Etrange Noël..." est un film de Selick (et pas de Burton, même si c’est son univers) et que la patte burtonienne de "Noces funèbres" doit aussi beaucoup à Mike Johnson - qui a œuvré avec Selick sur ses deux premiers longs métrages (dont "L’Etrange Noël...", donc).

Selick adapte, cette fois, un conte de Neil Gaiman, fameux scénariste et écrivain britannique, qui vise les enfants avec ses univers cauchemardants. Son héroïne, Coraline Jones, est une gamine solitaire, forcée de suivre des parents bien peu préoccupés par leur progéniture dans une nouvelle retraite, isolée au fond d’une campagne sinistre. Coraline hérite d’un petit voisin une poupée qui l’amène à découvrir un placard caché, porte vers l’Autre Monde, où vivent des répliques de ses parents..., à cette différence près qu’ils se plient en quatre pour satisfaire tous ses désirs.

Dès le générique (aux relents d’"Edward aux mains d’argent", décidément : il est vrai que la musique très elfmanienne de Bruno Coulais n’aide pas à voir les choses autrement...), on se laisse happer par l’univers, l’ambiance et les personnages. Pourquoi, alors, l’intérêt retombe-t-il ? Les rebondissements sont éculés. La magie, parfois, n’opère plus, tant on reste sur des motifs vus et déclinés ces dernières années. Henry Selick, excellent faiseur, n’est sans doute pas un auteur : habile à donner vie aux univers des autres, il lui manque la petite étincelle qui en ferait un créateur. Le film pâtit peut-être également de son statut de "premier film en stop-motion réalisé en 3D stéréoscopique" - comprenez : pour une vision en relief. La technique impose, évidemment, un rythme différent qui, sur écran classique, plombe manifestement cette œuvre, qui reste pourtant d’une très belle facture artistique.


Réalisation et scénario : Henry Selick d’après le roman de Neil Gaiman. Musique : Bruno Coulais. Avec les voix de : Dakota Fanning, Teri Hatcher, Ian McShain..., 1h40

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