"Discovery" repousse les frontières de "Star Trek"
Publié le 28-09-2017 à 11h49 - Mis à jour le 28-09-2017 à 11h50
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Le cinquième spin-off de la saga rompt des conventions et s’inscrit dans l’air suffoquant du temps. Sur Netflix.L’univers "Star Trek" revient sur le petit écran, douze ans après "Star Trek : Enterprise". "Star Trek : Discovery", cinquième spin-off de la saga spatiale créée par Gene Roddenberry en 1967, est diffusée sur Netflix depuis le 24 septembre.
Dix ans avant la série originelle (ou les nouveaux films), les Klingons sortent de l’ombre après un siècle d’absence. Michael Burnham, alias "Numéro Un", premier officier du capitaine Philippa Georgiou, pressent que ce ne sera pas pour "venir en paix".
Elevée par un Vulcain (père du mythique Spock), Burnham allie la froide logique de ses mentors avec les émotions plus sanguines de sa nature humaine (plus proche en cela du capitaine Kirk des origines que du Picard de "Next Generation").
Klingons, Vulcains et Kelpiens
Les fans s’amuseront. Les Klingons parlent vraiment le klingon. Il y a un officier scientifique alien, Saru. Si le Spock des origines fut le premier Vulcain à servir sur un vaisseau de la Fédération, Saru est le premier Kelpien, nouvelle espèce singulière, élevée pour être au bas de la chaîne alimentaire - ce qui en fait l’officier le plus prudent de l’univers. Les deux premiers épisodes mettent le paquet sur les effets spéciaux.
Autre point fort : le casting rassemble des acteurs familiers pour les amateurs de séries ou de films de genre : Sonequa Martin-Green (Burnham) s’est distinguée dans "Walking Dead"; Georgiou est incarnée par Michelle Yeoh; derrière Saru se cache Doug Jones, contorsionniste vu dans les films de Guillermo del Toro; Jason Isaacs (le Lucius Malfoy des "Harry Potter") tiendra aussi un rôle récurrent.
Faisant leur l’adage de la série originale - ("S’aventurer là où personne n’est jamais allé"), les concepteurs de "Discovery", Bryan Fuller et Alex Kurtzman, rompent avec certaines conventions imposées jadis par Roddenberry. Le premier rôle n’est pas la commandante du vaisseau, mais son second. L’adversaire n’est pas qu’extérieur mais intérieur (Roddenberry estimait que l’équipage devait faire corps). Burnham se mutine dès le premier épisode et n’hésite pas à professer l’attaque préventive face à une menace. Si elle n’est ni le premier officier afro-américain ("Deep Space Nine") ou féminin ("Voyager"), elle est la première à cumuler les deux caractéristiques. C’est aussi la première fois que le capitaine et son second sont deux femmes : la Fédération de l’an 2257 est doublement plus progressiste que celle de 2267.
Air du temps
Les séries "Star Trek" ont souvent respiré l’air de leur temps : la conquête spatiale, "dernière frontière" ("Star Trek", 1967-1969), un nouvel ordre mondial post-guerre froide ("Next Generation", 1987-1994), une force de pacification après la guerre en ex-Yougoslavie ("Deep Space Nine", 1993-1999).
"Discovery" ne fait pas exception. La double culture de Burnham augure de questions identitaires (a fortiori avec une actrice afro-américaine dans le rôle) tandis que le Klingon T’Kuvma se pose en martyr et veut rendre sa grandeur à son peuple. "Discovery" serait-elle la première série de l’ère Trump ?