Le travail hybride, opportunité unique pour la neurodiversité

L’exclusion des personnes neurodiverses est inexplicable à l’heure où il est de plus en plus difficile de recruter de nouveaux talents dans le domaine des TIC. Une chronique d'Arnaud Bacros, General Manager Belux chez Dell Technologies.

Contribution externe
Au bureau, différents outils (comme un bon casque audio) peuvent aider à la concentration.
Au bureau, différents outils (comme un bon casque audio) peuvent aider à la concentration. ©Copyright (c) 2019 Zivica Kerkez/Shutterstock. No use without permission.

Environ 15 à 20 % de la population s’identifient en tant que personnes neurodiverses (personnes qui, en raison de différences neurologiques, cognitives et psychologiques, ont une façon atypique de penser et de ressentir les choses). Il est donc surprenant que neuf personnes sur dix sur le spectre de l’autisme soient sans emploi ou occupent des postes bien en deçà de leurs capacités. Les employeurs qui valorisent réellement la diversité ne doivent surtout pas perdre de vue ce pool “neuro”. La neurodiversité ne peut en effet qu’accroître la richesse des talents dans une organisation. Les personnes neurodiverses sont très créatives, axées sur la résolution des problèmes et particulièrement attentives aux détails.

Découvrir des bugs dans les applications

Une équipe diversifiée aborde les problèmes et les solutions sous différents angles. C’est d’autant plus vrai pour les personnes qui se situent quelque part sur le large spectre de la neurodiversité. Leur exclusion est non seulement une injustice sociale mais elle est aussi inexplicable à l’heure où il est de plus en plus difficile de recruter de nouveaux talents. Certaines entreprises commencent heureusement à le comprendre. Des organisations cherchent à faire évoluer les mentalités. Passwerk offre ainsi aux personnes porteuses d’autisme l’occasion d’exploiter leurs atouts sur le marché de l’emploi.

À titre d’exemple, Belfius collabore avec cette organisation depuis plusieurs années et recrute des personnes sur le spectre autistique. Les tâches confiées à ces consultants externes étaient initialement centrées sur les tests d’applications, un travail fastidieux et peu apprécié par le département IT de l’entreprise. Ces professionnels caractérisés par leur extrême attention pour les détails ont en outre pu découvrir des bugs que personne d’autre n’aurait pu repérer. La banque fait désormais appel à eux pour des tâches liées aux logiciels, au développement et à la configuration, ainsi qu’au sein de son IT Security Operations Center.

Le spectre est tellement large que le réservoir de talents est également très diversifié. Le monde de la cybersécurité, par exemple, regorge d’opportunités, avec plus de 300 000 postes vacants à l’heure actuelle.

Travail hybride et technologie

À l’heure où le travail hybride est entré dans les habitudes des entreprises, l’opportunité d’embrasser la (neuro) diversité sous toutes ses facettes est énorme. L’environnement de travail flexible peut réellement faire la différence pour les personnes sur le spectre. Avec des solutions comme le travail à distance, des horaires adaptés et d’autres ajustements pour une ambiance de travail plus inclusive. Pour les personnes qui se sentent trop stimulées dans un environnement de bureau, la technologie permet parfaitement de travailler à domicile tout en ayant le sentiment d’appartenir à l’équipe. Et pour celles qui préfèrent être au bureau, différents outils (comme un bon casque audio) peuvent les aider à se concentrer. D’autres technologies peuvent, par ailleurs, faciliter le travail aux personnes à besoins spécifiques, comme les logiciels de synthèse vocale pour les travailleurs dyslexiques.

Certaines organisations hésitent encore, de peur de compromettre la productivité de leurs équipes. Mais dans la pratique, mettre l’accent à la fois sur le travail hybride et sur la neurodiversité a souvent pour effet de stimuler la productivité. Bien sûr, cela nécessite quelques changements dans l’environnement de travail mais la plupart des ajustements profitent également au reste de l’équipe. La technologie est l’un des principaux leviers pour y parvenir. De nombreuses organisations mettent l’accent sur l’hyperpersonnalisation pour leurs clients mais oublient d’en faire de même pour leurs collaborateurs. Y compris dans les procédures de sélection et de recrutement. Ne pas se demander si la personne convient à l’entreprise mais ce qu’elle peut lui apporter.

Pas d’étiquette mais une opportunité

Il faut offrir la technologie adéquate mais aussi une culture ouverte qui accepte les différences entre les travailleurs et qui reconnaît et récompense chacun en fonction de son expertise. Dans les équipes, mettre l’accent autant que possible sur les rôles plutôt que sur les fonctions pour que chacun puisse exploiter au mieux ses compétences. Moyennant une bonne préparation et un environnement libéré de tout préjugé, chaque entreprise peut intégrer la neurodiversité dans ses équipes.

Les entreprises animées de bonnes intentions font de la neurodiversité un objectif. Il n’y a pas lieu d’attendre. D’une part, parce que nous ne pouvons pas nous le permettre, vu la pénurie aiguë de profils sur le marché du travail. Et d’autre part, parce que la nouvelle génération de talents est très consciente de la problématique.

Ces dix prochaines années, on peut s’attendre à ce que la neurodiversité fasse l’objet d’une attention croissante des entreprises. Tout commence par un changement de mentalité. Et par la prise de conscience que la neurodiversité est une opportunité unique pour le monde de l’entreprise.

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