Les métavers se profilent comme les futures "vaches à lait" des géants de la tech
Dans le nouveau monde des "métavers", on parle d’ores et déjà en "millions d’utilisateurs" et en "milliards de dollars", signe que l’on n’est pas en présence d’une mode sans lendemain.
Publié le 28-11-2021 à 10h26 - Mis à jour le 03-12-2021 à 12h58
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Pour l'heure, c'est l'industrie du jeu vidéo en ligne qui attire les utilisateurs et les dollars. Deux exemples. D'une part, Roblox, plateforme qui attire plus de 40 millions de joueurs chaque jour et pèse près de 70 milliards de dollars en Bourse. D'autre part, Epic Games, éditeur du célèbre jeu Fortnite. Le groupe américain a levé 1 milliard de dollars en avril (neuf mois seulement après avoir levé 1,7 milliard) pour accélérer, dixit Epic Games, "la création d'expériences sociales connectées." Autrement dit, il s'agit de créer un métavers où les utilisateurs peuvent interagir sous forme d'avatars et vivre toute une série d'expériences dans le registre du divertissement (comme assister à un concert virtuel du rappeur Travis Scott). En 2020, Fortine aurait attiré 350 millions de gamers (ados et jeunes adultes, essentiellement) !
Avec de tels chiffres, les métavers ont, très clairement, vocation à devenir les "vaches à lait" de leurs heureux propriétaires. Encore faut-il que ceux-ci trouvent le business model qui parviendra à monétiser les cohortes d'utilisateurs. À la question de savoir comment Facebook prévoyait de monétiser son futur métavers, Andrew Bosworth, promu très récemment au poste de chief technology officer (CTO) de Meta, avait botté en touche en répondant, début novembre, aux questions de journalistes spécialisés en tech : " Nous ne nous concentrons pas là-dessus pour le moment." Certes, le chantier ne fait que commencer et il va engloutir plusieurs milliards de dollars. Mais, à un horizon encore indéterminé, ces investissements sont appelés à générer des revenus très juteux. "Il s'agira d'une économie à l'échelle de l'humanité", avait encore confié Andrew Bosworth , "avec des échanges de biens et services numériques qui seront bien plus importants que ce que représente l'Internet aujourd'hui."
"Comme un Disneyland permanent"
Juan Bossicard, spécialiste belge des technologies immersives, compare le métavers à une sorte de "Disneyland permanent", où cohabitent des joueurs et des développeurs. Une fois dans le parc, les joueurs peuvent accéder, gratuitement ou non, à toute une panoplie d'expériences créées par des communautés de développeurs, qui sont, eux-mêmes, rémunérés par le propriétaire du parc.
Transposé au monde virtuel, cet écosystème va se traduire par des micro-transactions (payées, dans certains cas, en cryptomonnaies) - comme l’achat d’accessoires, la personnalisation des avatars, l’accès à des contenus ou des espaces premium, etc. - sur lesquelles les propriétaires des métavers vont prélever leur dû.
La publicité devrait aussi jouer un rôle central dans les métavers, comme c'est le cas sur Internet et les réseaux sociaux. "Dans le monde de la VR, on en sait encore beaucoup plus sur le profil et les comportements des utilisateurs", explique Juan Bossicard . "Grâce à un système de tracking visuel intégré aux casques VR, on peut mesurer ce que l'utilisateur a effectivement regardé et comment il a réagi." Du pain bénit pour les annonceurs !
Comme troisième source de revenus, on a les casques et les lunettes de réalité virtuelle, outils indispensables pour profiter pleinement des métavers. Et, sur ce point, il est évident que Facebook (avec son Oculus Quest 2 et ses lunettes connectées développées en partenariat avec Ray-Ban) ou Microsoft (avec son casque de réalité augmentée HoloLens) bénéficient d’un sérieux atout par rapport à leurs concurrents.