Tension maximale sur la Catalogne

Paco Audije, Correspondant à Madrid
People leave the Catalan National Assembly (ANC) headquarters carrying boxes in Barcelona on September 22, 2017. Spain's conservative government has dealt a serious blow to Catalonia's plans to hold an independence referendum but it faces growing indignation in the region, which is closing ranks on Madrid. Following the arrest of 14 Catalan government officials and the seizure of nearly 10 million ballots, Catalonia's vice president Oriol Junqueras acknowledged that the referendum slated for October 1 was compromised. / AFP PHOTO / Josep LAGO
People leave the Catalan National Assembly (ANC) headquarters carrying boxes in Barcelona on September 22, 2017. Spain's conservative government has dealt a serious blow to Catalonia's plans to hold an independence referendum but it faces growing indignation in the region, which is closing ranks on Madrid. Following the arrest of 14 Catalan government officials and the seizure of nearly 10 million ballots, Catalonia's vice president Oriol Junqueras acknowledged that the referendum slated for October 1 was compromised. / AFP PHOTO / Josep LAGO ©AFP

Vendredi matin, des étudiants ont occupé l’université de Barcelone. Les personnes emprisonnées à Barcelone le 20 septembre ont été remises en liberté. Toutefois, tant Josep María Jové, numéro 2 de la vice-présidence de la Generalitat (gouvernement catalan), que les 13 personnes interpellées restent inculpées de prévarication, malversation et désobéissance. Le juge n’a pas ajouté la charge de délit de "sédition" qui aurait pu le contraindre à expédier l’affaire vers le Tribunal supérieur de justice de Catalogne (TSJC). Jové était responsable de l’organisation du référendum du 1er octobre annulé par le Tribunal constitutionnel. Il faisait aussi partie de la nouvelle Sindicatura Electoral (SE, autorité électorale catalane) considérée comme hors la loi par les juges.

Le Tribunal constitutionnel (TC) a imposé aux membres de la SE une amende de douze mille euros par jour - six mille pour les moins importants - s’ils ne renoncent pas à leurs activités. Le président Carles Puigdemont a donc préféré remercier Jové avant qu’il sorte de prison. "C’était la manière de le protéger, mais Jové garde toute notre reconnaissance", a déclaré le porte-parole de Puigdemont. Au moins, un autre membre de la SE a préféré démissionner face à cette menace avant que la Generalitat n’invite tous les membres de la SE à suivre ce mouvement.

Des milliers de manifestants ont passé la journée devant le TSJC mais aussi devant un autre tribunal dans la banlieue de Barcelone. Les protestataires ont organisé un camp avec des dizaines de tentes. Les chants d’"Els segadors" (Les faucheurs, hymne de Catalogne) et d’autres chansons de résistance étaient entendus. Vendredi, des centaines d’étudiants ont occupé l’université de Barcelone tout en organisant des débats en permanence. Mais l’atmosphère n’a pas toujours été aussi bon enfant.

Jeudi, vers minuit, le juge Ramírez Sunyer a appelé le chef des mossos (policiers catalans) pour qu’ils protègent la Garde civile et la secrétaire du tribunal qui restaient bloquées à l’intérieur du ministère (régional) de l’Economie. Des milliers de manifestants "assiégeaient" l’immeuble. Quatre voitures de la Garde civile ont été sérieusement endommagées et il a fallu plusieurs charges des mossos pour que les personnes retranchées dans l’immeuble puissent enfin sortir.

Ensuite, le procureur a présenté une accusation de "sédition" contre Jordi Sánchez et Jordi Cuixart, dirigeants des deux principales associations pro-indépendance, l’Assemblée nationale de Catalogne (ANC) et Òmnium culturel (OC). L’infrastructure du référendum semble touchée mais, selon le président Puigdemont, pas complètement coulée.

Dialogue possible dès le 2 octobre

A travers ses ministres, le chef de gouvernement Mariano Rajoy envoie des messages à Carles Puigdemont pour dialoguer après le 1er octobre. Une discussion qui inclurait un nouveau financement pour la région autonome. Mais Madrid met une condition pour parvenir à ce cycle de discussion : l’arrêt des préparatifs du référendum en Catalogne.

Côté sécuritaire, des forces de l’ordre ont été envoyées en renfort dans la région, tandis qu’on suggère que les "mossos" pourraient être mis sous l’autorité directe de Madrid. Le ministre de l’Intérieur l’a démenti. Entre-temps, le mystère reste entier sur les endroits où la Generalitat conserve ses urnes. Au siège de l’Assemblée nationale catalane, on a vu les militants sortir des cartons prévenant une possible perquisition.

Podemos rassemble les pro-référendum

Le député Pablo Iglesias, secrétaire général de Podemos (gauche alternative), a organisé ce week-end une assemblée d’élus pour le référendum catalan et contre "la dérive répressive". L’événement devait avoir lieu en Aragon - à l’ouest, mais près de la Catalogne - dans une résidence d’étudiants qui dépend d’une autorité de la province de Saragosse. L’institution concernée (Diputación Provincial de Zaragoza) a décidé de refuser la demande d’utilisation du local public. Juan Antonio Sánchez Quero, président de la DPZ, a déclaré qu’il n’accepterait pas d’accueillir "cet acte anticonstitutionnel". Une aigre controverse a surgi : Quero appartient au PSOE (parti socialiste) qui gouverne avec Podemos la région aragonaise (frontalière et avec de nombreux liens avec la Catalogne). PSOE et Podemos sont aussi alliés dans la mairie de Saragosse (capitale d’Aragon), où le bourgmestre, Pedro Santisteve, est un élu Podemos. Et Santisteve est annoncé comme orateur dans cette assemblée qui compte sur la présence d’élus indépendantistes catalans et du Parti nationaliste basque (PNV). Finalement, la réunion aura lieu dans un lieu privé, selon les organisateurs de ce "sommet pro-référendum".

Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...