Les JO d'Anvers en 1920, les Jeux de la réconciliation
Il y a un siècle, Anvers accueillait les Jeux de la VIIe Olympiade.
Publié le 19-08-2020 à 16h17
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Après Stockholm, en 1912, l’histoire des Jeux d’Anvers commence le 23 juin 1914. Ce jour-là, lors du sixième Congrès du Comité international olympique (CIO) à Paris, Pierre de Coubertin enregistre deux candidatures pour l’organisation de l’édition 1920, Anvers et Budapest, alors que celle de 1916 a été confiée à… Berlin. La déclaration de guerre de l’Allemagne à la France, le 3 août 1914, bouleverse tout. La Première Guerre mondiale met le sport entre parenthèses.
Une fois le conflit terminé, le sport reprend ses droits et, le 5 avril 1919, le Comité international olympique, réuni à Lausanne, désigne la métropole belge aux dépens de la capitale hongroise, l’Empire austro-hongrois ayant été un allié de l’Allemagne. Notre pays est récompensé pour ses "efforts de guerre" : Anvers, durement touchée par les troupes allemandes, est un symbole d’une Belgique dont la neutralité a été bafouée.
Contre l’avis de Pierre de Coubertin, à l’époque président du CIO, l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie, la Bulgarie et la Turquie sont exclues, par le Comité d’organisation, de ces Jeux de la VIIe Olympiade de l’ère moderne, "célébrés" du 14 août (jour de la cérémonie d’ouverture, mais des compétitions ont débuté dès le 2 août) au 12 septembre 1920. La Russie, devenue Union soviétique, refuse, elle, de s’aligner aux "Jeux des petits bourgeois".
Parmi les nouveaux États européens, seule l’Estonie participe, alors que la Yougoslavie remplace la Serbie, et la Tchécoslovaquie, la Bohème. Et, parmi les nouvelles nations, on note la première participation de Monaco, du Brésil et de la Nouvelle-Zélande, qui, jusque-là, s’alignait avec l’Australie.
29 nations, 22 sports
Vingt-deux sports pour un total de 154 épreuves composent le programme des Jeux d’Anvers, avec deux sports… d’hiver, le patinage artistique et le hockey sur glace, dont les compétitions se déroulent… fin avril 1920. Ces deux disciplines intégreront les Jeux d’hiver en 1924.
Parmi les sports, le tir à l’arc a lieu pour la dernière fois avant sa réapparition en… 1972, à Munich. De même, il s’agit de la dernière programmation de la lutte à la corde. Enfin, le korfbal, discipline proche du basket-ball dans laquelle la Belgique et les Pays-Bas se défendent très bien, est en démonstration.
Le Comité d’organisation concentre un maximum d’épreuves au Stade olympique du Beerschot, construit pour l’occasion et théâtre de sports comme l’athlétisme, le football, le rugby et la gymnastique. La piste est l’œuvre de Charles Perry, premier spécialiste mondial des pistes d’athlétisme, entourée d’une enceinte d’une capacité de quelque 35 000 spectateurs. D’autres épreuves ont lieu à l’intérieur, mais aussi à l’extérieur d’Anvers, comme à Bruxelles pour l’aviron et à Ostende pour la voile.
Drapeau et serment
Deux symboles olympiques apparaissent à l’occasion des Jeux d’Anvers : le drapeau olympique, imaginé par le baron de Coubertin lui-même, et le serment olympique, prêté pour la première fois par un sportif lors de la cérémonie d’ouverture. Cet honneur revient à l’escrimeur belge Victor Boin, qui prononce, en ce jour historique, les mots suivants : "Nous jurons de prendre part aux Jeux olympiques en compétiteurs loyaux, d’observer scrupuleusement les règlements et de faire preuve d’un esprit chevaleresque pour l’honneur de nos pays et pour la gloire du sport."
Vingt-neuf nations, dont 18 européennes, sont présentes pour un total de 2 626 sportifs, dont… 65 femmes. Parmi eux, deux stars : le Finlandais Paavo Nurmi et la Française Suzanne Lenglen, qui laisseront leur nom à la postérité, en athlétisme et en tennis.
Sur le plan belge, on retiendra celui de l’archer brabançon Hubert Van Innis, lequel a décroché six médailles, quatre d’or et deux d’argent !