Le surprenant rapprochement entre Mathieu Michel et Zakia Khattabi
Alors que leurs partis se tirent dessus à longueur de journée, l’écologiste et le libéral ont développé une sympathie inattendue.
Publié le 06-02-2023 à 10h04
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Entre Ecolo-Groen et le MR, les relations ont tendance à virer à l’amour-haine. Les deux formations semblent adorer se détester et leurs plus illustres représentants ne manquent jamais une occasion de le rappeler.
Le président Georges-Louis Bouchez et ses troupes se délectent à pourfendre les initiatives progressistes des écologistes en les taxant de lubies wokistes sorties de l'imaginaire bisounours. De l'autre côté, Jean-Marc Nollet, Rajae Maouane et les factions vertes répliquent avec des salves de "parti des riches" qui fricoterait avec l'idéologie d'extrême-droite.
Ce conflit prend parfois des tournures plus personnelles, comme lorsque le MR se mobilise contre la nomination de Zakia Khattabi à la Cour constitutionnelle ou quand Jean-Marc Nollet vole dans les plumes de Bouchez à la moindre interview.
Au sein du gouvernement fédéral, Zakia Khattabi est également en conflit presque ouvert avec David Clarinval (MR), notamment sur la question de l’usage des pesticides.
Sur de nombreux aspects, les deux partis semblent irréconciliables, mais cela n’empêche certaines de leurs plus éminentes figures de nouer des ententes très chaleureuses. On savait que les Picards Jean-Marc Nollet (Ecolo) et Jean-Luc Crucke (MR) entretenaient une amitié sincère et profonde. On sait maintenant que Zakia Khattabi (Ecolo) et Mathieu Michel (MR) sont devenus de très bons collègues.
Les deux membres de la Vivaldi ne sont pas encore au point de vouloir partir en vacances ensemble. Mais une destinée commune et solitaire au sein de la formation fédérale a rapproché la ministre du Climat et le secrétaire d'État au Numérique. Comme deux élèves au fond de la classe, les deux mandataires se sont rapprochés lors des conseils des ministres où leur participation était moins requise. "J'ai appris à découvrir Mathieu, nous confie Zakia Khattabi. C'est quelqu'un de vraiment très sympathique."
Là où les matières des vice-Premiers et des ministres en vogue font l’objet de claquages de porte, de coups de poing sur la table et de déclarations tonitruantes, les compétences de Khattabi et du frère Michel sont évoquées sans remous ni fracas. Les sujets plus "sexy" comme le budget, l’énergie, les pensions, la sécurité ou la fiscalité font l’objet de positionnements radicaux qui débordent dans la presse comme la cristallisation des divergences les plus profondes. À l’inverse, les notions climatiques ou numériques sont bien moins souvent évoquées.
À croire qu'il faudrait provoquer des polémiques pour tourner le projecteur sur leurs actions. Au printemps 2022, le geek de Jodoigne annonce l'arrivée d'une carte d'identité virtuelle. Une mauvaise lecture médiatique amène à croire que le cadet des Michel souhaite concurrencer Itsme avec un nouveau système d'identification numérique détenu par l'État. "Les seules fois où on parle de mon travail, c'est pour en dire du mal", analyse avec ironie Mathieu Michel.
Souvent malmené par la presse, réduit à une caricature de népo-baby placé grâce à son nom, le libéral doit batailler pour être pris au sérieux. Souvent ignorée par la presse, attaquée par la droite sur ses private jokes, la "Baronne" des écologistes doit batailler pour ne pas être invisibilisée.
C'est dans ce triangle des Bermudes de l'existence politique que les deux élus ont développé cette relation d'amitié. "Mathieu a énormément de second degré", souligne Zakia Khattabi. "On trouve des gens bien partout", réplique l'intéressé. "Même au MR."