À la Mostra de Venise, la Belge Fien Troch a été très applaudie pour “Holly”
Ce jeudi après-midi, la cinéaste flamande Fien Troch faisait son retour sur le Lido, sept ans après “Home”, en dévoilant en Compétition un drame envoûtant sur l’adolescence.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/5fe4e627-8f76-40cd-8b84-1471638c0a7a.png)
- Publié le 07-09-2023 à 18h11
:focal(2899x1941:2909x1931)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/JBATWZI6SRD2TFHX5WQFGYMJSM.jpg)
Deuxième film belge sélectionné à la 80e Mostra de Venise après Quitter la nuit de Delphine Girard (présenté mardi aux Giornate degli Autori), Holly a fait son entrée en Compétition ce jeudi après-midi. Et le moins que l'on puisse écrire, c'est que Fien Troch a su séduire le Lido avec un drame en apesanteur sur l’adolescence.
Holly (Cathalina Geraerts) est une jeune fille de 15 ans. À l’école, on se moque d’elle, on l’appelle “la sorcière”. Son seul ami, hormis sa grande sœur, est Bart (Felix Heremans), un gamin souffrant de retard mental. Un jour, Holly appelle l’école pour dire qu’elle ne viendra pas aujourd’hui; elle a un mauvais pressentiment… Quelques heures plus tard, l’établissement est en flammes. Neuf mois après cette tragédie, qui a coûté la vie à 10 élèves, Holly intrigue Anna (Greet Verstraete). L’enseignante est persuadée que l’adolescente a le pouvoir d’aider les gens. Elle l’invite donc à rejoindre un groupe de bénévoles venant en aides aux parents des victimes de l’incendie, mais aussi aux plus démunis, aux réfugiés…
Une longue absence
Il y a sept ans, Fien Troch décrochait le prix de la mise en scènes aux Orizzonti à Venise pour son formidable Home, qui empochera par la suite le Magritte du meilleur film flamand. Son retour sur le Lido, la cinéaste flamande l’a fait en Compétition officielle avec un film très différent formellement, mais qui charrie les mêmes thèmes. Dans son film précédent, elle dressait portrait d’une jeunesse flamande déboussolée, en grappillant des instants volés du quotidien d'adolescents plongés dans un vide existentiel, sans idéaux et inquiets pour l’avenir. Les personnages d’Holly sont, eux aussi, perdus, en quête de sens…
Dans son cinquième long métrage, Fien Troch décrit, très concrètement, la naissance d’une sainte, en montrant comment sa jeune héroïne se met elle-même à croire à ses pouvoirs, à mesure qu’on la remercie sincèrement pour son aide, alors qu’elle se contente de prendre les gens dans les bras, de les écouter... Rapidement, Holly comprend également le bénéfice qu’elle peut retirer de ce nouveau statut, qui lui permet de changer dans le regard des autres et qui lui apporte donne confiance en elle. Sans parler de la contrepartie financière qu’elle peut obtenir lors de ses séances de réconfort. Mais tout cela ne va pas sans jalousie… Notamment dans le chef de cette prof qui pense avoir “découvert” Holly et qui a du mal à la voir s’émanciper…

Le pouvoir de l’amour
Si Fien Troch met magnifiquement en scène cette quête désespérée du bonheur chez ses personnages, ce besoin de réconfort et d’espoir, Holly est tout sauf l’apologie d’une sainte. Porté par la bande originale inspirée de Johnny Jewel et par le montage savant de Nico Leunen (le mari de la cinéaste), le film conserve sans cesse une part d’ambiguïté sur son héroïne, passée du statut de sorcière à celui de sainte, et sur ses prétendues capacités, émanant littéralement du pouvoir de la bienveillance et de l’amour.
C’est que Fien Troch la joue volontairement profil bas. Son film ne verse jamais du côté du fantastique ou du grandiloquent. Au contraire, il reste toujours ancré dans le réel, dans la banalité de la vie quotidienne. La cinéaste garde en effet les pieds sur terre pour mieux interroger notre besoin de croyance, de transcendance, tout en signant le très beau portrait d’une adolescente qui accepte sa différence.

Holly Drame Scénario et réalisation Fien Troch (d’après une idée de Nico Leunen) Photographie Frank Van Den Eeden Musique Johnny Jewel Montage Nico Leunen Avec Cathalina Geraerts, Felix Heremans, Greet Verstraete, Serdi Faki Alici… Durée 1h42