Violences conjugales et féminicides: tuées par leurs conjoints alors que tout le monde savait
Régulièrement, les médias relaient les histoires tragiques de femmes tuées par leur mari, leur conjoint ou un ex-partenaire. Ce fléau de la violence conjugale est, certes, planétaire mais la Belgique est particulièrement touchée. Il y a eu 37 féminicides l’an dernier, soit pratiquement deux fois plus qu’en France proportionnellement au nombre d’habitants. Un sujet retracé par "Devoir d’enquêtes", sur La Une, à 20h20. (...)
Publié le 25-09-2019 à 09h13
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"Devoir d’enquêtes" propose un sujet sur les féminicides. La Une, 20h20.Régulièrement, les médias relaient les histoires tragiques de femmes tuées par leur mari, leur conjoint ou un ex-partenaire. Ce fléau de la violence conjugale est, certes, planétaire mais la Belgique est particulièrement touchée. Il y a eu 37 féminicides l’an dernier, soit pratiquement deux fois plus qu’en France proportionnellement au nombre d’habitants.
Pour Devoir d’enquêtes, Anne-Catherine Croufer et Bernadette Saint-Rémi signent Femmes sous emprise pour dévoiler les histoires tragiques et les failles qui se cachent derrière ces statistiques. Les réalisatrices ont eu le mérite d’obtenir des témoignages forts même si la musique triste sur les interviews et certaines reconstitutions un peu grossières n’étaient pas forcément nécessaires vu la gravité du sujet.
Deux histoires similaires
Elles interrogent, d’abord, les proches de deux femmes tuées de manière similaire à quelques mois d’intervalle. Emine Yagmur (33 ans de Herstal) et Valérie Leisten (44 ans de Moresnet-Chapelle) ont été poignardées à mort par leur ex-compagnon respectif. Dans les deux cas, leur mère a été tuée. Dans les deux affaires, certains proches, des voisins, la police et la justice étaient au courant du danger et, pourtant, personne n’a été capable de les en éloigner. "La seule réponse que j’ai eue de l’inspectrice, c’est ‘tant qu’il ne vous a pas touché, on ne peut rien faire’" , explique ainsi Clémentine.
Le témoignage courageux de cette femme égorgée, mutilée, brûlée au visage et qui s’en est sortie est très instructif. "Quelqu’un aurait peut-être dû me dire : ‘écoutez, il y a un danger, venez à tel endroit ou appelez tel numéro’, je n’étais au courant de rien et ça, c’est vraiment un grand regret."
L’Espagne pionnière
Anne-Catherine Croufer et Bernadette Saint-Rémi donnent des clés pour que les femmes en détresse (et les hommes violents notamment grâce à l’ASBL Praxis) puissent trouver de l’aide. Des refuges existent pour les accueillir mais les places sont rares : 130 lits. Interpellant alors que 40 000 plaintes par an sont déposées dans tout le pays (dont 70 % classées sans suite).
Pour apercevoir un peu de ciel bleu, il faut se tourner vers un pays pionnier en matière de lutte contre le féminicide : l’Espagne. Là-bas, les réformes de la justice (tribunaux spéciaux, rapidité des jugements, peines plus lourdes, mesures de protection des victimes) ont fait chuter le taux de féminicide de 40 % en 15 ans. Pour cela, il a fallu investir. 200 millions d’euros sont débloqués depuis 2017 chaque année.