Pierre-Frédéric Nyst (UCM) : “N’en déplaise aux syndicats, il faut généraliser les flexi-jobs”
Mémorandum en phase de validation, rentrée politique, l’UCM pose ses exigences. Et pas seulement à l’adresse des futurs gouvernements. La fédération patronale veut rentrer dans les organes de décisions liées aux formations dans l’enseignement.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/16e12df7-ddb4-42fc-bfe1-285390232bf8.png)
- Publié le 30-08-2023 à 07h20
- Mis à jour le 30-08-2023 à 08h09
L’Union des Classes moyennes (UCM) est en mode “rentrée des classes”. Ou plutôt en mode préparation du mémorandum qui atterrira prochainement sur la table des différents partis politiques, avant que ces derniers n’en décousent lors des élections de juin 2024. L’occasion de faire le point avec Pierre-Frédéric Nyst, son président.
Peut-on déjà dire que l’heure des bilans a sonné ? En tout cas, la campagne électorale semble lancée…
C’est en partie vrai. Nous aussi, on a regardé dans le rétroviseur, pour s’accorder sur notre mémorandum à adresser aux futurs gouvernements. Il y a eu des victoires parfois étonnantes. Alors que la loi de 96 sur la compétitivité des entreprises était décriée, on n’y a pas touché, et c’est heureux. Mais à côté de cela, il y a eu de vraies victoires, comme la suppression du coefficient de correction pour les pensions minimales des indépendants. Certes cela prendra du temps, mais les pensions des indépendants rejoindront progressivement celles des travailleurs salariés. Par ailleurs, le statut d’indépendant a été soutenu. D’abord durant la crise sanitaire, et puis durant la crise énergétique, avec le chômage temporaire, le droit passerelle, notamment. La préservation de la mesure “0 coti” (absence de cotisations sociales à vie pour le premier engagement, NdlR) est importante aussi, même si les seuils ont été revus à la baisse. La réforme des aides à l’emploi et les avancées sur la formation en alternance sont aussi encourageantes. Bref, il y a du positif à faire valoir…
On sent poindre le “mais… ”
Effectivement. Il reste du pain sur la planche, on ne peut pas se contenter de regarder en arrière. On est tous restés sur notre faim concernant la réforme fiscale et la baisse des charges sur le travail ; il faudra sans doute aussi retravailler le dossier des pensions pour assurer à l’avenir la viabilité financière du régime des retraites. Mais par-dessus tout, il me semble clair que le focus de la prochaine législature doit être placé sur les PME, qui représentent 90 % du tissu économique belge. Parce que tout le monde le dit, mais personne ne le fait.
Il me semble clair que le focus de la prochaine législature doit être placé sur la PME, qui représente 90 % du tissus économique belge. Parce que tout le monde le dit, mais personne ne le fait.
Cela veut dire quoi plus concrètement ?
Par exemple d’adapter le cadre du régime du travail. On autorise bien les absences sans certificat, on devrait alors pouvoir discuter avec les travailleurs sans passer par la case syndicale dans les PME. Cela veut aussi dire que l’on devrait une fois pour toutes déplafonner le mécanisme des heures supplémentaires. Il y en a qui veulent vraiment travailler le dimanche. On voudrait aussi pouvoir comptabiliser en heures plutôt que jours les périodes de vacances. Bref, on veut un cadre plus moderne, plus flexible, moins formel, qui réponde à la fois aux aspirations des patrons de PME que des gens qui y travaillent, en bonne intelligence. On ne devrait d’ailleurs plus parler d’horaires de travail, mais de plages de travail. La flexibilité du marché du travail, ce n’est pas une injure…
On va aussi inévitablement retomber sur la question des métiers en pénurie, qui concerne beaucoup de PME…
Oui. C’est une priorité. Mais cela passe parfois par de “petites” choses, comme en matière de transport. Du côté des demandeurs d’emploi, 50 % n’ont pas le permis, ce n’est pas normal. Des mesures ont été prises, comme le “passeport drive” en Région wallonne, mais cette question de la mobilité est cruciale, et doit faire l’objet d’un accord interfédéral. Il y a un vrai souci de mobilité chez nous. Cela dit, lutter contre les problèmes de main-d’œuvre passe aussi par des dizaines d’autres axes, par une réduction d’au moins 15 % des charges sur le travail, par des incitants pour les gens qui veulent travailler plus, pour les pensionnés qui veulent travailler après la retraite, par de meilleures formations – à cet égard, il faudra suivre les effets de la réforme de l’accompagnement des demandeurs dans le nouveau contrat de gestion du Forem. N’en déplaise aux syndicats, je pense aussi que la généralisation des flexi-jobs (NdlR : le flexi-job est une forme d’emploi, qui permet à un travailleur déjà occupé auprès d’un ou plusieurs autres employeurs, d’exercer un emploi à des conditions avantageuses auprès d’un employeur) serait opportune. Il faut élargir les flexi-jobs à de nouveaux secteurs et vers les indépendants à titre principal. Enfin, je l’ai déjà évoqué, la défiscalisation des heures supplémentaires réalisées sur base volontaire, et avoir une vraie stratégie de migration économique.