Dans la bataille autour du référendum catalan, les Mossos entrent en scène
- Publié le 25-09-2017 à 11h55
- Mis à jour le 25-09-2017 à 11h58
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Le quotidien "El Pais" détricote les arguments historiques des indépendantistes catalans.Les Mossos (policiers catalans) sont au cœur de la dernière bataille autour du référendum de Catalogne. Le procureur supérieur de cette province a désigné un colonel de la Garde civile - qui dépend donc du ministère de l’Intérieur espagnol - comme "coordinateur" de tous les corps de police déployés dans la région. "C’est inacceptable", a répliqué Joaquim Forn, ministre catalan de l’Intérieur. La direction des Mossos a répondu aussi "ne pas être d’accord", mais en ajoutant son "respect scrupuleux des décisions des juges et des procureurs". Face à cette nouvelle tension, lors d’un meeting, Carmen Forcadell, présidente du parlement catalan, a accusé le gouvernement espagnol de vouloir provoquer une réponse violente des Catalans et d’agir "comme la dictature franquiste".
L’histoire nationale est devenue un argument fréquemment utilisé dans cette crise. Et les grands médias, à Madrid comme à Barcelone, s’y engouffrent de manière plutôt militante. Le quotidien "El Pais" a surpris ce dimanche par la publication (en une et sur plusieurs pages intérieures) d’un dossier titré "Mythes et mensonges de l’indépendantisme". Ses signataires sont le politologue José Ignacio Torreblanca (devenu chef d’opinion du journal) et Xavier Vidal-Folch (Catalan, analyste significatif d’"El Pais").
Leçon d’histoire
Devant la version indépendantiste, qui proclame que le 11 septembre a été la date choisie comme fête nationale catalane parce que à cette date, en 1714, les troupes du roi d’Espagne ont vaincu la résistance de Barcelone et ensuite "aboli les libertés catalanes", ces deux journalistes répondent : c’était une guerre européenne, autour de l’héritage de la Couronne d’Espagne, "une guerre internationale des francophiles contre pro-autrichiens", puisque le petit-fils de Louis XIV (devenu Felipe V, premier Bourbon d’Espagne) et Charles d’Autriche, étaient les deux candidats à la succession de la Couronne. Pour eux, c’est un mensonge historique de parler "de guerre d’une nation contre une autre". Et quand les indépendantistes accusent la Constitution espagnole (de 1978) d’être "hostile à la Catalogne", Folch et Torreblanca rappellent que la grande majorité des Catalans a approuvé cette Constitution (91 % du vote, avec une participation de 68 % dans la région) à travers laquelle la Catalogne a obtenu sa plus grande autonomie historique. Autre rappel d’"El Pais" : parmi les sept "pères" politiques de la Constitution, il y avait deux grands dirigeants catalans. Et si les indépendantistes accusent leur autonomie d’être "une faillite" qu’il faudrait dépasser, Folch et Torreblanca répondent : le statut de la Catalogne a produit la récupération de l’usage du catalan et une coresponsabilité fiscale de la région.
Pourtant, les deux auteurs reconnaissent que la politique du PP (droite) au gouvernement, et les arrêts du Tribunal constitutionnel, ont impulsé "des revers" contre le statut catalan. Mais ils insistent sur la continuité de la décentralisation de l’Espagne, reconnue internationalement. Les calculs économiques des indépendantistes sont aussi contestés - cas par cas - et "El Pais" rappelle - qu’en cas d’indépendance - la Catalogne devrait sortir de l’UE : pas de possibilité de "scène de séparation idyllique", écrivent les deux hommes.