L'attention accordée par Frank Vandenbroucke à certains experts "plus radicaux" dérange: "C'est un problème"
Yves Coppieters, épidémiologiste à l’ULB, juge qu’un ministre de la Santé ne peut se contenter de relayer la parole de l’expert.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/460c5baa-45dd-413e-bdda-a0279d78bd5c.png)
Publié le 28-01-2021 à 09h40 - Mis à jour le 04-02-2021 à 11h25
:focal(1275x645:1285x635)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/HHNS7ZCRFNHUNJHIGPH33J5GJQ.jpg)
L’influence de certains experts sur le ministre de la Santé est jugée excessive par certains de leurs collègues. "Le ministre est influencé par les experts du Gems, mais comme dans tous les groupes, même s’ils sont 24, il n’y a que quelques personnes à la manœuvre. C’est toujours Marc Van Ranst et Erika Vlieghe et des gens qui gravitent autour de l’Université d’Anvers, de Hasselt, un peu de Gand, pointe Yves Coppieters, épidémiologiste et professeur de santé publique à l’ULB. Ces gens sont de très bons experts mais ils ne sont pas représentatifs de la vision des experts sur l’ensemble du pays. Ils sont plus radicaux, avec des discours beaucoup plus anxiogènes, toujours dans la perception du scénario du pire. Cela met systématiquement une pression supplémentaire sur les décisions. C’est une stratégie réfléchie qui est utilisée et que le ministre entend."
Yves Coppieters pointe le manque de diversité des avis. "Un médecin veut protéger le système de santé, un virologue montrer qu’il ne se trompe pas trop sur le virus, l’épidémiologiste que ses modèles prédictifs vont être justes. Leur scénario du pire est systématiquement proportionnel à leur discipline, mais ils ne sont jamais dans une vision plus globale. Or, un ministre de la Santé ne peut rester dans la vision parcellaire et se contenter de relayer la parole de l’expert. C’est un problème car son rôle, c’est d’avoir une vision sociétale plus large, globale, ajoute-t-il. Les choses ne peuvent plus être centrées uniquement sur la lutte contre le virus. On pouvait admettre cette vision purement sanitaire dans la première vague et au début de la seconde. Pas au bout d’un an. Si la stratégie n’évolue pas, la société va s’écrouler. On ne peut pas se moquer des gens et faire marche arrière par rapport aux annonces qu’on fait. La population peut tenir si on lui dit : il faut tenir bon jusqu’à l’été et on sera vaccinés. S’il faut attendre toute l’année 2021, à cause d’un retard de plusieurs mois dans les vaccins, les gens ne tiendront pas. Il leur faut des perspectives."