Suspendre l’instituteur qui a montré une caricature obscène de Mahomet dans une école molenbeekoise ?
Les membres du collège de Molenbeek devront se prononcer après les vacances.
- Publié le 02-11-2020 à 23h39
- Mis à jour le 03-11-2020 à 08h49
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En plein débat sur les caricatures de Mahomet après l’assassinat terroriste de l’enseignant français Samuel Paty, l’annonce n’était pas passée inaperçue.
Jeudi soir, le collège communal de Molenbeek-Saint-Jean annonçait la mise à pied d’un enseignant de l’école 11 "Aux sources du gai savoir". La raison de cet écartement : l’enseignant a montré une caricature du prophète Mahomet publiée dans Charlie Hebdo, durant un cours de philosophie et citoyenneté consacré à la liberté d’expression.
Sur le dessin, on y voit une représentation du prophète à quatre pattes, nu, ses parties génitales à l’avant-plan. Problème ici, l’enseignant a montré le dessin devant des élèves de cinquième primaire, âgés d’une dizaine d’années.
C’est ce dernier point qui lui est reproché, justifiant par là sa mise à l’écart. " Nous pensons - c’est quelque chose qui a été partagé par l’ensemble du collège, par tous les membres - que le dessin qui a été montré est un dessin à caractère obscène qui ne devrait pas être présenté à des enfants de 10 ans ", justifiait la bourgmestre Catherine Moureaux (PS).
Pour le Mouvement réformateur, partenaire de la majorité dans la commune, la mise à l’écart adoptée jeudi dernier ne sera que temporaire, le temps d’examiner le dossier. "J e ne doute pas que l’enseignant pourra revenir, sans aucune difficulté, dans sa classe le plus rapidement possible. Dans l’état actuel de connaissance du dossier il n’est donc, à nos yeux, nullement question dans l’option prise d’une quelconque sanction !" tempère Françoise Schepmans, première échevine libérale de la commune.
Un dessin à caractère obscène
La décision demeure actuellement toujours en délibéré. En effet, lorsque le sujet fut abordé lors du collège, les membres de l’assemblée n’ont pas eu accès à l’entièreté du dossier, les privant ainsi d’une connaissance approfondie du sujet. "Après audition de l’enseignant, accompagné de son représentant syndical, ils ont opté pour le report du point afin d’apaiser les tensions, de pouvoir se donner le temps de consulter le dossier, et d’entendre les réactions du corps professoral et de la direction de l’école. Ce délai devra aussi permettre d’établir un dialogue positif entre les différents intervenants afin de lever les malentendus ", ajoute l’échevine libérale.
Plusieurs sources mentionnent un comportement problématique récurrent du professeur avec ses élèves, sans que toutefois cette information ne soit confirmée par la direction de l’école. L’enquête est toujours en cours. Cet élément apparaît toutefois décisif dans le cadre de l’affaire. Le débat, sensible, doit éviter la confusion avec la question des représentations du prophète à l’école. Pour les membres de la majorité, il est clair que l’on parle ici de l’obscénité de la caricature, que la mise à l’écart de l’enseignant, si elle est confirmée lors du prochain conseil, viserait à condamner. La décision est toutefois entrée en vigueur vendredi, soit un jour avant les vacances et la suspension de facto des cours pour l’ensemble des enseignants, poussée par une actualité brûlante.
Cette décision aurait-elle été identique si les élèves étaient âgés de 17 ans ? Sollicitée par La Libre Belgique, Catherine Moureaux n’a pas donné suite à nos demandes.