Les Cazalet à la saison des éclaircies: suite de la saga toujours captivante d'Elizabeth Jane Howard
Parution en français de l’avant-dernier volume d’une saga toujours captivante signée Elizabeth Jane Howard.
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Publié le 01-12-2021 à 14h16 - Mis à jour le 01-12-2021 à 17h06
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Lorsqu'on la lit au fil des parutions, la saga est promesse de retrouvailles. On se réjouit donc d'aborder ce Nouveau départ, chronique de la vie du clan Cazalet de 1945 à 1947 signée Elizabeth Jane Howard, quatrième volet d'une série captivante. En s'achevant en mai 1945, le précédent volume, Confusion, laissait espérer que la fin de la guerre serait synonyme de délivrance et permettrait d'envisager de nouvelles perspectives. Dans un premier temps, il n'en est rien. Londres est en ruine, la nourriture manque, des tickets sont nécessaires pour se procurer des coupons de tissus. À la suite des parents Cazalet, tous se résolvent à quitter le Sussex et la propriété d'Home Place qui avait protégé la famille pendant les bombardements, pour revenir à Londres. Chez leurs enfants, l'heure est au tiraillement. La solitude et le chagrin continuent de peser sur Hugh. Edward est écartelé entre sa femme et sa maîtresse, qui le presse de divorcer. Toujours aussi prompte à penser aux autres avant elle, Rachel s'efface encore trop. Quant à Rupert, son retour inespéré de France demeure auréolé d'un mystère pesant. Enfin, le trio de jeunes filles en fleurs constitué de Louise, Clary et Polly est à la croisée des chemins. Mariée trop jeune, Louise s'enlise dans une union sans relief, et voit son souhait de relancer sa carrière de comédienne tourner à l'aigre. Dans l'espoir d'un jour se consacrer à l'écriture, Clary est l'assistante d'un agent littéraire qui se révèle tyrannique et égocentrique. Polly, elle, trouve peu à peu sa voie dans la décoration d'intérieur.
La place accordée aux femmes
Pour autant, le titre de ce volume n’est pas gratuit. Tous vont voir leur vie évoluer, la plupart vers l’éclaircie. Certes, le processus sera parfois douloureux, nombreuses seront les ruptures, comme les moments de vérité. Mais ce quatrième et avant-dernier tome se termine sur des avancées notoires, que nous laisserons les lecteurs découvrir.

Plus encore que dans le volume précédent, Elizabeth Jane Howard offre à ses personnages secondaires une place de choix. C'est d'ailleurs souvent à travers eux que l'on apprend les grands bouleversements ou les étapes de la vie des Cazalet. Si le plus impressionnant d'entre eux demeure Archie, l'ami qui s'entend avec tous, reçoit leurs confidences et les soutient sans compter, d'autres viennent compléter un riche tableau. C'est donc en démultipliant les points de vue que l'auteure d'Une saison à Hydra permet à son intrigue d'avancer. Ce faisant, elle n'hésite pas à renouveler ses architectures d'un tome à l'autre, attentive à réveiller si besoin l'intérêt du lecteur, notamment celui qui enchaînerait les épisodes.
S'adapter
Toujours préoccupée par ce qu’elle connaît sans doute le mieux, la romancière anglaise nous permet encore de suivre l’évolution de la place et du rôle accordés aux femmes dans la société anglaise de l’immédiat après-guerre. Que peut-on attendre quand on a cinquante ans et qu’on est abandonnée par son mari ? Que peuvent espérer les jeunes femmes du retour de la paix ? Le tout en parallèle à une fine exploration des différentes réalités que recouvre le mariage. Une nouvelle fois, sous la plume gracieuse et alerte d’Elizabeth Jane Howard (1923-2014) se dessinent avec une grande finesse psychologique des destins forcés ici de continuellement s’adapter.
Après avoir écrit les quatre premiers tomes dans un même élan, elle attendit dix-huit ans avant de s'attaquer au dernier. À nonante ans, Elizabeth Jane Howard a dû considérer qu'elle ne pouvait abandonner les Cazalet sans clore leur histoire. La fin d'une ère est attendu en français courant 2022.
- ★ ★ ★ Elizabeth Jane Howard | Nouveau départ (La saga des Cazalet IV) | roman | traduit de l'anglais par Cécile Arnaud | La Table Ronde | 600 pp., 24 €, version numérique 17 €
EXTRAIT
"Voilà comment l'histoire avait commencé, une éternité plus tôt, lui semblait-il à présent. Ils s'étaient en effet revus le lendemain: il l'avait invitée à dîner au restaurant, mais la soirée n'avait pas été un succès - elle l'avait trouvé différent, nerveux, préoccupé et mal à l'aise. L'ambiance s'était un peut allégée quand, après qu'un serveur autoritaire eut tenté de les pousser à choisir un plat qu'ils ne voulaient ni l'un ni l'autre et fut reparti en boudant, il l'avait soudain imité - ses épaules menaçantes, son air supérieur et son accent - de manière si juste qu'elle avait éclaté de rire."