"Nous sommes un pays relativement sismique et actif": la Belgique n’est pas à l’abri d’un tremblement de terre important
En 2022, près de cent (petits) séismes naturels ont été mesurés en Belgique. Si la grande majorité n’est pas ressentie par la population, notre pays reste relativement actif d’un point de vue sismique.
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- Publié le 12-09-2023 à 07h41
- Mis à jour le 12-09-2023 à 10h00
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Le bilan humain continue de s’alourdir au Maroc suite au séisme dévastateur survenu dans la région de Marrakech. Le bilan provisoire du violent tremblement de terre qui a frappé vendredi une région au sud-ouest de la cité touristique de Marrakech au Maroc est monté à 2.497 morts, a annoncé lundi le ministère de l’Intérieur.
Si ce séisme du 8 septembre a surpris tout le monde, c’est avant tout par son ampleur. “Beaucoup de sismologues ont été surpris par la puissance de ce séisme, assure Fabienne Collin, Sismologue à l’Observatoire royal de Belgique. Le Maroc est une zone qui connaît beaucoup de tremblements mais surtout dans le nord du pays et donc beaucoup moins dans la chaîne de l’Atlas où cela s’est produit. C’est moins probable que ça se produise dans cette région, personne ne s’y attendait”.
En Belgique, un des plus grands séismes enregistrés a été celui de Verviers en 1692"
Le Maroc connaît des zones d’activités sismiques mais un tremblement de terre d’une telle amplitude dans la région de Marrakech est plus surprenant. Plusieurs sismologues expliquent également qu’avec des séismes de cette puissance-là, on doit se préparer avoir des répliques pendant des jours, des semaines. “Nous avons déjà observé des répliques au séisme dans la région, note-t-elle. C’est un risque qui existe pendant plusieurs semaines après le choc principal. Mais statistiquement, au plus les jours passent et au plus les risques vont aller en s’atténuant, l’amplitude devrait donc être moins forte. Durant un certain temps, on va assister à un réajustement de la faille originelle qui va provoquer des tensions dans la zone concernée”.
“Sur le terrain, le plus dur commence, avance Fabienne Colin. À côté du risque de réplique, il y a les bâtiments fragilisés qui menacent de s’effondrer, d’autant plus que les constructions dans ces villages sont vulnérables et peu préparées, c’est une période critique qui commence. L’accès aux sinistrés est également périlleux, il y a des chemins détruits, des ponts qui sont abîmés et les équipes de secours doivent prendre de nombreuses précautions pour arriver sur place”.
La Belgique à l’abri ?
D’ailleurs, en Belgique, pourrait-on connaître des épisodes comparables ? “Nous sommes un pays relativement sismique et actif de par notre position au bord du “Graben du Rhin”, explique l’experte. On est sur une des berges du Rhin, ce qui fait que quand une faille bouge, on le ressent jusque chez nous. Au XVIIe siècle, il y avait eu notamment un gros tremblement de terre à Verviers (NdlR ; nous avons déjà connu une magnitude historique supérieure à 6 en 1692)”.
Le Graben du Rhin est en effet la zone d’effondrement central du système du Rhin inférieur. Appelé aussi le fossé rhénan, il représente une dépression d’orientation nord-nord-est/sud-sud-ouest s’étalant de Bâle à Francfort-sur-le-Main, sur plus de 300 km pour une largeur maximale de 40 km.
La ville de Verviers est également considérée comme une zone “à risques” étant donné qu’il y a la plus grande faille sismique connue de Belgique, tout comme celle de Mons est aussi concerné.
“Historiquement, il y a eu aussi des tremblements de terre au niveau de la mer du Nord, nous ne sommes donc pas à l’abri en Belgique même s’ils ne seront sûrement pas aussi forts que ce qui vient de se produire au Maroc, rassure Fabienne Colin. Chez nous, certains bâtiments respectent le nouveau code européen pour se protéger des activités sismiques mais pour les particuliers et d’un point de vue individuel, il n’y a aucune obligation en termes de structures parasismiques. Dans certaines villes et villages, il n’est donc pas certain que les maisons tiennent le coup si un séisme survient. Depuis 1983 et un séisme à Liège, une étude sismique a été lancée pour surveiller le territoire, on a donc un suivi assez bon de la situation. Mais en parallèle, on sensibilise au maximum les autorités et les architectes pour intégrer ce paramètre”.
L’Observatoire royal de Belgique (ORB) a capté 99 tremblements de terre naturels en 2022. Parmi ces activités sismiques localisées en Belgique ou dans les régions limitrophes, seules quatre ont été ressenties. En 2021, 257 tremblements de terre s’étaient produits en Belgique et dans ses environs. L’ORB explique ce nombre plus important par “un essaim sismique près du village allemand de Rott, à 14 kilomètres au nord-est d’Eupen.
“En Belgique, un des plus grands séismes enregistrés a été celui de Verviers en 1692 avec une magnitude de 6,5. Au Maroc, on n’avait jamais connu un séisme aussi fort, il est donc toujours difficile de se positionner. On ne sait pas quand, comment ni à quelle amplitude un tremblement de terre va survenir, il est malheureusement impossible d’anticiper ces questions”.