Geneviève Asse réputée pour ses bleus d’outremer, suscite les convoitises
Publié le 18-03-2022 à 12h13 - Mis à jour le 18-03-2022 à 14h34
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Que ne vous avons-nous déjà dit sur cette artiste admirable, cette femme de caractère qui fut résistante durant la Seconde Guerre mondiale et peintre le reste de son temps. Peintre, dessinatrice et graveuse d’exception dans les trois catégories !
Antoine Laurentin qui a, désormais, la lourde tâche de réaliser le catalogue raisonné de l’œuvre impérissable de cette grande dame des arts de la seconde moitié des XXe et XXIe siècles, n’aura pas la tâche aisée, mais l’idée de rendre ainsi un hommage personnel à cette Bretonne de cœur et d’action conforte son souci de ne pas faillir à l’entreprise.
Pourtant, rien ne sera simple pour lui et le sera encore moins dans l’exercice de nous montrer des œuvres encore et toujours. Il se fait, en effet, que tous les musées du monde souhaitent acquérir au moins une pièce à conviction de l’artiste et sa compagne, la poétesse Silvia Baron Supervielle, s’efforce en ce moment de leur donner satisfaction. Ce qui réduit d’emblée la possibilité pour un galeriste de lui consacrer des expositions d’envergure.
Dispersée aux quatre coins du monde et jusqu’à la prestigieuse collection Menil, à Houston, l’œuvre de Geneviève Asse devient ainsi un patrimoine que le public pourra admirer aux quatre coins de la planète. Et réjouissons-nous de savoir qu’à la suite de la magnifique exposition de ses livres illustrés à La Wittockiana, l’héritière ait concédé à l’institution bon nombre de ces trésors.
Des estampes rares
Profitons dès lors de l’opportunité offerte de voir encore, à Bruxelles, quelque 30 pointes sèches et aquatintes et une vingtaine d’huiles sur papier et sur toile réalisées entre 1966 et 2000.
Geneviève Asse traitait ses estampes comme des études pour de plus grandes pièces peintes et les petits tirages en font quasi des œuvres originales, l’artiste n’ayant pas rechigné à consigner des indications à leur dos.
Quant aux petites peintures, elles sont ces bijoux qui emplissent l’atmosphère de couleurs et, plus encore, de lumières. Obsédée par le ciel et la mer qui l’entouraient en son Île aux Moines, Geneviève Asse ne fut pas une artiste de la monochromie comme ses peintures bleues pourraient le suggérer.
Pensées et méditations
Elle fut celle qui consigna des souffles de vie sur ses toiles et dessins, sur ses gravures, l’infinie projection de sa pensée sur le papier ou la toile équivalant, en quelque sorte, à une espèce d’illustration de sa pensée sur son support du moment. De sa pensée, de ses méditations chromatiques.
Geneviève Asse d’ailleurs n’a pas peint que du bleu. À ses débuts, le gris l’emportait. Elle eut des épanchements en bistre et, dans ses bleus des dernières années, elle n’hésitait jamais à tracer des lignes blanches ou rouges qui confiaient des reliefs différents à ses œuvres si pures, si éternelles.
Dans l'exposition, une aquatinte, burin et pointe sèche, intitulée Cercle rouge, de 2001, démontre combien, discrète, secrète et libre avant tout, Asse pouvait se jouer des redites en combinant lignes et couleurs.
Une grande photo d’elle, au fond de la galerie, au rez-de-chaussée, donne une belle idée de cette femme d’exception aux prises avec son destin.
Geneviève Asse - Prints Art contemporain Où Galerie Laurentin, 43, rue Ernest Allard, 1000 Bruxelles. www.galerie-laurentin.com et 02.540.87.11 Quand Jusqu'au 16 avril, du mardi au samedi, de 10h30 à 13h et de 14 à 18h30.

Parution d’une monographie éditée par la galerie, 230 pages en couleurs. Textes d’Antoine Laurentin, Marie Maertens, Yves Peyré.